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Mimi au Prisunic

Angers
Le Quai
04/23/2012 -  et 25 avril (Angers), 4, 6 mai (Nantes) 2012
Giacomo Puccini : La bohème

Grazia Doronzio (Mimi), Scott Piper (Rodolfo), Julie Fuchs (Musetta), Armando Noguera (Marcello), Gordon Bintner (Colline), Igor Gnidii (Schaunard), Erick Freulon (Benoît), Eric Vrain (Alcindoro)
Chœur d’Angers Nantes Opéra, Maîtrise de la Perverie de Nantes, Orchestre national des Pays de la Loire, Mark Shanahan (direction musicale)
Stephen Langridge (mise en scène), Conor Murphy (décors et costumes), Paul Keogan (lumières), Véronique Ostini (chorégraphie)


S. Piper, A. Noguera (© Jef Rabillon)


Quand un metteur en scène s’attaque à un titre aussi populaire que La Bohème, la tentation est grande de transposer l’action dans le temps, pour imposer d’emblée une marque significative. Stephen Langridge (fils du regretté ténor Philip Langridge) avait déjà utilisé le procédé à Vienne pour un Rigoletto situé dans les années 1950, fort réussi. Dans cette production créée aux Pays-Bas en mai 2011, le metteur en scène anglais réédite l’entreprise, mais avec moins de réussite, en situant les Scènes de la vie de Bohème de Murger – revue par Giacosa et Illica – dans les années 1970. Ainsi, le décalage entre la mélancolie crépusculaire de la musique de Puccini et la modernité agressive du spectacle ne peut manquer de contrarier: transplanter la célèbre scène du café Momus dans un supermarché en plein boom des achats de Noël ou situer la barrière d’Enfer dans une décharge nous a paru bien gratuit, bien laid, et pour tout dire irrespectueusement trash. Le contraste est d’autant plus accusé que Mark Shanahan, à la tête de l’Orchestre national des Pays de la Loire, suit une direction radicalement différente. Sans chercher à réinventer Puccini, il se glisse avec délectation dans cette musique teintée à la fois de jeunesse et de nostalgie, sans jamais basculer dans le sentimentalisme.


Jean-Paul Davois a réuni une distribution jeune, possédant exactement les âges des rôles. Tous les interprètes font preuve de beaucoup de générosité et sont très plausibles physiquement. La Mimi de la soprano italienne Grazia Doronzio a de beaux élans, servis par un timbre chaleureux – quoique encore un peu vert –, et déploie de réels dons de caractérisation. Le personnage comme la voix demandent néanmoins à mûrir, mais c’est uniquement affaire d’expérience. Comme on s’y attendait, la délicieuse Julie Fuchs impose une Musetta d’une rayonnante aisance scénique et d’un rare raffinement vocal, mais éclipse du coup un peu sa consœur. Le ténor américain Scott Piper campe un Rodolfo passionné, d’une ardeur irrésistible dans l’évocation du poète amoureux et sans le sou, capable de surmonter tous les obstacles d’une tessiture exigeante. Ses «Mimi, Mimi», sur les accords de la fin, procurent les frissons attendus – même si nous les aurions préféré encore plus sonores – et évoquent même, par la somptuosité du timbre, le jeune Pavarotti. Vif et d’une arrogance toute juvénile, le baryton argentin Armando Noguera forme un couple très réussi avec Julie Fuchs, tous deux ayant un physique particulièrement avantageux. Enfin, si Igor Gniidi campe un excellent Schaunard, le Colline de Gordon Bintner est un peu en retrait, à l’aise dans les ensembles, mais décevant dans son air du dernier acte, «Vecchia zimarra», où la voix manque de projection dramatique.



Emmanuel Andrieu

 

 

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