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Deux vétérans rafraîchissent Beethoven

Lucerne
Centre de la culture et des congrès
08/14/2020 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n° 1 en ut majeur, opus 15 – Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 36
Martha Argerich (piano)
Lucerne Festival Orchestra, Herbert Blomstedt (direction)


(© Peter Fischli/Lucerne Festival)


Coronavirus oblige, l’affiche 2020 du Festival de Lucerne fait certes pâle figure comparée aux fastes des années précédentes : seulement dix jours de concerts, contre quatre semaines de réjouissances musicales en temps normal. Mais on aurait tort de faire la fine bouche, car l’édition de cette année avait été purement et simplement annulée dans un premier temps, au début de la pandémie, avant de renaître sous une forme réduite à la mi-juin, au moment où la Suisse assouplissait les mesures sanitaires. Le thème de la cuvée 2020, « Life is live », en dit long d'ailleurs, après tant de concerts en streaming ces derniers mois. La jauge a été limitée à 950 places, alors que la célèbre salle conçue par Jean Nouvel en contient le double. Le port du masque est obligatoire pour le public pendant toute la durée des concerts, qui se déroulent sans entracte. Un moindre mal en fin de compte, car la programmation est alléchante : elle fait la part belle aux artistes suisses ou résidant en Suisse, tels le ténor Mauro Peter ou encore Martha Argerich et Cecilia Bartoli. L’Orchestre du Festival se produit à deux reprises, sous la direction d’Herbert Blomstedt (qui habite Lucerne), une première. L’un des points forts de l’édition 2020 sera assurément le cycle des sonates de Beethoven proposé par le pianiste Igor Levit. Une programmation réduite, c’est certain, mais qui mérite néanmoins largement le détour.


Le premier concert de l’édition 2020 a réuni Martha Argerich et Herbert Blomstedt (qui a dirigé sans partition ni baguette), dans un programme 100% Beethoven. La pianiste argentine était déjà prévue pour la soirée d’ouverture initiale, aux côtés de Riccardo Chailly. Ce n’est pas faire injure aux deux artistes que de mentionner leur âge (79 ans pour elle, 93 pour lui), tant ils sont apparus juvéniles et en pleine forme face aux trente-cinq musiciens qui composaient pour l’occasion l’Orchestre du Festival. Une formation habituelle du temps de Beethoven, qui a permis par ailleurs le respect des règles de distanciation sur le plateau. Avant sa première intervention dans le Premier Concerto pour piano, Martha Argerich a semblé passablement nerveuse, cherchant constamment sa position face au piano et passant maintes fois la main dans ses cheveux, mais ses premières notes ont coulé avec calme et naturel, avec beaucoup de fluidité également, dégageant un sentiment de sérénité, avant que son jeu se fasse plus vigoureux, plus saillant et plus électrique, avant aussi qu’elle ne presse le tempo, mais les musiciens, surtout les souffleurs, ont su répondre du tac au tac, très concentrés et réactifs. C’est un concerto finalement poétique et mélancolique, mais non sans quelques touches d’ironie et d’humour, qu’a livré la pianiste, pour le plus grand plaisir d’un public qui l’a ovationnée à la fin de sa prestation. Dans la Deuxième Symphonie, Herbert Blomstedt a cherché la légèreté et la transparence au lieu du pathos, l’intensité au lieu des décibels. Les deux vétérans ont donné un coup de fraîcheur à Beethoven.


Le site du Festival de Lucerne



Claudio Poloni

 

 

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