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Quintessence du piano

Brive
Voutezac (Château du Saillant)
08/18/2018 -  
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 119
Claude Debussy : Préludes (Second Livre): 1. «Brouillards», 2. «Feuilles mortes», 3. «La Puerta del Vino», 4. «Les Fées sont d’exquises danseuses», 7. «La Terrasse des audiences du clair de lune» & 12. «Feux d’artifice»
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 14 «Quasi una fantasia», opus 27 n° 2 – Variations et Fugue «Eroica», opus 35

François-Frédéric Guy (piano)




Iddo Bar-Shaï, François Dumont, Nemanja Radulovic, Ilya Rashkovskiy, Sayaka Shoji, Lucienne Renaudin-Vary, le Trio Les Esprits, le Quatuor Modigliani, l’ensemble Nevermind... Tous ces artistes se produisent dans le cadre de la trente-huitième édition du Festival de la Vézère, du 5 juillet au 23 août, à Brive ou bien dans les plus beaux édifices, essentiellement religieux, de la région (Allassac, Aubazine, Objat, Saint-Ybard, Tulle, Turenne). Mais l’origine, le cœur et l’esprit de la manifestation demeurent bien dans ce site privilégié qu’est le château du Saillant (XVe), qui a accueilli, comme de coutume, la compagnie lyrique britannique Diva Opera et ses productions de poche. L’ancienne grange se révèle également idéale pour un récital de piano, tel celui de François-Frédéric Guy.


Comme il a très tôt remarquablement illustré au disque le tout premier Brahms, l’entendre aujourd’hui dans les ultimes Klavierstücke de l’Opus 119 (1893) était prometteur. Les attentes ne sont pas déçues: inquiète, l’expression n’en reste pas moins pudique (premier intermezzo), sans se priver pour autant des splendeurs du grand piano (deuxième intermezzo) ou des plaisirs de la virtuosité (troisième intermezzo). L’interprétation culmine dans la rhapsodie conclusive, pas uniment épique, aux contrastes particulièrement soulignés.



F.-F. Guy (© Caroline Dourtre)


Après la quintessence du piano de Brahms, celle de Debussy, un répertoire qu’on associe moins spontanément à François-Frédéric Guy. A tort, comme le prouvent six extraits du Second Livre (1912) des Préludes. Après «Brouillards», pas du tout brumeux, la netteté du trait persiste dans «Feuilles mortes» – au demeurant un bonus inattendu, car non annoncé dans le programme. Suivent de somptueux éclats de couleur dans «La Puerta del Vino» et un bien fantasque «Les Fées sont d’exquises danseuses», tandis que «La Terrasse des audiences du clair de lune» ne s’égare pas dans le capiteux à tout prix et que «Feux d’artifice» offre une conclusion à la fois éclatante et spectaculaire mais fermement tenue.


Après l’entracte, François-Frédéric Guy en vient à celui qu’il décrit comme «l’alpha et l’oméga de sa vie d’artiste», Beethoven, bien sûr: à défaut de «Clair de lune» debussyste, c’est donc la sonate à laquelle ce sous-titre (apocryphe) a été accolé, la Quatorzième (1801), qui ouvre la seconde partie. Mais le pianiste a bien raison de s’intéresser davantage à l’indication authentique apposée par le compositeur, «Quasi una fantasia», enchaînant sans interruption les trois mouvements: le fameux Adagio sostenuto, où il fait primer la rhétorique sur le sentimentalisme, un Allegretto comme un intermède léger, et un Presto agitato où la maîtrise ne bride jamais l’urgence et l’engagement. Avec les Variations «Eroica» (1802), c’est à la fois une jubilation digitale absolue, un lyrisme concentré et une modernité évoquant déjà parfois l’audace des Diabelli: un tour de force qui fait regretter que cette œuvre ne soit pas plus souvent à l’affiche.


A un public médiocrement concentré – comprenant tousseurs multirécidivistes et non repentants, commentateurs, têtes de linotte ayant oublié d’éteindre leur téléphone, malotrus consultant leurs messages et manipulateurs d’objets divers et sonores – François-Frédéric Guy montre qu’il sait aussi faire plaisir après un programme passablement exigeant. Annonçant «un petit peu d’air frais», il offre en bis d’abord le Nocturne en ut dièse mineur (1830) de Chopin, retour à la tonalité et à l’atmosphère de la Clair de lune puis, dans un murmure général de satisfaction, la fameuse Bagatelle en la mineur (1810) de Beethoven (dédiée à une Elise demeurée mystérieuse), qui suscite une ovation debout.


Le site du Festival de la Vézère
Le site de François-Frédéric Guy



Simon Corley

 

 

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