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Un Messager rayonnant à Nantes

Nantes
Opéra
05/13/2018 -  et 15, 17, 23, 24 (Nantes), 31 (Le Perreux-sur-Marne) mai, 10, 12 (Angers), 19, 20, 22, 24, 26, 27, 29 (Théâtre de l’Athénée à Paris) juin 2018
André Messager : Les P’tites Michu
Violette Polchi (Marie-Blanche), Anne-Aurore Cochet (Blanche-Marie), Caroline Meng (Mlle Herpin), Philippe Estèphe (Gaston), Boris Grappe (Général des Ifs), Damien Bigourdan (Monsieur Michu), Marie Lenormand (Madame Michu), Artavazd Sargsyan (Aristide), Romain Dayez (Bagnolet)
Chœurs d’Angers Nantes Opéra, Xavier Ribes (chef de chœur), Orchestre national des Pays de la Loire, Pierre Dumoussaud (direction)
Rémy Barché (mise en scène), Alix Fournier-Pittaluga (assistant à la mise en scène), Salma Bordes (décors), Oria Steenkiste (costumes), Florent Jacob (lumières), Marianne Tricot (illustrations), Stéphane Bordonaro (vidéo)


(© Nemo Perier Stefanovitch)


Après Les Chevaliers de la table ronde et Mam’zelle Nitouche, la nouvelle coproduction entre Angers Nantes Opéra, la compagnie Les Brigands et les forces conjointes du Centre de musique romantique française Bru Zane s’intéressent à nouveau au répertoire de l’opéra bouffe et de l’opérette. Place cette fois à André Messager (1853-1929), grand défenseur du genre tout au long de sa carrière, même si l’on oublie souvent que ce brillant orchestrateur fut aussi un fervent chef wagnérien, tout autant qu’un explorateur avisé de la modernité dans sa musique de chambre. Quoiqu’il en soit, quel bonheur de retrouver sur scène Les P’tites Michu (1897), l’un des plus grands succès de sa carrière avec Véronique (au Châtelet en 2008), Fortunio (à l’Opéra-Comique en 2009) ou encore Passionnément! (à Tours en 2013).


Afin de laisser le plaisir de la découverte des surprises savoureuses du livret, il faut résolument éviter de lire au préalable la trame assez simple du livret proche de la comédie de boulevard chère à Feydeau: les exclamations enthousiastes entendues à plusieurs reprises dans le public laissaient aisément deviner, ce dimanche, combien ce lointain ancêtre du film La Vie est un long fleuve tranquille fonctionne encore bien aujourd’hui. Avec cette opérette délicieuse, on est proche de l’art d’un Reynaldo Hahn, autour d’une musique légère, fluide et toujours agréable, tandis que l’on savoure les nombreux jeux de mots avec la langue française et la prosodie, distillés dans les airs courts, mélodieux et admirablement raffinés. La métaphore filée autour des rythmes guerriers résonne par ailleurs tout au long de la partition, des scènes du pensionnat tenu d’une main de fer par Mlle Herpin aux viriles interventions des hauts gradés militaires.


D’emblée, le décor très girly aux formes futuristes et minimalistes, tout en rose bonbon, refuse le réalisme sur une scène pratiquement vide: la fantaisie sera à l’œuvre tout au long du spectacle grâce à l’apport décisif de la vidéo; c’est là que Rémy Barché concentre toute son attention, avec beaucoup de précision dans les détails savoureux. Les illustrations de Marianne Tricot projetées en arrière-scène ou sur un voile en avant-scène rappellent ainsi à plusieurs reprises l’univers désopilant de la dessinatrice Pénélope Bagieu, nous embarquant dans une myriade de facéties, délicates et poétiques, dévoilées pendant les temps morts de l’action. On notera aussi les quelques gags visuels particulièrement appréciés par les enfants dans la salle, manifestement nombreux.


Pour le reste, les dialogues parlés sont parfaitement rendus par des interprètes aussi bons comédiens que chanteurs – une performance à saluer tant ce répertoire redoutable impose cette double qualité. Parmi les interprètes, tous d’un très bon niveau homogène, on soulignera la performance des deux héroïnes, autour du mezzo charnu et bien projeté de Violette Polchi (Marie-Blanche) et du soprano plus touchant et fluet d’Anne-Aurore Cochet (Blanche-Marie). Parfaitement en phase avec leurs rôles respectifs, elles ne sont pas pour rien dans la belle ovation générale reçue à l’issue de la représentation. Caroline Meng compose quant à elle une solide Mlle Herpin, d’une raideur comique réjouissante, parfaitement épaulé par un solide Boris Grappe (Général des Ifs). Philippe Estèphe (Gaston) assure bien sa partie, autour des hilarants Damien Bigourdan (Monsieur Michu) et Marie Lenormand (Madame Michu). Moins convainquant au niveau dramatique, Artavazd Sargsyan (Aristide) se rattrape dans la partie vocale, tandis que Romain Dayez en fait des tonnes dans son rôle parlé comique de Bagnolet, conformément à l'esprit de la mise en scène.


On mentionnera enfin que les reprises données en région parisienne, au Perreux-sur-Marne et Théâtre de l’Athénée à Paris, proposeront la version de Thibault Perrine transcrite pour neuf chanteurs et douze instrumentistes.



Florent Coudeyrat

 

 

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