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Ouverture hispanique

Nantes
La Cité
09/09/2015 -  et 11 (Nantes), 22, 23 (Angers) septembre 2015
Maurice Ravel : L’Heure espagnole – Alborada del gracioso
Manuel de Falla : El sombrero de tres picos (Suites)

Julie Boulianne (Concepción), Alexander Sprague (Gonzalve), Eric Huchet (Torquemada), Thomas Dolié (Ramiro), Didier Henry (Don Inigo Gomez)
Orchestre national des Pays de la Loire, Pascal Rophé (direction musicale)


P. Rophé (© Marc Roger/ONPL)


Au sortir des réjouissances festivalières de l’été, Angers Nantes Opéra ouvre sa saison avec une longueur d’avance sur ses consœurs françaises – si l’on met à part l’Opéra national de Paris, toujours le premier à ouvrir le bal, même sous le signe de reprises éprouvées, à l’instar de cette année (voir ici, ici et ici). Certes, cette inauguration de l’institution des Pays de la Loire se fait hors les murs et en version non scénique, avant tout pour mettre en valeur son orchestre, placé sous la baguette de son nouveau directeur musical, Pascal Rophé, appointé il y a à pleine plus d’une douzaine de mois.


Pour autant, elle n’en oublie pas sa vocation lyrique, en affichant au programme L’Heure espagnole de Ravel. C’est, au demeurant, sous des couleurs hispaniques que se place cette soirée d’ouverture, où la phalange angevine et nantaise déploie ses couleurs sur le plateau de la Cité des congrès, dont les dimensions, plus vastes que Graslin, permet aux pupitres de s’épanouir davantage, et ainsi de mieux goûter le travail du chef français, et ce dès la première partie du concert. La profusion d’Alborada del gracioso, où s’exprime tout le raffinement ravélien, en témoigne avec éloquence: la richesse des textures soutient un éclat vigoureux, où la cohérence d’ensemble favorise une lisibilité dynamique des strates sonores de la partition. Plutôt que de s’épancher dans une indolence qui verserait dans le sentimentalisme, la lecture privilégie la variété des climats, dépeints avec ce que l’on pourrait nommer une nervosité objective. Pour autant, le caractère sanguin des deux Suites que Manuel de Falla a tiré de son Tricorne ne fait nullement défaut, et l’on reconnaît ici une énergie mise au service de l’efficacité narrative, où le pittoresque andalou ne s’abîme jamais dans la caricature du folklore.


Ces qualités se retrouvent de manière éminente dans L’Heure espagnole, où l’orchestre nourrit le tissu des saynètes qui se succèdent au fil de l’ouvrage. Le sens de la situation ne se résume aucunement au tic-tac des métronomes en introduction pour simuler celui des horloges de Torquemada, et Pascal Rophé sait encourager l’identité de ses musiciens et de la pièce, sans obérer la présence des solistes vocaux. Julie Boulianne enveloppe Concepción d’un discret voile de sophistication, qui confère aux atermoiements de l’épouse en quête d’adultère un soupçon de piquant que la clarté de sa diction – égale à celle de ses partenaires – révèle admirablement. Dans le rôle du mari, Eric Huchet affirme toute la bonhomie attendue. Thomas Dolié démontre une évidente solidité en Ramiro, et sa voix puissante jusque dans le bas du registre ne ménage pas les éventuelles rodomontades de muletier. Apprécié dans La Ville morte de mars dernier, Alexander Sprague souligne la légèreté lyrique de Gonzalve, quand Didier Henry s’appuie sur son métier éprouvé pour incarner Don Inigo Gomez, vieux beau soupirant d’amour.



Gilles Charlassier

 

 

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