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Verbier lyrique (2)

Verbier
Verbier
07/24/2014 -  et 25* juillet 2014
24 juillet (Eglise)
Vincenzo Bellini : Ariettes
Ludwig van Beethoven : Adelaide, opus 46b
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine, opus 24: «Kuda, kuda...»
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527: «Il mio tesoro»
Gaetano Donizetti : L’elisir d’amore: «Una furtiva lagrima»
Francesco Paolo Tosti : Mélodies
Waldemar Henrique : Minha Terra – Exaltaçao
Gioacchino Rossini : La danza

Atalla Ayan (ténor), James Vaughan (piano)


25 juillet (Salle des Combins)
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia: Ouverture
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre N° 3, opus 30
Serge Prokofiev : Alexandre Nevski, opus 78

Ekaterina Semenchuk (mezzo-soprano), Daniil Trifonov (piano)
The Collegiate Chorale, Orchestre du festival de Verbier, Youri Termikanov (direction)




Ce n’est pas chaque semaine que l’on découvre deux voix à 24 heures d’intervalle. Le festival de Verbier permet ce genre de hasard ou de miracle. Atalla Ayan, jeune ténor brésilien, a déjà à 28 ans un itinéraire enviable. On aurait pu l’entendre à l’Opéra de Stuttgart, dont il fait partie de la troupe, ou plus proche et plus récemment, à Versailles, où il a partagé en novembre dernier un récital d’Angela Gheorghiu. Atalla Ayan s’est produit à Verbier pour un seul récital, sans faire partie des distributions des opéras donnés quelques jours plus tard en version de concert. La petite église aura été cependant un piège acoustique pour cette voix grande, large et première réserve, n’ayant pas encore acquis la souplesse pour s’adapter à tous les styles et s’amenuiser sur mesure. Mais quel timbre clair, quasi solaire et quelle belle conduite de la ligne de chant! On déplorera aussi un manque de souplesse mettant en péril certaines vocalises notamment de l’air d’Ottavio «Il mio tesoro» et de La danza de Rossini. Réserve idiomatique également car, si ce brésilien semble à l’aise dans toutes les langues latines, l’allemand d’Adélaïde de Beethoven est strictement impossible, d’autant qu’il chante ce lied sans le moindre souci de mezza di voce.



A. Ayan (© Nicolas Brodard)


Mais pour la belle tenue de l’air de Lenski, chanté avec peut être plus de passion latine que de slancio slave, pour des ariettes de Bellini parfaitement phrasées et colorées, pour l’impeccable et émouvante «Furtiva lagrima» de Donizetti, taillée sur mesure pour sa voix, pour des mélodies de Tosti pleines de spiritualité, Atalla Ayan mérite de rejoindre la cohorte des grands ténors latinos que l’Amérique du sud nous a révélés lors de la dernière décennie. Le récital s’est achevé par une belle découverte, avec deux chansons du compositeur brésilien Waldemar Henrique (1905-1995), dans lesquelles notre ténor ne manquait ni de fierté ni d’engagement national et, comme bis, un vibrant «No puede ser» de la zarzuela La Tabernera del puerto de Pablo Sorozábal.



E. Semenchuk (© Aline Paley)


Seconde surprise, le mezzo-soprano Ekaterina Semenchuk, pour son intervention dans «Le Champ des morts» de la cantate Alexandre Nevski de Prokofiev, qui couronnait le concert russe (à l’Ouverture du Barbier de Séville près) dirigé par Youri Temirkanov. Grande voix droite au timbre chaud proche de l’alto, Ekaterina Semenchuk a été aussi très applaudie dans la silhouette très épisodique mais haute en couleurs de La Frugola dans Il tabarro de Puccini quelques jours plus tard. La cantate, parfaitement menée par l’Orchestre du festival, a bénéficié de l’immense talent et de la belle versatilité du chœur new-yorkais The Collegiate Chorale, qui, chaque année, se déplace à ses frais, il faut le signaler, pour fournir les voix nécessaires à la programmation des grandes œuvres chorales et opéras. La prestation du pianiste vedette du festival, Daniil Trifonov, dans le Troisième Concerto de Rachmaninov laissera un souvenir mitigé. Si ce pianiste, dont on admire les récitals entendus à Verbier comme à Paris, a toute la musicalité voulue pour les phrasés très romantiques et les doigts requis pour la diabolique virtuosité de l’œuvre, notamment l’infernale cadence de son premier mouvement, il manque de puissance pour donner toute leur force aux passages sonores du concerto. De plus le pianiste et le chef Temirkanov ne semblaient pas partager la même conception de l’œuvre, plus poétique, ludique et chantant pour l’un, plus tragique pour l’autre. Un rendez-vous manqué!



Olivier Brunel

 

 

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