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L’amour, toujours

Salon-de-Provence
Château de l’Emperi
07/29/2014 -  
Robert Schumann : Märchenerzählungen, opus 132 [1]
Matthias Pintscher : Beyond (A System of Passing) [2]
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor avec piano n° 1, K. 478 [3]
Olivier Messiaen : Quatuor pour la fin du Temps [4]

Emmanuel Pahud [2] (flûte), Paul Meyer [1, 4] (clarinette), Alexander Sitkovetsky [3, 4] (violon), Lise Berthaud [1, 3] (alto), François Salque [3, 4] (violoncelle), Adam Laloum [1, 4], Eric Le Sage [3] (piano)




Du 29 juillet au 8 août, Musique à l’Emperi place sa vingt-deuxième édition sous le signe de l’amour: non seulement l’affiche ainsi que la couverture du dépliant et des programmes distribués au début de chaque concert proclament «I love Musique à l’Emperi»(avec un cœur en lieu et place de «love») mais le festival fondé et toujours dirigé par Eric Le Sage, Paul Meyer et Emmanuel Pahud est sous-titré cette année «Salon de musique, Salon d’amour». Comme cette relation est à la fois transitive et bijective, c’est de musiques de l’amour qu’il sera question au fil des vingt concerts – neuf à 18 heures en l’église Saint-Michel, un (gratuit) sur son parvis et dix à 21 heures dans la cour Renaissance du château – aussi bien que d’amour de la musique, celui qui réunit, bien plus que dans d’autres manifestations, des musiciens venant se joindre au triumvirat fondateur pour le simple plaisir de jouer ensemble.


En cette journée inaugurale, un vent frisquet souffle sur le concert du soir, sans déranger outre mesure les spectateurs, drapés, grâce à la prévoyance des organisateurs, dans des couvertures bleu ciel. Intitulé «Ouverture pour la fin des temps», le programme est tout à fait typique des soirées salonnaises, éclectiques – en l’occurrence, quatre œuvres appartenant chacune à un siècle différent –, volontiers copieuses et originales –on pourra ainsi entendre d’ici la clôture le Trio élégiaque de Bax, un Quintette à vents en fa d’Onslow et même la Sérénade pour flûte et cordes de Heinrich Hofmann (1842-1902) –, et il met successivement en valeur les trois directeurs musicaux.



E. Pahud, P. Meyer (© Nicolas Tavernier)


Paul Meyer s’illustre ainsi dans les Récits de contes de fées (1853) de Schumann – pour ce qui est de la «fin des temps», c’est plutôt de la fin du compositeur, proche de basculer dans la folie, qu’il s’agit ici. Même si l’alto de Lise Berthaud est moins avantagé par le plein air, l’ensemble, avec le piano subtilement coloré d’Adam Laloum, illustre d’emblée l’excellence instrumentale de ce festival. Inutile de dire qu’il en va de même avec Beyond (A System of Passing) (2013) de Matthias Pintscher (né en 1971), créée l’été dernier à Salzbourg par Emmanuel Pahud. Inspirée par A.E.I.O.U. (2011), une œuvre récente d’Anselm Kiefer, cette page du directeur musical de l’Ensemble intercontemporain va en effet donner du fil à retordre à des générations de flûtistes: la difficulté est accentuée ici par les rafales de vent qui font voleter les feuilles de la partition, m mais Pahud passe brillamment l’obstacle de cette petite dizaine de minutes à l’humeur versatile, tantôt vindicative, lyrique ou brillante, spectaculaire feu d’artifice recourant à toutes les ressources et techniques de l’instrument. Le troisième homme, Eric Le Sage, entre en scène pour le Premier Quatuor avec piano (1785) de Mozart: en parfaite entente avec Alexander Sitkovetsky, Lise Berthaud et François Salque, il en souligne le caractère plus classique que romantique.


En seconde partie, le public est captivé le Quatuor pour la fin du Temps (1941) de Messiaen – une telle concentration, sans ces bruits et mouvements qui perturbent la plupart des concerts, n’est pas si fréquente. Après une fine et délicate «Liturgie de cristal», les musiciens mettent en valeur les longues phrases de la «Vocalise, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps». Dans l’«Abîme des Oiseaux», Meyer saisit tant par son sens narratif que par l’amplitude des nuances dynamiques qu’il imprime à son solo, hélas perturbé, comme celui de son ami flûtiste en première partie, par le passage d’avions à basse altitude. Après un «Intermède» léger et divertissant, Salque, dans la «Louange à l’Eternité de Jésus», reste pudique mais n’en conduit pas moins une progression intense, jusqu’à une note ultime miraculeusement tenue; à ses côtés, Laloum, qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans ce répertoire, apporte son talent de coloriste et la subtilité de son jeu. Après avoir fusionné leurs timbres dans les unissons de la «Danse de la fureur, pour les sept trompettes», comme pour ne plus former qu’un seul immense instrument, les artistes maintiennent leur cohésion sans renoncer à affirmer leur individualité dans le «Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps». Plus ouvertement expressif que Salque, Sitkovetsky conclut avec une «Louange à l’Immortalité de Jésus» qui paraît néanmoins comme portée par les éclairages changeants du piano vers une péroraison éclatante de lumière. Difficile de briser la magie d’un tel moment par des applaudissements, mais impossible de ne pas remercier les interprètes de l’avoir offert.


Le site de Musique à l’Emperi
Le site de Matthias Pintscher
Le site d’Eric Le Sage
Le site de Paul Meyer
Le site d’Emmanuel Pahud
Le site d’Alexander Sitkovetsky
Le site de François Salque



Simon Corley

 

 

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