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Verbier lyrique (1)

Verbier
Salle des Combins
07/27/2014 -  
Giacomo Puccini : Il tabarro
Giuseppe Verdi : Don Carlo (actes III et IV, version en 4 actes, Milan 1884)

Il Tabarro:
Lucio Gallo (Michele), Barbara Frittoli (Giorgetta), Thiago Arancam (Luigi), Ekaterina Semenchuk (La Frugola), Maurizio Leoni (Talpa), Joseph Desmarest (Tinca), Sean Clark (Un chanteur ambulant)
Don Carlo:
Vittorio Grigolo (Don Carlo), Lianna Haroutounian (Elisabetta), Daniela Barcellona (Eboli), Lucio Gallo (Rodrigo), Ildar Abdrazakov (Filippo II), Mikhail Petrenko (L'Inquisitore), Maurizio Leoni (Un Frate), Chad Kranak (Il Conte di Lerma)
The Collegiate Chorale, James Bagwell (préparation), Verbier Festival Orchestra, Daniel Harding (direction musicale)


(© Nicolas Brodard)


L’édition 2014 du festival de Verbier est résolument lyrique. Outre de nombreux récitals de chanteurs (Anne Sofie von Otter, Thomas Allen, Stefan Genz, Vesselina Kasarova ou encore Pretty Yende, pour ne citer que les noms les plus connus), l’affiche comporte pas moins de... six opéras ! Même si les ouvrages sont donnés en version de concert, on aurait tort de bouder son plaisir. La barre a été placée très haut d’emblée, avec une superbe Damnation de Faust dirigée par un Charles Dutoit au sommet de son art. Le chef suisse, qui n’est jamais aussi à son aise que dans le répertoire français, a offert une lecture très contrastée et théâtrale de la partition de Berlioz, soutenu par une distribution de haut vol (Willard White en Méphisto sombre et menaçant, Charles Castronovo en Faust sensible et élégant et Ruxandra Donose en Marguerite juvénile et émouvante). Quelques jours plus tard, c’est Marc Minkowski, après Le Turc en Italie et Les Boréades à Aix, qui empoignait Fidelio, l’unique opéra de Beethoven, pour en donner une version quasiment chambriste et, ici aussi, très contrastée, avec de magnifiques élans, quoique pas toujours totalement contrôlés, surtout dans le Finale. Et une fois encore, le plateau vocal a été superbe, avec notamment la Léonore incandescente d’Ingela Brimberg et le Rocco noble et racé de Robert Gleadow, un nom à retenir. Malgré des aigus parfois escamotés, Brandon Jovanovich a convaincu en Florestan. Les seconds rôles n’ont pas été en reste, avec les belles prestations de Sylvia Schwartz en Marzelline et de Bernard Richter en Jaquino.


La soirée lyrique la plus attendue était néanmoins celle couplant Il tabarro de Puccini aux deux derniers actes de Don Carlo de Verdi, essentiellement pour sa distribution particulièrement prometteuse. Les attentes n’ont pas été déçues ! Une seule erreur de casting à déplorer toutefois, le Posa usé de Lucio Gallo, qui promène désormais ses sons des plus laids sur toutes les scènes lyriques. Sachant qu’il a sauvé la soirée en remplaçant quasiment au pied levé l’artiste initialement prévu, nous avons fermé un œil (et surtout les deux oreilles...) sur sa prestation. Quel bonheur tout d’abord de voir les rôles de Philippe II et du Grand Inquisiteur confiés à des artistes encore jeunes (Ildar Abdrazakov et Mikhail Petrenko) et non pas à des chanteurs vieillissants qui ont perdu toutes leurs notes, comme c’est souvent le cas. Le Roi d’Ildar Abdrazakov a été exemplaire, alternant de sa belle voix veloutée la suffisance du monarque et la fragilité de l’homme. Mais la véritable révélation de la soirée aura été l’Elisabeth de Lianna Haroutounian, sensible et nuancée, avec des aigus aériens époustouflants et une parfaite maîtrise de la ligne de chant, bref une interprète qui a tout pour devenir une grande soprano verdienne. Carlo fougueux et ardent, Vittorio Grigolo possède indéniablement le plus beau timbre du circuit lyrique international, un timbre qui n’est pas sans rappeler celui de Pavarotti. Dommage seulement que le ténor ne puisse se débarrasser de son côté cabot un peu exaspérant. Avec sa technique parfaitement rodée, Daniela Barcellona a incarné une Eboli éclatante et électrisante.


Malheureusement, la direction orchestrale n’a pas été à la hauteur de cette distribution somptueuse, Daniel Harding ayant semblé routinier et peu inspiré dans Don Carlo, alors que dans Il tabarro en début de soirée il avait pourtant réussi à attiser des couleurs orchestrales sourdes et sombres pour créer une atmosphère propice à ce drame des passions exacerbées. La réunion des deux ouvrages sur la même affiche a laissé d’ailleurs plus d’un spectateur perplexe, générant une certaine frustration : si seulement Don Carlo avait été représenté dans son intégralité, une aussi belle distribution n’aurait pu que rendre la soirée encore plus mémorable. Le festival de Verbier se poursuit jusqu’au 3 août, avec (notamment) encore deux opéras à l’affiche : L’Elixir d’amour et Il Re Pastore. Pour l’édition 2015, on annonce d’ores et déjà deux grandes soirées lyriques.


Le site du festival de Verbier



Claudio Poloni

 

 

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