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Une représentation couronnée de succès

Montpellier
Le Corum (Opéra Berlioz)
07/22/2014 -  
Gaetano Donizetti: Caterina Cornaro
Maria Pia Piscitelli (Caterina Cornaro), Enea Scala (ténor), Franco Vassallo (Lusignano), Paul Gay (Andrea Cornaro), François Lis (Mocenigo), Yves Saelens (Strozzi), Franck Bard (Un chevalier du roi), Julia Knecht (Matilde)
Chœur de la Radio lettone, Sigvards Klava (chef de chœur), Chœur de l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Noëlle Geny (chef de chœur), Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Paolo Carignani (direction)


P. Carignani (© Barbara Aumüller)


Le mandat de René Koering appartient à l’histoire mais le festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon reste fidèle aux recettes de son succès : une offre diversifiée, riche et de qualité, la plupart des manifestations étant gratuites, à l’exception des concerts à 20 heures à l’Opéra Berlioz. La grille de la programmation ne change pas non plus puisque la vingt-neuvième édition, du 13 au 26 juillet, comporte toujours des concerts à 12 heures 30, pour découvrir des jeunes solistes, à 18 heures, consacrés à la musique de chambre, et à 22 heures, dédiés au jazz, sans oublier ceux délocalisés dans l’agglomération de Montpellier et dans la région. De la musique électronique, des conférences et des projections de films provenant des archives de l’INA complètent l’offre.


Trois thématiques parcourent cette édition, la dernière de Jean-Pierre Le Pavec, puisque Jean-Pierre Rousseau le remplace désormais à la direction du festival : «Autour de 1914», célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale oblige, «Séquence violon», série de concerts centrés sur le violon (avec la participation de Renaud Capuçon, aussi incontournable dans le paysage musical français aujourd’hui que Jean-Claude Casadesus, d’ailleurs programmé avec son Orchestre national de Lille) et «La Méditerranée», occasion d’entendre différents styles musicaux qui se sont développés dans le pourtour méditerranéen.


Le festival réserve également son lot de raretés, une de ses marques de fabrique, comme Caterina Cornaro de Donizetti. Cette tragédie lyrique en un prologue et deux actes ne constitue toutefois pas un inédit absolu puisqu’il en existe plusieurs enregistrements captés sur le vif (Gencer, Caballé) et au moins un réalisé en studio. L’ouvrage, qui s’inscrit de plein droit dans la thématique «La Méditerranée», l’action se déroulant à Chypre au XVe siècle, compte assurément parmi les moins souvent représentés de son auteur, qui a dû le remanier après une création fort peu couronnée de succès au Teatro San Carlo de Naples en 1844. Une version de concert constitue sans doute la meilleure façon de découvrir à moindre frais cet opéra d’un peu moins de deux heures allant droit au but, sans fioriture, la conclusion survenant abruptement, sans que l’on s’en aperçoive.


Dernier créé du vivant de son auteur, l’opéra présente dans l’ensemble un niveau d’inspiration constant sans toutefois relever du génie – pas étonnant que les airs et les duos qu’il renferme ne figurent qu’exceptionnellement dans les programmes des récitals. Il réserve néanmoins des moments spectaculaires, notamment grâce au rôle important confié aux chœurs, si bien que l’ouvrage relève, dans une certaine mesure, du grand opéra. Néanmoins, dans le texte de présentation du programme, l’auteur explique qu’il ne convient pas d’établir un rapprochement avec La Reine de Chypre (1841) d’Halévy dont le livret s’inspire du même sujet. Une curiosité pour les amateurs d’art lyrique et une œuvre intéressante pour les spécialistes du compositeur.


La distribution ne comporte pas de stars mais les chanteurs, qui possèdent les ressources requises, maîtrisent le style de cette musique. Maria Pia Piscitelli signe une remarquable performance dans le rôle-titre, probablement la plus décisive de la soirée. La soprano, qui témoigne d’un beau tempérament dramatique, met en valeur une voix ferme sur ses appuis et séduisante sur toute la tessiture. Elle en contrôle la puissance et ménage ses efforts, la chanteuse ne paraissant jamais atteindre ses limites. Enea Scala remplace Ivan Magri, distribué à l’origine dans le rôle de Gerardo : le ténor conduit soigneusement sa voix, aux couleurs, à l’éclat et à la projection modestes, et réalise une composition élégante qui dévoile un potentiel scénique évident – dommage de devoir se contenter d’une version de concert. Franco Vassallo, qui chante Lusignano avec profondeur et justesse, attire favorablement l’attention grâce à une voix de baryton régalienne et sainement nourrie.


Les autres solistes remplissent leur contrat honorablement : Paul Gay, trop effacé en Andrea Cornaro, Yves Saelens, pas assez perfide en Strozzi, et François Lis, qui se distingue en Mocenigo grâce à la noirceur dans son timbre. Julia Knecht et Franck Bard ont peu à chanter dans les rôles de Matilde et d’un chevalier du roi mais la soprano a tout juste le temps de séduire grâce à un timbre acidulé. Le Chœur de l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon, renforcé par celui de la Radio lettone, s’acquitte honorablement de l’importante partie que Donizetti lui a réservée. L’Orchestre national de Montpellier-Roussillon se comporte bien également sous la direction vive, nerveuse et jamais vulgaire de Paolo Carignani, soucieux de révéler les beautés de la partition et de ménager les chanteurs afin que leur voix s’épanouisse au mieux.


Le site du festival de Radio France et Montpellier Languedoc Roussillon



Sébastien Foucart

 

 

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