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L'épreuve du Lied

Strasbourg
Opéra national du Rhin
06/18/2014 -  
Lieder de Schubert, Brahms, Wagner et Richard Strauss
Sophie Koch (mezzo-soprano), François-Frédéric Guy (piano)


S. Koch (© Patrick Nin)


Bien que cela ne date pas vraiment d’hier, on se souvient d’avoir écrit des lignes encourageantes à propos de Sophie Koch, au moment où cette toute jeune mezzo-soprano osait pour ses débuts au disque des Goethe-Lieder de Schubert et Wolf, CD publié par Le Chant du monde en 1999. Retrouvé dans la défunte revue Répertoire, après quelques recherches, l’article était effectivement élogieux : «On va de Lied en Lied avec toujours la même impression d’évidence, sans éprouver peut-être de sensation particulièrement forte, mais avec un confort d’écoute exceptionnel. Une voix au charme aussi entêtant que discret...»


Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Ce récital laisse perplexe. La voix de Sophie Koch a certes pris de l’ampleur mais reste un peu courte de partout, avec des graves semblant obtenus par de curieux stratagèmes, des aigus plus nourris mais parfois attrapés à la volée, et une projection qui ne semble pas saine ou du moins dont les problèmes altèrent la sérénité du chant. Le magnifique bouquet de Lieder de Schubert initial paraît embarrassé, avec un texte plutôt bien articulé mais qui se pose mal, bousculé par les contingences d’émission. En dépit de ces aléas, et aussi grâce à l’intérêt majeur de l’accompagnement (on y reviendra), l’attention est cependant bien captée par ces splendides scènes lyriques. Beau et exalté Gretchen am Spinnrade, malgré à la fin deux fa dièse successifs surexposés sans précaution et peu présentables. Quelques Brahms ensuite, vraisemblablement la partie la plus heureuse du concert, ce type de romantisme plus contemplatif semblant mieux convenir. On s’interroge cependant sur les tensions qu’exigent de l’interprète une mélodie en apparence aussi populaire et simple que le célèbre Wiegenlied.


Seconde partie inconfortable, succession de moments difficiles... Les Lieder de Richard Strauss sonnent anguleux, avec des difficultés pour contrôler l’intonation qui vont jusqu’à compromettre la justesse de phrases entières. On en arrive à douter que ce répertoire puisse convenir à Sophie Koch, et puis on se rappelle, quand même, sans trop comprendre, qu’on est là en présence de l’une des meilleures titulaires en ce moment du rôle du compositeur d’Ariane à Naxos. Ce dernier, d’ailleurs, fera une brève apparition en bis à la fin, et rassure : Sophie Koch y est toujours convaincante. Mais c’est là un personnage en or, il est vrai. Arrivent encore de très attendus Wesendonck-Lieder, eux aussi problématiques - souffle incertain et détimbrages - qui nous font douter d’aptitudes wagnériennes ici plutôt discutables (ce que les Fricka de Sophie Koch, entendues à plusieurs reprises sur scène, semblent indiquer également). Pourtant dans «Traüme» quelque chose se libère, l’émission gagne en sécurité... Des instants de ce calibre, il y en a eu d’assez nombreux au cours du programme, mais trop fugaces et éparpillés.


Avouons aussi avoir énormément écouté le piano, car François-Frédéric Guy est bien plus qu’un simple accompagnateur attentif. Certes il ne cherche pas vraiment à s’effacer, garde le très large éventail de nuances d’un vrai concertiste. Et son toucher, sans moelleux particulier, semble négliger toute vraie sensation de confort. Mais quelle assurance et quelle impressionnante capacité d’aller directement à l’essentiel ! Ce parcours pianistique de haute volée, toujours complémentaire de la voix, parvient à apporter très naturellement à ce récital ce que Sophie Koch elle-même peine à trouver : une ampleur dramatique plus constante et surtout une vraie continuité de flux.



Laurent Barthel

 

 

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