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Lille à l’heure du piano

Lille
Nouveau Siècle, Conservatoire, Théâtre du Nord
06/15/2014 -  
Claude Debussy: Préludes (Second Livre)
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 32, opus 111

François-Frédéric Guy (piano)
Claude Debussy: Préludes (Second Livre): «La Terrasse des audiences du clair de lune» et «"General Lavine"-eccentric» – Epigraphes antiques
Federico Mompou: Charmes
Erik Satie: Cinéma
Manuel de Falla: Fantasia Baetica

Wilhem Latchoumia (piano)
George Onslow: Sonate pour piano à quatre mains en fa mineur, opus 22
Cécile Chaminade: Six Pièces romantiques, opus 55
Francis Poulenc: Sonate pour piano à quatre mains
Darius Milhaud: Le Bœuf sur le toit, opus 58

Lidija et Sanja Bizjak (piano)
Joseph Haydn: Sonate pour piano n° 62, Hob. XVI: 52
Franz Schubert: Winterreise: «Der stürmische Morgen» & «Die Nebensonnen», D. 911 n° 18 et n° 23 – Schwanengesang: «Der Atlas», D. 957 n° 8 (transcriptions Liszt)
Franz Liszt: Années de pèlerinage (Deuxième Année. Italie): «Sonetti 123 & 104 del Petrarca» – Méphisto-Valse
Béla Bartók: Danses populaires roumaines, sz. 56

Plamena Mangova (piano)

Organisé par l’Orchestre national de Lille, le Lille Piano(s) Festival existe depuis dix ans. Du 13 au 15 juin, la préfecture du Nord-Pas-de-Calais a résonné au son de cet instrument dans six lieux différents (Nouveau Siècle, Conservatoire, Théâtre du Nord, Gare Saint-Sauveur, Archives départementales du Nord, Palais des Beaux-Arts), des concerts se tenant parallèlement en dehors de la ville, cette année au Musée du Louvre-Lens, à la Villa départementale Marguerite Yourcenar (Saint-Jans-Cappel) et au Musée départemental Matisse (Le Cateau-Cambrésis). A cause de l’offre, abondante, à tel point que beaucoup de concerts se tiennent en même temps, le festivalier doit donc opérer un choix, en fonction, notamment, de l’endroit dans lequel le pianiste joue, afin de se déplacer d’une salle à l’autre sans risque d’arriver en retard. Une thématique parcourt cette édition: la Première Guerre mondiale, bien évidemment, mais aussi, par extension, la Seconde. La mise entre parenthèses de la lettre «s» indique que ce festival important ne se cantonne pas au classique puisque des pianistes de jazz s’y produisent également.



F.-F. Guy


Dans l’Auditorium du Nouveau Siècle, le dimanche à 14 heures, François-Frédéric Guy retient deux œuvres relativement tardives de leur auteur. Il livre une exécution détaillée et inventive du Second Livre (1911-1912) des Préludes de Debussy dont il caractérise délicatement, et sur un ton juste, chacune des douze pièces qui le constituent. L’acoustique de la salle, récemment rénovée, met remarquablement en valeur une belle sonorité, finement dégradée. La musique se déroule de façon limpide et transparente grâce à des mains sûres et une pensée rigoureuse qui se concentre sur l’essentiel. François-Frédéric Guy manifeste un soin maniaque dans l’exécution des traits, ce qu’illustre ensuite une Trente-deuxième Sonate (1820-1822) de Beethoven solidement construite, d’une clarté d’élocution parfaite et d’une grande élévation de pensée.



W. Latchoumia


A 15 heures 30, Wilhem Latchoumia doit se contenter de l’acoustique inconfortable de la Salle Québec du Nouveau Siècle : le son paraît dur et ne s’épanouit pas naturellement. Il débute son récital avec deux pièces du Second Livre des Préludes de Debussy que François-Frédéric Guy vient de jouer à l’instant : n’était-il pas possible de retenir deux extraits du Premier Livre plutôt que «La Terrasse des audiences du clair de lune» et «"General Lavine"-eccentric»? Le pianiste possède les ressources nécessaires pour les interpréter mais il n’efface pas le souvenir laissé par son confrère. Il s’adresse ensuite au public pour présenter le reste du programme, axé sur des compositeurs français et espagnols. L’impalpable légèreté, la délicatesse, les subtiles séductions de Charmes (1920-1921) de Mompou n’échappent pas à l’interprète, ni le tranchant de Cinéma, entracte de Relâche (1924) de Satie. Les Epigraphes antiques (1914) de Debussy, qui ont inspiré le cahier précédemment joué de Mompou, bénéficient d’une lecture probante, la Fantaisie bétique (1919) d’une exécution austère, brûlante, coupante. Le public a droit à un encore, «La poupée de porcelaine» tiré de A Prole do bebê (1918) de Villa-Lobos.



L. et S. Bizjak


Le récital de Lidija et Sanja Bizjak au Conservatoire à 17 heures, aussi original que celui de Wilhem Latchoumia, bénéficie du soutien du Palazzetto Bru Zane. En effet, il permet de découvrir la Sonate pour piano à quatre mains en fa mineur (1823) d’Onslow. Le duo, qui l’interprète avec rigueur et vigueur, manifeste la conviction que cet ouvrage de presque trente minutes et de belle facture mérite d’être défendu. Le programme réserve ensuite une autre curiosité, les Six Pièces romantiques (1890) de Cécile Chaminade, pages au charme un peu désuet auxquelles les sœurs insufflent de l’animation et de la couleur. La Sonate pour piano à quatre mains (1918) de Poulenc, qui ne dure que quelques minutes, s’oublie sitôt entendue. Suit ensuite une interprétation exaltée, entraînante et ludique de la réduction pour piano à quatre mains du Bœuf sur le toit (1919) de Milhaud, qui permet d’apprécier une dernière fois le métier accompli de Lidija et Sanja Bizjak. Comme le récital a débuté avec cinq minutes de retard et qu’il a duré un peu plus d’une heure, il est plus que temps de rejoindre rapidement le Théâtre du Nord.



P. Mangova


Au Théâtre du Nord, à 18 heures 30, Plamena Mangova livre un récital d’un niveau tellement élevé qu’il relègue quelque peu dans l’ombre les deux précédentes prestations. La pianiste bulgare élabore une Soixante-deuxième Sonate (1794) de Haydn à la structure et aux intentions claires. Grâce à une articulation souple et subtile, elle pare l’œuvre de vives séductions. Les trois lieder de Schubert arrangés par Liszt que la pianiste aborde ensuite (deux extraits du Voyage d’hiver, un du Chant du cygne) avec densité et expressivité témoigne d’une grande intelligence du texte. Plamena Mangova enchaîne directement les Sonnets de Pétrarque 123 et 104 de la Deuxième Année de pèlerinage (1846-1849) de Liszt, profondément interprétés, avec une Méphisto-Valse (1859-1862) incendiaire, magnifique de sonorité, de progression, de cohérence. Le plaisir se poursuit avec les Danses populaires roumaines (1915) de Bartók et deux danses de Ginastera qui mettent le public en émoi: de l’audace, de la virtuosité mais pas d’effets de manche. Une grande dame du piano.


Le site du Lille Piano(s) Festival
Le site de François-Frédéric Guy
Le site de Wilhem Latchoumia
Le site de Lidija et Sanja Bizjak



Sébastien Foucart

 

 

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