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Quand deux reines se confrontent

Liège
Opéra royal de Wallonie
05/16/2014 -  et 18*, 20, 22, 24 mai 2014
Gaetano Donizetti: Maria Stuarda
Martine Reyners (Maria Stuarda), Elisa Barbero (Elisabetta), Pietro Picone (Roberto, comte de Leicester), Roger Joakim (Giorgio Talbot), Ivan Thirion (Lord Guglielmo Cecil), Laura Balidemaj (Anna Kennedy)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre symphonique de l’Opéra royal de Wallonie, Aldo Sisillo (direction)
Francesco Esposito (mise en scène, costumes), Italo Grassi (décors), Daniele Naldi (lumières)


(© Jacky Croisier)


L’Opéra royal de Wallonie prend le risque de distribuer une soprano belge méconnue dans le rôle écrasant de Maria Stuarda. Martine Reyners, qui mène une carrière discrète, au point de ne s’être jamais produite auparavant dans ce théâtre, relève le défi avec panache. La chanteuse surmonte les difficultés en conservant ses qualités vocales, même si elle approche parfois de la limite de ses moyens. Bien que le timbre séduise modérément, la voix reste stable et ne manque ni de puissance ni d’éclat. L’artiste rend la reine d’Écosse crédible, toujours digne, noble et courageuse. Grâce à cette prise de rôle, Martine Reyners mérite de ne plus rester dans l’ombre. Sa voix se combine idéalement avec celle d’Elisa Barbero qui incarne Elisabeth, elle aussi pour la première fois. La mezzo-soprano italienne possède un timbre plus noir et adopte des inflexions plus tranchantes, de sorte que la confrontation entre les deux reines présente beaucoup de tension et d’intensité.


Le reste de la distribution comporte deux autres chanteurs belges : Roger Joakim, qui se glisse dans la peau de Talbot, personnage auquel il apporte humanité et profondeur, et Yvan Thirion, actuellement en demi-finales du Concours Reine Elisabeth, qui livre un Cecil remarquable grâce à un timbre riche, une émission contrôlée et une intonation mordante. En revanche, la prestation de Pietro Picone déçoit à cause d’un timbre quelconque et d’une émission engorgée – le comte de Leicester parait un peu trop insignifiant en comparaison avec son entourage. Préparés par Marcel Seminara, les chœurs se comportent bien vocalement, comme d’habitude, mais ils adoptent une attitude figée. Aldo Sisillo se produit quant à lui pour la première fois dans la fosse de l’Opéra royal de Wallonie : sa direction, allante, ferme et soutenue ne suscite aucun reproche. Le chef surveille la mise en place et diversifie la dynamique, ce qui met en valeur l’orchestration, pas si faible que cela, de Donizetti. L’orchestre reste à fidèle à lui-même, réactif et bien sonnant, la cohésion entre les pupitres et la tenue de l’ensemble rachetant quelques interventions imprécises chez les cuivres.


La scénographie appelle peu de commentaires. Francesco Esposito, qui a également dessiné les costumes, somptueux, se contente d’une approche conventionnelle et littérale, sans audace ni recherche. Le spectacle, peu stimulant, ne porte pas la signature d’un metteur en scène d’exception mais il n’accuse aucune maladresse notable. La seconde partie, plus animée et marquante, compense la première, ennuyeuse et inerte – la faute essentiellement à une gestuelle sommaire et à un jeu scénique amidonné. Le décor peu intéressant d’Italo Grassi se résume pour l’essentiel à deux grilles, dont une suspendue et amovible, à un mur de briques et à une ouverture à géométrie variable au fond de la scène. L’Opéra royal de Wallonie montera-t-il prochainement les deux autres ouvrages que Donizetti a consacrés à Elisabeth Ire, Elisabetta al Castello di Kenilworth et Roberto Devereux ?



Sébastien Foucart

 

 

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