About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L’intelligence du son

Paris
Théâtre des Abbesses
11/13/1999 -  
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 4 op. 18, n° 7 (op. 59 n° 1), n° 15 op. 132
Quatuor Takacs

Après le quatuor Lindsay à la Cité de la Musique la saison dernière, c’est au tour des Takács de se lancer dans une intégrale des quatuors de Beethoven. Ils ont choisi le théâtre des Abbesses, une salle à l’intimité et à l’acoustiques idéales pour la musique de chambre. Presque chacun des concerts réunit les trois grandes périodes du compositeur. Les interprètes ont également choisi de jouer deux fois l’opus 130, dans sa version originale, que conclut la Grande Fugue op. 133 (le 13 mai), et dans sa version où un Finale remplace la Grande Fugue, jugée trop massive par les éditeurs du compositeur (vendredi dernier).

Dans chacun des concerts sont ainsi réunies trois manières du compositeur, trois jeux requis de la part des interprètes, trois défis musicaux. La formation mi-hongroise, mi-anglaise proposait ce samedi, second concert du cycle, les Quatrième, Septième et Quinzième Quatuors du compositeur. C’est une véritable lecture que les Takács nous livrent de ces trois incroyables moments de musique, une lecture héritière, dans sa clarté et sa fermeté, de celle des Végh. La sonorité âpre et la précision de l’énergie habitent les moindres inflexions de ces partitions où alternent moments ludiques et épisodes dramatiques, ellipses et lyrisme. Rien ne semble aisé, tranquille dans leur jeu. La perfection n’est pas acquise, elle est à construire.

Ce n’est pas la beauté du son qui fascine, c’est son intelligence, sa capacité à s’adapter à toutes les nuances de l’écriture. Le quatuor Takács ose jusqu’à l’atone, l’esquissé, il ose l’hésitation. La performance est à couper le souffle. Les quelques imperfections de justesse et, rarement, une légère précipitation se font très vite oublier. Tempi et nuances sont parfois extrêmes, très risqués, à la limite de la déliquescence mais toujours soutenus par une magnifique concentration. Les mouvements lents en sont presque insoutenables – les deux intermèdes qui ponctuent l’immense Molto Adagio du Quinzième Quatuor sont une véritable délivrance.

L’archet des Takács retrouve dans chaque mesure de ces quatuors une nécessité d’écriture, une urgence, jusqu’à la sauvagerie ou la rudesse. Ces pièces maîtresses de l’histoire de la musique sont superbement jouées. Gageons que si les Takács donnent aux amoureux de ces quatuors un plaisir rare, ils sauront convaincre ceux que ces partitions laissent encore perplexes.

Gaëlle Plasseraud

Le cycle se poursuivra le 26 février (Quatuors n° 5, 9 et 16), le 27 février (n° 3, 11 et 14), le 12 mai (n° 1, 6 et 12) et le 13 mai (n° 8 et 13 avec la Grande Fugue), toujours au Théâtre des Abbesses à 17 heures.


Gaëlle Plasseraud

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com