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Au chevet du malade

Paris
Amphithéâtre Bastille
04/23/2014 -  
Gabriel Dupont : Chansons normandes pour voix de femmes – Les Heures dolentes
Claude Debussy : La Damoiselle élue

Andreea Soare (soprano), Julie Pasturaud (mezzo-soprano), Nicolas Stavy (piano)
Chœur de l’Opéra national de Paris, Patrick Marie Aubert (direction)


N. Stavy (© Guy Vivien)


Après Louis Vierne, Gabriel Dupont : à l’Amphi Bastille, l’élève succède au maître. Mais il reste oublié, malgré quelques disques, qui ont révélé les qualités du Poème pour piano et quatuor à cordes, des mélodies ou des deux cycles pianistiques que sont Les Heures dolentes et La Maison dans le dunes. A l’occasion du centenaire de sa mort, les « Convergences » réparent donc une injustice – cela dit, on aimerait entendre Antar, un des fleurons de l’opéra orientaliste français...


Le Chœur de l’Opéra, malheureusement, s’il n’en maîtrise pas mal les nuances, trahit de sérieux problèmes de justesse et de mise en place dans les Chansons normandes pour voix de femmes, sur des poèmes d’Emile Blémont, que Nicolas Stavy accompagne trop discrètement. Une musique de 1900... très « 1900 » d’ailleurs, écrite comme s’il s’agissait de voix solistes. Les dames se rattrapent un peu dans la très « fin-de-siècle » Damoiselle élue de Debussy, d’après Dante Gabriel Rossetti, empreinte d’une sensualité mystique très typique de l’époque aussi. Le « poème lyrique » pâtit néanmoins beaucoup du remplacement de l’orchestre par le piano, Nicolas Stavy, malgré de belles recherches de nuances, ne parvenant pas à suggérer les couleurs d’une formation symphonique. Andreea Soare, bien connue des familiers de l’Atelier lyrique, incarne en revanche d’une voix homogène au timbre rond et à la technique très sûre la Damoiselle impatiente de retrouver son fiancé au ciel, dominant la Récitante de Julie Pasturaud, stylée mais trop modeste.


Les Heures dolentes (1905), comme plus tard La Maison dans les dunes (1910), est une musique de la réclusion : tuberculeux, Dupont mourut à trente-six ans. Pendant près d’une heure, nous pénétrons dans la chambre – et dans la conscience – du malade, que visitent un médecin ou une amie, qui regarde le soleil à travers la vitre ou lutte contre l’angoisse de la mort. Quatorze pièces où passent parfois des ombres : les arpèges de « Après-midi de dimanche » font penser à Fauré, les tons entiers du « Médecin » à Debussy. Morceaux d’ambiance, souvent assez narratifs, qui suscitent parfois une pointe d’ennui à cause de la répétition de formules pianistiques éprouvées, mais nous attachent au chevet de ce malade. Nicolas Stavy trouve l’équilibre entre l’intimisme confidentiel et la générosité brillante de l’écriture, varie atmosphère et couleurs – dont la palette pourrait toutefois être plus riche encore. Fallait-il tout donner ? Quoi qu’il en soit, il relève brillamment le défi, aussi à l’aise dans la volubilité de la « Chanson du vent » que dans les visions noires de « Nuit blanche-Hallucinations ». Pour prolonger l’ambiance, il choisit comme bis la première des trois Images oubliées de Debussy.



Didier van Moere

 

 

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