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Une équipe qui gagne

Paris
Théâtre du Châtelet
04/01/2014 -  et 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, 12 avril 2014
Stephen Sondheim : Into the Woods (orchestration Jonathan Tunick)
Kimy McLaren (Cinderella), Leslie Clack (Narrator/Mysterious Man), Nicholas Garrett (Baker), Christine Buffle (Baker’s wife), Beverley Klein (Witch), Pascal Charbonneau (Jack), Damian Thantrey (Cinderella’s Prince, Wolf 1), David Curry (Rapunzel’s Prince, Wolf 2), Jonathan Gunthorpe (Steward), Francesca Jackson (Little Red Riding Hood), Rebecca De Pont Davies (Jack’s Mother), Louise Alder (Rapunzel), Elisa Doughty (Florinda), Lucy Page (Lucinda), Scott Emerson (Cinderella’s Father), Kate Combault (Cinderella’s Mother), Jasmine Roy (Cinderella’s Stepmother), Fanny Ardant (Voice of the Giant), Dorine Cochenet (Snow White), Cécilia Proteau (Sleeping Beauty)
Orchestre de chambre de Paris, David Charles Abell (direction musicale)
Lee Blakeley (mise en scène), Alex Eales (décors), Mark Bouman (costumes), Lorena Randi (chorégraphie), Oliver Fenwick (lumières), Max Humphries (réalisation des marionnettes)


(© Marie-Noëlle Robert/Théâtre du Châtelet)


Pour la quatrième fois, le Théâtre du Châtelet frappe fort en faisant découvrir à un public parisien désormais friand de musicals, une première en France, le rare Into the Woods de Stephen Sondheim, sur un livret de James Lapine. Encore une réussite à l’actif de cette scène dynamique et innovante!


On avait savouré au cours des saisons passées les productions d’ A Little Night Music, Sweeney Todd puis Sunday in the Park with George de Sondheim, le dernier géant de la comédie musicale américaine, données par le Châtelet dans des conditions musicales avec lesquelles ni Broadway, ni Londres ne peuvent aujourd’hui rivaliser. Pour présenter pour la première fois en France Into the Woods, c’est à nouveau la direction musicale de David Charles Abell à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris qui frappe par sa qualité et la richesse instrumentale de la fosse. La qualité de la distribution aussi, avec un mélange d’interprètes aguerris du genre musical et d’autres plus rompus à la grande scène lyrique. Et une mise en scène de Lee Blakeley d’une fantaisie débridée jouant à merveille de cette intrigue délirante mélangeant la fiction des contes de fées pimentée d’une pincée de sadisme car largement revus par Freud, Bettelheim et surtout Jung, à la dure réalité de la vie réelle.


Contemporain des Misérables, Into the Woods, créé à Broadway en 1987, véritable «conte de fées américain» selon l’expression du compositeur, convoque dans une forêt étrange, métaphore de la mise à l’épreuve, en un mélange déjanté et savoureux, quatre histoires emblématiques de l’inconscient collectif occidental, Le Petit Chaperon rouge, Cendrillon, Raiponce et Jacques et le haricot magique. Dans une première partie, les personnages s’entremêlent, participant tous à une action savoureuse très habilement tissée par le librettiste et aboutissant à une espèce de happy end provisoire. Mais, la seconde poursuit en confrontant les personnages aux dures réalités de la vie. Finie la magie qui arrange tout, place à la délation, aux rivalités, aux compromis, aux bassesses et règlements de comptes chacun tentant comme il peut de sauver sa peau. Malgré quelques petites longueurs, l’intrigue est assez habile et mène à une fin politiquement correcte bien dans le style de la moralité américaine. Le tout est une comédie franchement drôle en dépit de son indéniable message initiatique et de fraternité, entraide et solidarité, l’œuvre étant contemporaine de la pire époque de l’épidémie de sida.


Le travail du metteur en scène Lee Blakeley est, comme pour ses trois précédents, absolument admirable, les éclairages d’Olivier Fenwick magiques et la fantaisie garantie grâce à l’utilisation de marionnettes et d’effets spéciaux étonnants. Très habile et poétique, le très beau décor d’Alex Eales offre une grande clarté de lecture de l’action. Impeccable aussi la distribution, l’œuvre étant une somme d’individualités sans véritable vedette. Tous sont d’une redoutable efficacité vocale (le chant est cependant sonorisé) et de grands acteurs capables de danser et de se plier à toutes les possibilités d’une riche direction d’acteurs. La Sorcière de Beverley Klein, la Cendrillon de Kimi McLaren et le Chaperon rouge de Francesca Jackson forcent d’avantage l’admiration, mais tous sont parfaits. Luxe suprême, la voix (enregistrée) de l’Ogresse qui vient troubler la belle ordonnance de tout ce beau monde est celle de Fanny Ardant. Somptueux aussi l’Orchestre de chambre de Paris se délectant de ce tissu musical qui doit autant au jazz qu’à l’univers des comptines, placé sous la direction de David Charles Abell, lui aussi de retour pour la quatrième fois. On ne change pas une équipe qui gagne !



Olivier Brunel

 

 

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