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Parfums slaves

Metz
Arsenal (Grande Salle)
03/22/2014 -  et 16 (Saarbrücken), 23 (Mainz) mars 2014
Antonín Dvorák : Scherzo capriccioso, opus 66 – Symphonie n° 5 en fa majeur, opus 76
Robert Schumann : Concerto pour piano en la mineur, opus 54

Elena Bashkirova (piano)
Deutsche Radio Philharmonie Saarbrücken Kaiserslautern, Karel Mark Chichon (direction musicale)


K. M. Chichon (© Janis Deinats)


En cette saison où l’Arsenal fête son vingt-cinquième anniversaire, la salle messine accueille, sur l’invitation de l’Orchestre national de Lorraine, son voisin germanique la Philharmonie allemande de la Radio de Sarrebruck et Kaiserslautern, entité issue en 2007 de la fusion de l’Orchestre symphonique de la Radio sarroise et celui de Kaiserslautern. En des temps de restrictions budgétaires, de telles manipulations politiques suscitent des légitimes leviers de boucliers dans le proche Bade-Wurtemberg. Dans la modeste Sarre, cela a du moins permis à la phalange d’accroître sa visibilité, et une qualité saluée depuis l’arrivée de Karel Mark Chichon à la direction musicale.


C’est d’ailleurs sous sa battue que les musiciens sarrois livrent un programme placé sous le signe de la sensibilité slave, qui s’ouvre avec le très enlevé Scherzo capriccioso de Dvorák. L’attaque sonne certes d’un peu teutonne manière, même si la relative raideur initiale s’arrondit quelque peu au fil du morceau. Mais l’on est gratifié d’une belle lisibilité des pupitres, et particulièrement des bois – les flûtes s’envolent avec un lyrisme contenu par la rigueur. Schumann ne peut certes guère être suspecté de racines slaves; en revanche, Elena Bashkirova constitue un admirable avatar de l’école russe. Dans l’unique Concerto pour piano du compositeur romantique, elle affirme un mélange d’intériorité et de fièvre reconnaissable. Si dans l’Allegro affetuoso, elle affronte un orchestre vigoureux, son jeu s’épanouit dans un Intermezzo d’une intense poésie – c’est d’ailleurs dans ce mouvement que l’interprétation se révèle à son meilleur. L’énergie du finale confine parfois au martial – du moins se distingue-t-il par son éclat. En guise de bis, la soliste reste dans le répertoire slave avec Tchaïkovski au rythme de la mazurka.


Comme il se doit, le concert se referme sur une symphonie. La Cinquième de Dvorák, souvent qualifiée de «pastorale», s’ouvre sur un Allegro ma non troppo où la formation sarroise souligne la puissance de la nature. L’Andante con moto s’adoucit sur des couleurs et des modulations plus intimes. Le métier des instrumentistes s’affirme dans une balance équilibrée et y instille une progressive coloration mélancolique qui n’est pas sans rappeler le Schubert de la Neuvième Symphonie ou les fragrances automnales d’un Brahms. L’Allegro scherzando mâtine la pulsation tchèque d’idiosyncrasies plus prussiennes tandis que le finale, Allegro molto, dégage un héroïsme débordant que savent admirablement restituer Karel Mark Chichon et ses musiciens, administrant la preuve que le folklore slave de la Bohème n’a rien d’étranger chez Dvorák avec un certain héritage germanophile.



Gilles Charlassier

 

 

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