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Paris
Salle Pleyel
03/18/2014 -  et 27 février, 1er, 2 (San Francisco), 16 (London), 20 (Genève), 23 (Luxembourg), 26 (Wien) mars 2014
Gustav Mahler : Symphonie n° 3

Sasha Cooke (mezzo-soprano)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Maîtrise de Paris, Patrick Marco (chef de chœur), San Francisco Symphony, Michael Tilson Thomas (direction)


M. Tilson Thomas (© BayKiper.com)


Ce second concert parisien de l’Orchestre symphonique de San Francisco – en tournée européenne – a certainement dû conforter les clichés de ceux qui voient dans les formations américaines de rutilantes machines au confort sonore hors du commun, clinquantes et donc un peu superficielles.


Comme en 2011 dans la même salle, c’est un Mahler tout en clarté et en méticulosité que propose Michael Tilson Thomas qui, dans sa soixante-dixième année, conserve pleinement l’acuité de sa baguette et la vigilance de son oreille. Rarement la Troisième Symphonie (1896) de Gustav Mahler aura toutefois paru si longue (frôlant les 110 minutes). D’une durée supérieure à 35 minutes, le premier mouvement se caractérise, sous la baguette de Michael Tilson Thomas, par une approche purement symphonique de la partition et une certaine obsession de l’ordre qui lisse le propos et génère de l’ennui. Les mouvements centraux hésitent entre le poivré et le sucré, quelques ralentis douteux venant apporter une touche de mièvrerie au Menuetto et transformant le Comodo scherzando en une sorte de Pierre et le loup décalé. Quant au dernier mouvement, l’extrême lenteur de sa mise en place n’empêche nullement les éléments de s’emboîter parfaitement... mais respire franchement l’hédonisme. Anticipant – dans le programme du concert – sur la prestation du chef américain, Bertrand Boissard dit les choses de manière plus positive, évoquant un Mahler «tenu, supérieurement contrôlé, ne s’abîmant jamais dans des océans de pathos».


L’Orchestre de San Francisco remporte, lui, tous les suffrages grâce à l’époustouflante démonstration symphonique qu’il propose au public parisien. Précision, justesse, discipline, souplesse... tout y est – ou presque. Certes, le premier violon Alexander Barantschik déçoit par la timidité routinière de ses solos et le pupitre des cors pourrait gagner en concentration. Mais les trompettes et les trombones se couvrent de gloire – à commencer par la trompette virtuose de Mark Inouye (dans les solos du Kräftig comme dans ceux du Comodo scherzando, dont la toute dernière note paraît ne jamais devoir s’éteindre) et plus encore par le trombone infaillible de Timothy Higgins. Les autres pupitres ne sont pas en reste, les percussions impressionnant par leur exactitude rythmique et stylistique, les cordes faisant couleur du miel dans les oreilles des spectateurs.


Par le naturel de l’émission, la longueur du souffle, l’absence de vibrato et l’intelligence du style, la mezzo américaine Sasha Cooke réussit un «O Mensch!» absolument admirable. Elle manque en revanche de rondeur et de moelleux dans «Es sungen drei Engel» – un mouvement au cours duquel les chœurs parisiens livrent une prestation honorable. Soulignons incidemment le contraste entre le professionnalisme extrême des instrumentistes américains, répétant leurs traits dès avant le début du concert, et l’attitude plus dissipée des jeunes femmes de la Maîtrise de Paris, dont les réticences à se laisser suffisamment de place au moment de s’installer sur les bancs de l’arrière-scène et les quelques signes de lassitude lors du dernier mouvement sont de nature à capter fâcheusement l’attention des spectateurs.



Gilles d’Heyres

 

 

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