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Atout chœur

Geneva
Grand Théâtre
02/28/2014 -  et 1er, 2, 4, 6, 7, 8, 10 mars 2014
Giuseppe Verdi : Nabucco
Lucio Gallo*/Roman Burdenko (Nabucco), Leonardo Capalbo (Ismaele), Roberto Scandiuzzi*/Almas Svilpa (Zaccaria), Csilla Boross*/Elizabeth Blancke-Biggs (Abigaille), Ahlima Mhamdi (Fenena), Khachik Matevosyan (Le Grand Prêtre de Baal), Terige Sirolli (Abdallo), Elisa Cenni (Anna)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, John Fiore (direction musicale)
Roland Aeschlimann (mise en scène et décors), Andrea K. Schlehwein (collaboration à la mise en scène et expression corporelle), Andrea Schmidt-Futterer (costumes), Simon Trottet (lumières), fettfilm (vidéo)


(© GTG/Ariane Arlotti)


Nabucco n’avait plus été représenté au Grand Théâtre de Genève depuis près de vingt ans, c’est dire si le retour à l’affiche du chef-d’œuvre de Verdi était attendu avec impatience. On le sait, le célèbre chœur des Hébreux, « Va pensiero », est le passage le plus emblématique de la partition. A Genève, ce fut aussi le moment le plus applaudi de la soirée. Il est vrai que le Chœur du Grand Théâtre, soigneusement préparé par Ching-Lien Wu, a offert une prestation mémorable, avec des registres équilibrés et homogènes, des attaques précises et de superbes pianissimi tenus de longues secondes durant. Le Chœur a indubitablement été le grand triomphateur d’une production de fort belle tenue, mais qui n’a pas réussi à combler toutes les attentes.


Responsable à la fois de la mise en scène, des décors et des costumes de ce Nabucco genevois, Roland Aeschlimann a remanié un spectacle créé à Francfort en 2001 dont il avait déjà conçu les décors et les costumes, mais dont la réalisation scénique était signée Bettina Giese. Roland Aeschlimann est avant tout scénographe et décorateur, et cela se voit, tant sa production est esthétisante et très agréable à regarder. Par contre, la mise en scène à proprement parler se réduit à une mise en place et une simple occupation de l’espace, sans caractérisation fouillée des personnages, avec, la plupart des temps, des chanteurs plantés sur le devant de la scène, seuls les mouvements du chœur étant un peu plus élaborés. Les décors épurés et symbolistes faits de grandes figures géométriques et dominés par un immense escalier comme montant jusqu’au ciel sont, quant à eux, une réussite. Le tout baigne dans des couleurs à dominante bleue (très beaux éclairages de Simon Trottert) et les costumes, gris pour les Hébreux et jaune-noir pour les Babyloniens, sont particulièrement contrastés. On relèvera aussi l’utilisation de la vidéo – pendant un passage interminable durant lequel la musique se tait – pour figurer la destruction du temple, avec des images de villes bombardées et d’explosion atomique. Globalement donc, ce Nabucco genevois séduit davantage par son esthétisme que par sa conception scénique.


La distribution vocale est solide, à défaut d’être particulièrement inspirée. L’Abigaille de Csilla Boross est une belle surprise. La soprano émerveille par sa voix aux moyens apparemment illimités, qui traduisent idéalement la soif de pouvoir et de vengeance du personnage, avec des vocalises étourdissantes. Mais la chanteuse sait aussi faire preuve de nuances et de finesses dans les moments plus lyriques. Dans le rôle-titre, Lucio Gallo incarne un homme et un père humilié davantage qu’un tyran autoritaire. Le regard hagard, il campe un roi extrêmement émouvant, avec de belles couleurs dans la voix. Leonardo Capalbo prête sa fougue et sa jeunesse à Ismaele, quand bien même on aurait souhaité un personnage un peu plus différencié vocalement, le ténor ne semblant connaître que le fortissimo. Roberto Scandiuzzi n’est plus que l’ombre de lui-même, avec une voix prématurément usée, sans aucun velours, aux aigus tendus et aux graves éteints. On relèvera en revanche la belle prestation d’Ahlima Mhamdi en Fenena. Cependant, on ne peut que regretter la course aux décibels dans laquelle paraît engagée toute l’équipe vocale. La faute en incombe aussi au chef John Fiore, dont la lecture, au demeurant précise et investie, se révèle plutôt statique et massive, ne faisant pas ressortir tous les détails ni toutes les finesses d’une partition qui en recèle bien plus qu’on ne croit. Néanmoins, les applaudissements sont chaleureux pour tous au rideau final, les spectateurs quittant la salle avec les accords de « Va pensiero » encore dans les oreilles.



Claudio Poloni

 

 

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