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Le feu aux cordes

Paris
Midis musicaux du Théâtre du Châtelet
01/12/2001 -  
Witold Lutoslawski : Grave, pour violoncelle et piano
Elliott Carter : Sonate pour violoncelle et piano
Astor Piazzolla : Le Grand Tango

Gary Hoffman (violoncelle), Frédéric Chiu (piano)

Qu'on se le dise et se le répète : les vrais mélomanes, à peu près trois fois par semaine, à l'heure du déjeuner, peuvent vivre de grands moments de musique, parfois même des moments exceptionnels. Le tout pour un prix très accessible. Non seulement les Midis musicaux du Châtelet sont un modèle de programmation mais en plus on ressent un immense plaisir à se trouver là, au milieu d'une assemblée attentive et respectueuse (pas une toux!), installé comme en un salon au foyer du théâtre, à goûter de la musique comme cela se faisait sans doute jadis.



Ce fut en tout état de cause un moment d'exception que le concert très fort et prenant donné ce vendredi 12 janvier par le violoncelliste Gary Hoffman et le pianiste Frédéric Chiu. Très beau programme avec des œuvres trop peu jouées en concert et qui pourtant méritent largement l'estrade. Grave de Lutoslawski est une pièce brève fouillant dans le tréfonds des graves d'un violoncelle chantant opposé à un piano délicatement percussif qui semble égrener les notes comme des gouttes. Extraordinaire mélange de délicatesse et de sauvagerie, avec des accents à déchirer l'âme. La Sonate pour violoncelle et piano d'Elliott Carter est une œuvre d'une grande complexité, qui en dépit de sa densité, capte l'intérêt de bout en bout. Les deux instruments semblent en opposition permanente, dans un climat de lutte plutôt que de dialogue. Tous les mouvements sont très virtuoses, très denses, avec des variétés d'attaque surprenantes, tant au violoncelle qu'au piano. Le second mouvement, vivace molto leggiero, un peu moins tourmenté, évoque un jeu malicieux, une sorte de cache-cache encore qu'il tende lui aussi à tourner à l'affrontement, à la dispute et que la danse souvent fasse songer à celle de Till Eulenspiegel au pied de l'échafaud. Le troisième mouvement ne parvient pas, malgré nombre de tentatives, à établir un climat plus paisible. Exaspération et désespoir rageur semblent affleurer sans cesse, cassant la moindre mélodie ; ils seront portés à leur paroxysme dans le dernier mouvement. D'une extrême complexité, la composition rythmique sous-tend le discours de part en part. Les deux interprètes magnifient tous ces paramètres, jouant sur toute la palette d'expressions. L'archet de Gary Hoffman est tout à tour épée, griffe de chat, fouet, caresse…. Le concert se termine dans une atmosphère plus détendue avec le Grand Tango d'Astor Piazzolla (encore que ce Tango là comme tous les tangos flirtent avec la mort) : une belle occasion pour Hoffman et Chiu de mettre en valeur leur virtuosité rythmique. On sent que tous les poncifs du tango sont là, mais repris par Piazzolla sur deux registres simultanément, tendre parodie et sublimation. Formidable et ovationné!


En bis, l'andante de la sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov permettait de découvrir les deux interprètes dans un registre plus mélodique.
En attendant la retransmission de ce concert dûment enregistré, espérons que le tandem gravera ces œuvres en compagnie des autres compositions du XXe siècle qu'ils auront donnés cette semaine au Châtelet.






Florence Trocmé

 

 

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