About us / Contact

The Classical Music Network

Toulouse

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le choc de Grimaud, le poids du piano

Toulouse
Halle aux Grains
01/11/2001 -  
Carl Maria von Weber : Ouverture d’Euryanthe
Robert Schumann : Concerto pour piano
Béla Bartók : Concerto pour orchestre

Hélène Grimaud (piano), Orchestre du Capitole, Michel Plasson (direction)

Étonnante Hélène Grimaud! On se souvenait de précédents concerts avec l’orchestre du Capitole, certes intéressants mais cependant un peu inaboutis, par la faute, peut-être, d’une complicité imparfaite avec le chef, ou, surtout, par une excessive nervosité qui avait donné à son jeu quelque chose de torturé et de cassant assez inconfortable pour l’auditeur.

Le choc fut, cette fois, total. Totalement maîtresse de ses moyens et de ses émotions, la pianiste française a empoigné le spectateur dans une interprétation proprement passionnante, tout à la fois claire de lignes et dense par l’émotion qui s’en dégageait. Par un choix de tempos traditionnels, c’est-à-dire sensiblement plus lents que ceux voulus par Schumann, et un rubato parfois extrême et pourtant jamais artificiel, la pianiste française a rapproché cette œuvre de l’univers brahmsien, aidée en cela par la direction ample et lyrique d’un Michel Plasson très attentif. Cependant ce parti-pris, particulièrement notable dans les deux premiers mouvements, ne dénaturait nullement la musique d’un Schumann encore juvénile -rappelons que ce Concerto est contemporain de la Première symphonie- mais apparaissait plutôt comme l’expression d’une nature particulièrement riche et passionnée. Le Finale fut, lui, tout simplement électrisant, Hélène Grimaud libérant tout à coup tout son énergie en un formidable déchaînement, pourtant toujours surveillé. Ce mélange de romantisme hautement subjectif et de rigueur dans le contrôle des lignes et des nuances montre à quel point de maîtrise est arrivé aujourd’hui cette jeune pianiste et en fait une des musiciennes les plus accomplies et les plus captivantes d’aujourd’hui.

Michel Plasson a, pour sa part, confirmé ses affinités avec Bartók dans un très intéressant Concerto pour orchestre. Profondément engagé, le chef a tiré la partition vers un romantisme sombrement désespéré dans le Finale, tandis que les autres mouvements, par une recherche de la nuance et de la finesse des sonorités, évoluaient dans une ambiance sonore évoquant parfois Debussy, loin de la violence ou de l’ironie grinçante qui affleurent dans la partition.

L’orchestre du Capitole s’est montré tout à fait excellent, véritablement homogène et avec des plans sonores nets et bien équilibrés, malgré l’acoustique ingrate et sèche de la Halle aux Grains, particulièrement lorsqu’on est assis, grâce à la prévenance de l’administration qui, décidément, soigne ses invités, au fond de la salle derrière un pilier en béton qui masque l’intégralité de la scène!

Un grand cru pour les musiciens toulousains et leur chef, et un vrai choc pour la pianiste. Bienheureux ceux qui, grâce à Radio Classique auront pu enregistrer ce concert!


Laurent Marty

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com