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Europe centrale et Etats-Unis, musiques populaires et musiques savantes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/09/2014 -  
Béla Bartók : Magyar képek, sz. 97
Witold Lutoslawski : Preludia taneczne
Aaron Copland : Concerto pour clarinette
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového sveta», opus 95, B. 178

Martin Fröst (clarinette)
Orchestre national de France, David Zinman (direction)


M. Fröst


Invité régulier de l’Orchestre national de France, David Zinman (né en 1936) conclura l’année prochaine deux brillantes décennies à la tête de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, où Lionel Bringuier lui succédera. Il se produit cette fois-ci au Théâtre des Champs-Elysées dans un programme original – même s’il comprend un «tube», la Symphonie «Du nouveau monde», que le National a d’ailleurs donnée encore assez récemment, en juin 2011 – et, surtout, bien conçu, avec, en fil rouge, l’influence des musiques populaires, au travers du chant et de la danse.


Au lieu des incontournables Danses populaires roumaines, excellent choix que ces rares Esquisses hongroises (1931), orchestration par Bartók de cinq de ses pièces pour piano tirées de trois recueils datant des années 1908-1910: alors que le langage du compositeur a profondément évolué durant le quart de siècle qui s’est écoulé entre-temps, l’instrumentation subtilement colorée et l’humour rappellent son ballet Le Prince de bois, comme un délicieux retour en arrière, à la manière de Berg orchestrant vingt ans plus tard sept de ses lieder de jeunesse.


Lutoslawski a été trop modestement honoré à l’occasion de son centenaire, l’an passé, et ses cinq Préludes de danse (1954/1955) ne comptent pas parmi ses œuvres essentielles, même si l’on y entend des échos très nets de son Concerto pour orchestre, exactement contemporain. Mais l’enchaînement est parfait, tant le propos se situe dans le sillage de Bartók, à la mémoire duquel la Musique funèbre sera dédiée trois ans plus tard. En outre, l’interprétation de Martin Fröst (né en 1970) a tout pour séduire, y compris visuellement: très mobile sur scène, vif et ductile, souple et nerveux comme son jeu, c’est presque une chorégraphie qu’il offre en même temps de ces courtes pièces d’inspiration folklorique.


Les racines populaires du Concerto pour clarinette et orchestre à cordes, avec harpe et piano (1948) de Copland sont plus diffuses, mais le second mouvement, s’il évoque encore le Paris des années parisiennes chez Nadia Boulanger, paie notamment son tribut au jazz – l’œuvre fut écrite pour Benny Goodman et lui est dédiée. Ici aussi, l’enchaînement s’impose de façon naturelle – même époque, même effectif (les percussions en moins) – et la prestation du soliste suédois se révèle tout aussi enthousiasmante, sans pour autant qu’il tire entièrement la couverture à lui, sachant au contraire se fondre dans l’orchestre. Le bis ne vient que pour le plaisir partagé du public et de l’interprète, car Martin Fröst n’a plus rien à démontrer. Il annonce en anglais une «courte improvisation», précisant toutefois qu’elle n’est «pas totalement spontanée» car elle cite des «airs célèbres de différents compositeurs»: c’est effectivement une fine évocation du solo de basson ouvrant Le Sacre du printemps, qui se fond immédiatement au début du Concerto pour violon de Sibelius pour se mêler ensuite à d’entraînantes sonorités klezmer en un feu d’artifice d’effets spéciaux et virtuoses.


Pour sa précédente apparition au National, en avril 2013, David Zinman avait dirigé la Sixième Symphonie de Dvorák. A l’aune de ce souvenir, la Neuvième (1893), en seconde partie de concert, avec un orchestre désormais au grand complet, déçoit franchement. On reconnaît certes le chef américain, qui omet la reprise du premier mouvement, à la constante lisibilité du propos, à la mise en place soigneusement ciselée et au refus de la surenchère, hormis sans doute quelques décibels superflus et une tendance à épaissir les cordes par un legato surligné. Mais pour le reste, si la puissance y est, l’allant fait défaut, non point tant dans le tempo que dans une lecture plus prosaïque et académique que visionnaire ou porteuse d’émotions. Le propos va imperturbablement son chemin, évoquant Schubert par sa gestion du temps, à la différence que les longueurs paraissent ici plus terrestres que divines. Mais les musiciens jouent pleinement le jeu, et certains solistes – Bruno Bonansea à la clarinette, une recrue récente, et Vincent Léonard au cor – se mettent impeccablement en valeur.


Le site de David Zinman
Le site de Martin Fröst



Simon Corley

 

 

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