About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Vladimir Jurowski chef inspiré

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/20/2013 -  et 16 (Essen), 17 (Bruxelles), 18 (Luxembourg), 19 (Stuttgart) décembre 2013
Nikolaï Rimski-Korsakov : La Nuit de Noël: Suite
Serge Prokofiev : Concerto pour violon et orchestre n°2 en sol mineur, opus 63
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Patricia Kopatchinskaja (violon)
London Philharmonic Orchestra, Vladimir Jurowski (direction)


P. Kopatchinskaja (© Giorgia Bertazzi)


Parmi les chefs de sa génération, Vladimir Jurowski (né en 1972) est l’un des plus intéressants, l’un des plus inventifs, l’un des plus inspirés. Son orchestre ne sonne pas comme les autres, avec des pupitres très individualisés, qu’il se garde de trop envelopper – n’était-ce pas déjà une caractéristique de sir Thomas Beecham, le fondateur du London Philharmonic ? Ce n’est pas chez le chef russe que l’on entendra un son standardisé, lissé. Son premier concert de la saison aux Champs-Elysées a clôturé en beauté l’année 2013. Dans la Suite de La Nuit de Noël de Rimski-Korsakov, il crée un monde de couleurs et de rythmes, où les mystères de la nature alternent avec la verve populaire, déployant tous ses talents de narrateur : la succession des quatre parties de la suite s’ordonne en un conte musical aux accents très russes. Le Second Concerto pour violon de Prokofiev invite à écouter plutôt l’orchestre et le chef que Patricia Kopatchinskaja, au jeu erratique et à la sonorité ingrate, qui de surcroît s’agite inutilement – les bis permettent au moins d’apprécier le premier violon dans un extrait de la Sonate pour deux violons de Prokofiev, la première clarinette dans la transcription d’un des Duos pour deux violons de Bartók.


Seuls avec eux-mêmes, Jurowski et ses musiciens offrent enfin de superbes Danses symphoniques de Rachmaninov, cette quatrième symphonie qui ne dit pas son nom, partition testamentaire qu’ils parent de couleurs contrastées mais désespérément sombres. On pense au légendaire Kondrachine dès le Non Allegro initial, tant la tension est constante, dans l’exacerbation de la mélancolie ou dans l’implacable dureté des rythmes de marche. La valse de Andante donne le vertige par ses changements d’éclairage, ses détours, ses errements, le chef lorgnant avec raison vers Mahler. La troisième partie confirme que la partition aurait pu conserver son titre originel de « Danses fantastiques », course à l’abîme où résonne le glas du « Dies irae » si souvent présent, presque obsessionnel, chez Rachmaninov. Du début à la fin, tout a irrésistiblement avancé, comme un drame, presque un cauchemar en musique, porté par un chef qui, même sur l’estrade, garde le théâtre dans le sang. Jurowski ressuscite une certaine tradition russe – beaucoup plus qu’un Gergiev. Pas de rupture pour le bis : Vocalise de Rachmaninov, d’un lyrisme brûlant.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com