About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une reprise qui ne s’imposait pas

Paris
Palais Garnier
11/27/2013 -  et 30 novembre*, 3, 6, 9, 12, 16, 19, 23 décembre 2013
Wolfgang Amadeus Mozart: La clemenza di Tito, K. 621
Saimir Pirgu (Tito Vespasiano), Tamar Iveri (Vitellia), Maria Savastano (Servilia), Stéphanie d’Oustrac (Sesto), Hanna Esther Minutillo (Annio), Bálint Szabó (Publio)
Chœur de l’Opéra national de Paris, Alessandro di Stefano (chef du chœur), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Tomás Netopil (direction)
Willy Decker (mise en scène), John Macfarlane (décors, costumes), Hans Toelstede (lumières)


S. Pirgu (© Opéra national de Paris/E. Bauer)


La Clémence de Titus (1791) de Willy Decker, créée en 1997, est un classique à Garnier, où elle a été reprise en 1999, 2001 et 2011 : en ce samedi soir, c’est la trente-cinquième représentation de cette production, mais la cinquante-huitième seulement, toutes productions confondues, de cet opera seria à l’Opéra national de Paris. Inutile dès lors de s’attarder sur le concept, simple et cohérent : les personnages évoluent autour d’un immense buste de Titus, extrait au fur et à mesure d’un bloc de pierre, tandis que le rideau de scène, qui, en fin de compte, tombe trop souvent, constitue une œuvre d’art contemporaine à part entière. Les costumes, en revanche, évoquent l’époque de Mozart et les permanentes extravagantes des dames du chœur apportent de la dérision à ce sujet sérieux. La direction d’acteurs ne se distingue pas particulièrement : propre, nette, un peu terne, elle trouve un point d’équilibre idéal avec la musique. Il est temps maintenant d’imaginer une autre conception de l’ouvrage.


La distribution respecte la dialectique mozartienne mais, théâtralement, elle accuse quelques disparités. Le Tito de Saimir Pirgu, tout d’abord, peine à se démarquer. Acteur peu convaincant, le ténor albanais confère peu de personnalité à l’empereur qui n’existe pratiquement que par le chant : disposant d’un timbre séduisant, il clarifie l’émission, affine les phrasés, surveille le style. La Vitellia de Tamar Iveri n’imprègne pas la mémoire non plus. La soprano soude les registres et possède sans aucun doute une solide technique qui lui permet d’affronter les aigus sans faillir et d’apporter du corps aux graves mais le tempérament scénique vient à manquer. Hanna Esther Minutillo, qui endosse régulièrement des rôles de travesti, incarne Annio avec habileté mais elle se positionne trop en retrait. Le chant n’encourt aucun reproche particulier et le personnage affiche une élégance aristocratique. Maria Savastano apporte quant à elle de la fraîcheur à une Servilia savoureusement juvénile et talentueusement chantée.


La distribution convoque deux chanteurs qui avaient déjà participé à la reprise de 2011 : Bálint Szabó, qui parvient à exister en Publio bien que Mozart lui accorde bien peu d’attention, et, surtout, l’excellente Stéphanie d’Oustrac en Sesto, qui confirme son statut de grande chanteuse française du moment. La mezzo-soprano marque des points grâce à son engagement scénique, toujours naturel, jamais surjoué, et aux multiples vertus de son chant : phrasé impeccable, intonation irréprochable, attaques précises.


L’Orchestre de l’Opéra national de Paris tient son rang : cohésion entre les pupitres, minutie dans la mise en place, précision dans les interventions – les bois, notamment, se mettent magnifiquement en valeur. Tomás Netopil, qui ne s’autorise aucun écart de conduite, aère la texture et opte pour des tempi bien pensés : il lève le pied pour fignoler les détails et appuie sur l’accélérateur pour éviter que l’action ne s’enlise. Une formation sur instruments d’époque apporterait plus de verdeur, offrirait des traits plus acérés, mais ce Mozart tombant sans un pli procure malgré tout du plaisir. Préparés par Alessandro di Stefano, les choristes se tiennent convenablement tandis qu’au clavecin, Muriel Bérard insuffle suffisamment de vitalité aux récitatifs.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com