About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La nouvelle tradition

Geneva
Victoria Hall
11/28/2013 -  
Ludwig van Beethoven: Symphonies n° 2, opus 36, et n° 8, opus 93
Wolfgang Amadeus Mozart : Ah, lo previdi!... Ah, t'invola, K. 272

Chiara Skerath (soprano)
Orchestre révolutionnaire et romantique, Sir John Eliot Gardiner (direction)


C. Skerath (© Gerardo Garciacano)


Si une génération de mélomanes a appris les Symphonies de Beethoven, par l’intermédiaire des écoles d’un Furtwängler et d’un Toscanini, les générations actuelles se réfèrent plutôt à l’apport des musiciens formés aux canons du répertoire baroque. Les apports des ensembles à instruments anciens comme l’Orchestre révolutionnaire et romantique nous ont permis de prendre du recul par rapport aux textures trop chargées comme celles que pratiquait en son temps un Karajan et de réaliser qu’il est possible de respecter les tempi très rapides que demande Beethoven. Ceci explique que les choix esthétiques d’un Thielemann, malgré un talent indéniable, semblent bien anachroniques.


L’apport d’un Gardiner ne se limite pas au choix d’instruments anciens. Il suffit d’entendre la richesse harmonique de l’introduction de la Deuxième Symphonie, le dynamisme de la pulsation ou la qualité de ses phrasés pour réaliser à quel point il s’agit d’un musicien hors pair. L’Allegro con brio avance avec dynamisme et énergie. Les tutti sont puissants mais la clarté des textures permet d’apprécier le support que donnent les parties trémolos des seconds violons et des altos. Le Larghetto est plein de poésie et Gardiner nous rappelle que Beethoven, quand il le voulait, savait faire sourire sa musique. Très allégé, le Scherzo est plein d’allant. Enfin, si le souvenir de Haydn est proche dans l’Allegro molto final, Gardiner nous fait bien ressentir que l’ambition qui va habiter Beethoven dans sa prochaine symphonie est déjà présente.


Jouée en fin de programme, la Huitième Symphonie est également remarquable en tout point. Les cordes en boyau permettent de suivre la construction du fugato du premier mouvement avec naturel. On tremble un peu pour les cors naturels dans le Tempo di minuetto, mais la légèreté de leur dialogue avec violoncelles et contrebasses fait merveille. Les interventions des bois et en particulier d’une clarinette très chantante soulignent la qualité de cet ensemble d’exception.


Comme c’est la tradition dans les concerts Migros, une place était faite pour une soliste suisse, en la personne de la jeune soprano Chiara Skerath. Ce n’est pas toujours un exercice facile. Son intervention dans l’air de concert de Mozart Ah, lo previdi... Ah, t’invola est sympathique et révèle une technique solide, mais l’exercice de l’air de concert est un peu rigide et artificiel, l’orchestre n’a pas la même présence et le chef semble avoir la tête ailleurs.


Chef et musiciens récompensent leur public par le finale de la Première Symphonie de Beethoven, plein d’élégance et de passion. Celui-ci aura de quoi se réjouir puisque Gardiner sera de retour à Genève mi-janvier avec le London Symphony Orchestra dans un programme Schumann-Mendelssohn.



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com