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Un Fortunio anniversaire

Limoges
Opéra-Théâtre
11/10/2013 -  et 12* novembre 2013
André Messager : Fortunio

Christophe Berry (Fortunio), Amel Brahim-Djelloul (Jacqueline), Franck Leguérinel (Maître André), Alexandre Duhamel (Clavaroche), Christophe Gay (Landry), Martial Andrieu (Lieutenant d’Azincourt), Jean-Noël Cabrol (Lieutenant de Verbois), Yean-Ja Jung (Madelon), Georges Gautier (Maître Subtil), Edouard Portal (Guillaume), Elisabeth Jean (Gertrude)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de Limoges et du Limousin, Claude Schnitzler (direction musicale)
Emmanuelle Cordoliani (mise en scène), Emilie Roy (décors), Julie Scobeltzine (costumes), Vincent Muster (lumières)


C. Berry, A. Brahim-Djelloul (© Ville de Limoges/Laurent Lagarde)


L’Opéra de Limoges fête cette année son cinquantième anniversaire, et s’offre un parfum de nostalgie en reprogrammant Fortunio (1907) d’André Messager, l’ouvrage qui avait fait l’inauguration de la salle en 1963. A cette fragrance, Emmanuelle Cordoliani s’est manifestement montrée sensible en replaçant l’intrigue dans une sorte de comédie à la Jacques Demy, icône de cette époque auréolée d’une innocence que notre contemporanéité inquiète envie sans doute. Le résultat ne s’avère pas déplaisant, mais la bénédiction des Trente Glorieuses n’accroît guère le relief de deux premiers actes à la fluidité un brin volatile. Il faut attendre la seconde partie de soirée pour que l’émotion pointe réellement le bout de ses notes, en particulier dans la grande scène du héros éponyme ou l’air de Jacqueline, teinté de remords et de tendre mélancolie. Sans doute l’intensité de l’inspiration musicale rend-elle alors superflu le concept scénographique, lequel se simplifie pour épouser l’intrigue dans des éclairages nocturnes et poétiques.


Charmante, quoique moins «moderne» que Ciboulette – dont le livret est, en partie, également dû à Robert de Flers – l’œuvre est servie par un plateau francophone de bonne tenue. Dans le rôle-titre, Christophe Berry témoigne d’une fébrilité émouvante. La souplesse de la ligne et de l’émission pallie avantageusement une puissance calibrée. Toute frêle sonne également la sémillante Jacqueline d’Amel Brahim-Djelloul, au babil fruité et délicat qui fait triompher la raison du personnage sur celle des décibels. Franck Leguérinel, qui endosse le costume de Maître André, affirme une présence certaine, à la théâtralité incontestable. Admirablement sanguin, Alexandre Duhamel est tout à son affaire en Clavaroche, presque taillé à la mesure de son baryton robuste et équilibré. Il démontre une belle crédibilité dans ce rôle de soldat un rien hâbleur. Christophe Gay s’avère lui idéal en Landry un peu garnement, et négocie adroitement ses moyens pour une incarnation dans le pur esprit de l’opérette français.


Evoquons encore Martial Andrieu et Jean-Noël Cabrol, respectivement Lieutenants d’Azincourt et de Verbois, la Madelon de Yean-Ja Jung, Edouard Portal, Guillaume à la voix bien en chair, ou la Gertrude d’Elisabeth Jean. On ne pourra évidemment pas oublier Georges Gautier, qui en Maître Subtil distille un souvenir de sa longue carrière dans un répertoire qu’il servit à l’instar d’un Michel Sénéchal. On applaudit les chœurs de la maison, préparés par Jacques Maresch, et la direction de Claude Schnitzler, lequel, à la tête de l’Orchestre de Limoges et du Limousin, fait preuve d’une sensibilité toute bonhomme et bien réjouissante.



Gilles Charlassier

 

 

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