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Tout à fait Purcell

Madrid
Teatro Real
11/18/2013 -  
Henry Purcell: Dido and Aeneas

Simone Kermes (Dido), Núria Rial (Belinda), Dimitris Tiliakos (Aeneas), Marie McLaughlin, Nadine Koutcher, Olga Malgina (Les sorcières), Eleni Stamellou (Une femme), Victor Shapovalov (Un matelot), Valeria Safonova (Un Esprit)
Chœur de l’Opéra de Perm, Vitaly Polonsky (directeur du chœur), Orchestre de l’Opéra de Perm, Teodor Currentzis (direction musicale)


(© Javier del Real/Teatro Real)


A la veille de la dernière représentation de The Indian Queen, Teodor Currentzis, le Chœur et l’Orchestre de Perm font une variation sur Purcell et nous donnent une version tout a fait hétérodoxe du grand titre du compositeur pour le théâtre, Didon et Enée, un vrai opéra. Hétérodoxe? Soit, mais si l’on a à l’esprit l’état des partitions de l’époque, on peut admettre quelque liberté pour les réalisateurs dans l’instrumentation, c’est-à-dire, les couleurs; les tempi, voire les nuances.


C’était une mise en espace, une version de concert. Mais en voyant les violons et les altos debout, voire se mouvoir sur scène – tout comme Currentzis descendait du podium pour mieux battre la mesure tout près des instrumentistes, avec une intimité qui allait au-delà de l’amitié et devenait un peu danse –, parfois en train d’empêcher l’entrée d’un des personnages méchants (une belle violoniste essaye de gêner l’entrée de la sorcière en chef). La mise en espace privilège les lumières, et la théâtralité est sans cesse garantie par des petits trucs comme celui-ci, tout simple, mais efficace. Mais il y a aussi, hormis la version de l’original dont on ne connaît ni le lieu ni le moment de la première, ce qu’on peut appeler le zapateado – des coups de talons, c’est bien connu: les musiciens, et surtout Currentzis, battaient la mesure pendant les danses avec son zapateado plein d’enthousiasme, et cette hétérodoxie ajoutait de la vie au concert. Les transitions étaient assurées par des notes tenues et un jeu subtil de la corde pincée (ces instruments jouent un rôle important dans cette version; par exemple, dans le premier grand solo, grand air de Didon, «Ah, Belinda»).


Simone Kermes chante une Didon tout à fait intime, parfois une ligne trop intime pour un grand théâtre comme le Real. Mais la soprano allemande est une belcantiste de grande perfection et ses rôles montrent une versatilité de lyrico-légère, voire dramatique (Fiordiligi, Reine de la nuit, Cunégonde de Candide), qu’elle sait bien déployer dans sa création d’une Didon parfois bouleversante. Núria Rial lui répond avec une belle ligne de soprano spécialiste et bien installée dans le répertoire baroque – «baroque», pour simplifier, car elle va plus loin que cela. Le baryton grec Dimitris Tiliakos chante d’une façon très digne le rôle court mais pas aisé d’Enée. Attention aux voix des trois sorcières, dont les rôles sont un peu douteux du point de vue dramaturgique (mais c’était le temps où on prenait les sorcières au sérieux): la mamma capitana, ou sorcière en chef, Marie McLaughlin, bien connue au Teatro Real, fait un rôle magnifique d’une ligne un peu ambiguë; Nadine Outcher et Olga Malgina, de la compagnie de Perm, la soutiennent avec efficacité.


Il y a certes eu des désaccords au sein du public, mais personne ne niait ni la vitalité étonnante de Currentzis, ni le niveau des solistes et, d’une façon très concrète, le grand niveau (encore, comme dans The Indian Queen) du Chœur de Perm dirigé par Vitaly Polonsky (c’est avec eux, sous un nom à l’époque différent, que Currentzis a enregistré son Didon et Enée que, malheureusement, je n’ai jamais entendu auparavant).


Un beau concert, une belle mise en espace, ou mise en danse... Il y a des rapports très étroits entre ce Didon et Enée et la mise en scène de The Indian Queen par Sellars, avec la même équipe, dont il a déjà été question sur ce site (voir ici).



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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