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Griselda, ou une goutte d’eau dans l’opéra scarlattien

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/20/2000 -  
Alessandro Scarlatti : La Griselda
Veronica Cangemi (Griselda), Lawrence Zazzo (Gualtiero), Miah Persson (Costanza), Malena Ernman (Roberto), Artur Stefanowicz (Ottone), Daniel Kirch (Corrado)
Akademie für Alte Musik Berlin, René Jacobs (direction)


Un opéra, donc, d’Alessandro Scarlatti par... René Jacobs. Un opéra appartenant à... une nombreuse cohorte qui reste encore bien inconnue. Un des opéras, et on voit rarement la couleur des autres. René Jacobs continue donc, avec un égal bonheur, car cette Griselda en a des couleurs. Des couleurs amoureuses, pastorales, royales et morales, sorties d’un livret d’Apostolo Zeno. On y voit une petite bergère devenue épouse du roi Gualtiero, répudiée finalement à cause de l’opposition populaire. Mais cet éloignement, annoncé frontalement dès les premières minutes, n’est destiné qu’à éprouver la vertu de ladite bergère, une vertu « royale » qui pourra se révéler utile. Et c’est là où ce dramma per musica peut prendre un tour légèrement comique, Gualtiero en rajoutant dans le côté dur et méprisant pour voir si la belle est digne. La belle est ici Veronica Cangemi, parfaite d’expression, de ligne vocale et de présence - elle reprend sans démériter la noblesse qu’a dû déployer dans ce rôle Mirella Freni, en 1960 et 1970 (avec Bruno Moderna, puis Nino Sanzogno). Elle doit faire face à Ottone, second du roi, qui apparaît comme un sombre opportuniste sans dimension. L’histoire se double d’une autre qui s’enroule sur la première : Costanza, l’épouse royale de remplacement, est en réalité la fille de Griselda et Gualtierro, jadis éloignée. Elle est d’ailleurs elle-même aimée par l’enthousiaste Roberto. On connaît l’engagement théâtral et musical (avec sa vocalisation rageuse) de Malena Ernman déjà remarquée en juin dans le Nerone de l’Agrippina de Haendel. Une fois les épreuves passées, tout se noue et se renoue et Gualtierro exalte sa bergère, tandis que le méchant Ottone confie que la mésestime populaire pour Griselda n’était que le fait de son amour : il comptait bien s’accaparer cette proie rendue plus facile. Lieto fine avec la trompette virtuose de Johannes Rauterberg. L’ensemble des airs sont plutôt rapides, ce qui donne une bonne allure à cette magnifique partition variée et d’une grande finesse (René Jacobs met délicatement en avant ses nombreuses subtilités), qui compte d’impressionnants airs de fureur, et nombre d’ensembles, du duo au quatuor. L’orchestre, vrombissant à souhait, rendait justice à cet ouvrage tout à fait unique créé en privé au Théâtre Capranica de Rome en janvier 1721, avec une distribution entièrement masculine - dont les grands Antonio Bernacchi, et Giovanni Carestini. Notons également que pour de nombreuses oeuvres contemporaines, tout un contexte, une élaboration complexe sont requis, même si bien souvent, il ne se passe rien et ça ne « marche » pas. Au contraire, pour nombres d’opéras ‘baroques’ composés dans un cadre bien étroit (souvent très économe), fruit des circonstances extérieures et non du narcissisme de l’auteur, leur adaptabilité est étonnante. Sans mise en scène, il suffit d’un geste, d’un regard pour voir ce dont il est question et ses différents niveaux d’interprétation.


Ce concert sera retransmis sur France Musique le samedi 20 janvier 2001 à 19h30.



Frédéric Gabriel

 

 

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