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Peu de théâtre, beaucoup de musique

Lille
Opéra
10/03/2013 -  et 5, 8, 10, 13*, 16, 18, 21 octobre 2013
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor
Roman Burdenko (Lord Enrico Ashton), Rachele Gilmore (Lucia), Georgy Vasiliev (Sir Edgardo de Ravenswood), Philippe Talbot (Lord Arturo Bucklaw), Scott Conner (Raimondo Bidebent), Julie Pasturaud (Alisa), Enrico Casari (Normanno)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef du chœur), Orchestre de Picardie, Roberto Rizzi Brignoli (direction)
Stanislas Nordey (mise en scène), Emmanuel Clolus (scénographie), Stéphanie Daniel (lumières), Raoul Fernandez (costumes)


(© Frédéric Iovino)


Stanislas Nordey a proposé à l’Opéra de Lille il y a deux ans une Métamorphose déroutante. Le revoici pour une Lucia di Lammermoor (1835) moins perturbante mais dépourvue de substance théâtrale. Dans un dispositif scénique dépouillé et esthétique, les personnages peinent à s’incarner à cause d’une gestuelle stéréotypée – main sur le cœur, bras ouverts, héros qui s’agenouille, tout cela se voit partout et depuis une éternité. L’absence d’angle d’attaque original porte préjudice à cette mise en scène propre et lisse. Les costumes bleus des choristes, affublés de fraises et de perruques rousses, apportent du second degré mais brouillent les pistes de ce spectacle qui réserve néanmoins quelques belles images comme cette immense lune et ces minces troncs d’arbres suspendus dans les airs.


L’intérêt réside ailleurs. Le redoutable rôle-titre revient à Rachele Gilmore qui possède suffisamment de moyens pour l’affronter. Agile, bien posée, pleinement émise sur toute l’étendue de la tessiture, la voix ne rencontre aucune difficulté à se projeter. La soprano ne paraît pas atteindre ses limites dans une scène de la folie un peu trop sous contrôle mais prenante. Elle devrait revenir à ce personnage dans un spectacle plus vibrant afin de le creuser davantage. Georgy Vasiliev, qui ressemble un peu à Jonas Kaufmann, bénéficie d’un timbre qui s’est déjà signalé dans Iolanta à Metz en avril – son Edgardo a de la ligne, de l’éclat, de la consistance. Roman Burdenko se montre à la hauteur en Enrico dont il ne parvient pas pleinement révéler le caractère : malgré une voix sans attrait particulier, le chant, sans erreur de style, retient l’attention. Philippe Talbot, en charge d’Arturo, évolue avec aisance dans le bel canto dont il déjoue les pièges. Les rôles secondaires procurent eux aussi des satisfactions : Raimondo convaincant de Scott Conner, Alisa habitée de Julie Pasturaud, qui orne son chant de bien belle manière, Normanno correct d’Enrico Casari.


Solidement charpenté, le Chœur de l’Opéra de Lille accroît la valeur du plateau mais la palme de la meilleure prestation revient à Roberto Rizzi Brignoli, remarqué dans Macbeth en 2011, et à l’Orchestre de Picardie en grande forme. Le chef, qui aborde Lucia comme s’il s’agissait d’une œuvre aussi essentielle qu’une symphonie de Beethoven, obtient un fini instrumental, une maîtrise de la dynamique et des tempi ainsi qu’une sonorité d’ensemble admirables. Cette prestation décantée et précise constitue un véritable régal. La grande classe.


Le site de l’Opéra de Lille



Sébastien Foucart

 

 

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