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Une vraie « Folle journée »

Paris
Salle Pleyel
10/11/2013 -  et 29 novembre 2013 (Freiburg)
Wolfgang Amadeus Mozart: Le nozze de Figaro, K. 492

Pietro Spagnoli (Le Comte Almaviva), Rosemary Joshua (La Comtesse Almaviva), Sophie Karthäuser (Susanna), Konstantin Wolff (Figaro), Anett Fritsch (Cherubino), Isabelle Poulenard (Marcellina), Marcos Fink (Bartolo, Antonio), Thomas Walker (Basilio, Don Curzio), Lore Binon (Barberina)
Le jeune chœur de paris, Frank Markowitsch (chef de chœur), Freiburger Barockorchester, René Jacobs (direction)


(© Balmer & Dixon)


L’opéra en concert, ça ne pardonne pas. René Jacobs, de toute façon allergique au Regietheater, n’avait, lui, rien à craindre de ses Noces : du vrai théâtre en musique. Pas seulement parce que les chanteurs jouaient, s’appropriant tout l’espace libre de la scène, et jouaient même fort bien, totalement identifiés à leur personnage – on éteint les lumières pour le nocturne du quatrième acte. Parce que surtout il restitue le rythme de la « Folle journée », ne le laisse pas s’émousser un seul instant, toujours prêt à rebondir, sans s’alanguir dans les passages intimistes – l’alacrité des tempos peut d’ailleurs ici ou là fragiliser les voix. Les deux grands finales, souvent pierre d’achoppement des Noces, impressionnent par leur maîtrise. On pourra seulement parfois trouver le continuo, très inventif, plein de références ou d’anticipations, un peu envahissant malgré tout. Il reste que l’ensemble de Fribourg pâtit malheureusement de l’acoustique et des dimensions de Pleyel. Les arômes de l’orchestre se confondent trop, le pianoforte, très présent dans l’orchestre, est absorbé par la masse.


Les voix en pâtissent aussi, car elles sont le plus souvent modestes. Le joli filet de la délicieuse Suzanne de Sophie Karthäuser, par exemple, a du mal à passer la rampe – surtout qu’il s’agit d’un rôle beaucoup plus central qu’on ne le croit. Mais elle est exemplaire stylistiquement, à la différence de Konstantin Wolff, Figaro engorgé et pâlichon, qui ne peut compenser ses lacunes par son aisance scénique. Vocalement, le Comte à la fois prédateur et fragile de Pietro Spagnoli n’a rien à en craindre : jamais les emportements de la passion ou de la colère n’altèrent la ligne de chant et l’air du troisième acte constitue un modèle de tenue, achevé – chose si rare – sur d’impeccables vocalises.


Toute de franchise et de fraîcheur, Rosemary Joshua tranche sur la maturité sophistiquée de beaucoup de comtesses, mais séduit aussi par son naturel et sa musicalité, alors même que la rapidité de la direction ne favorise guère ses deux airs. Beau Chérubin d’Anett Fritsch, à la voix richement timbrée, qui tire le rôle vers le soprano – surtout avec les variantes ornées de la Romance. Comme de coutume, le troisième couple est constitué d’anciens, peinant du coup à imposer des voix usées ; au Bartolo charbonneux de Marcos Fink on préfère néanmoins la piquante Marcellina d’Isabelle Poulenard, même si elle s’empêtre dans les vocalises de son aria. Le chef, retient en effet les deux airs controversés du dernier acte, l’occasion pour le Basile tête à claques de Thomas Walker de montrer qu’il est un impeccable chanteur.


Une distribution inégale donc, mais l’ensemble l’emporte sur l’addition des parties, ce qui est, après tout, une caractéristique du buffa.


Ecouter le concert sur le site de France Musique



Didier van Moere

 

 

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