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Un barbier pendant une drôle de guerre

Madrid
Teatro Real
09/14/2013 -  et 14, 15, 17*, 18, 19, 21, 22, 23, 25, 26 septembre 2013
Gioacchino Rossini: Il barbiere di Siviglia

Dmitry Korchak (Almaviva), Mario Cassi (Figaro), Serena Malfi (Rosina), Bruno De Simone (Bartolo), Dmitry Ulianov (Basilio), Isaac Galán (Fiorello), Susana Cordón (Berta)
Coro titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta titular del Teatro Real (Orquesta sinfónica de Madrid), Tomás Hanus (direction musicale)
Emilio Sagi (mise en scène), Llorenç Corbella (décors), Renata Schussheim (costumes), Eduardo Bravo (lumières), Núria Castejón (chorégraphie)


S. Malfi, D. Korchak (© Javier del Real/Teatro Real)


La saison commence. L’opéra revient. En plein affaire Mortier, plein de petits mensonges un peu sinistres et assez sombres, la saison commence par un des titres les plus gais, Le Barbier de Séville, dans une mise en scène d’un homme de théâtre qui a fait de la joie et de l’esprit sa devise, Emilio Sagi. Ce n’est pas le moment de essayer de décrire la chute de la Grande Ecurie et la Chambre de Mortier, ce n’est pas le moment de démentir ou nuancer les versions si commodes et bien installées sur la nouvelle mais trop petite querelle des Bouffons, une lutte entre les réacs et philistins de la cour et le prophète immolé de la modernité impossible au moment de sa maladie. Et ce n’est pas le moment par respect pour les artistes qui ont inauguré la saison avec un Rossini plein de grâce.


La mise en scène de Sagi au Teatro Real est bien connue. On l’a vu dans le même théâtre, au moment de sa première, en 2005, puis notamment à Los Angeles et à Paris, et on peut la revoir cent fois en DVD chez Decca (Juan Diego Flórez, María Bayo, Pietro Spagnoli, Bruno Praticò, Ruggero Raimondi, sous la direction musicale de Gianluigi Gelmetti). On ne va pas insister sur les qualités, la joie expansive de la vision théâtrale d’Emilio Sagi, auteur aussi d’une production inoubliable des Noces de Figaro ou du... Chanteur de Mexico au Châtelet, même si son Figaro est «trop dansé». Malgré les quelques changements introduits entre-temps, il faut se limiter à la distribution de cette reprise, évidemment moins spectaculaire que celle de 2005, mais très adéquate et toujours au niveau du luxe de la mise en scène, des costumes et des décors. Ce n’est pas un Barbier pauvre ou de circonstances, il s’agit d’une production déjà connue, dont le retour n’est cependant pas capricieux, mais nécessaire. Et, attention, nous sommes dans une saison signée Mortier: un Rossini bien connu avant «l’au-delà de l’avant-garde», un opéra de Wolfgang Rihm, La Conquête du Mexique...



Le Russe Dmitry Korchak n’est pas ténor léger, il est surtout un ténor lyrique, mais puissant et bon acteur, une voix souple, peut-être moins appropriée pour le Rossini buffo que les voix qu’on y pense. Il a renouvelé devant le public du Teatro Real son succès dans le rôle d’Ernesto, il y a quelques mois, dans Don Pasquale. Serena Malfi, une très belle voix diaphane de mezzo, a participé à l’hommage à Teresa Berganza dont on a rendu compte ici juste avant l’été, et maintenant on la voit, espiègle, taquine, légère, très belcantiste, dans la même scène qui avait été choisie, entre autres, pour évoquer le répertoire de Teresa. Serena Malfi est une réussite en Rosina. Dans la mise en scène de Sagi on dirait que Figaro disparaît un peu, maintenant mais déjà aussi en 2005. Mais Mario Cassi sait s’en sortir et faire avancer, avec une belle voix en un sens de l’humour aiguisé, son barbier un peu patricien, un peu «collègue» d’Almaviva, pas trop «fils du peuple». Enfin, le quatuor des protagonistes bénéficie d’un atout avec Bruno De Simone, très efficace, une voix affirmée et comique pour un Bartolo très théâtral, bouffe, mais avec un grand sens de la mesure. Remarquable Dmitry Ulianov, presque à l’allure de jeune premier, sur les épaules duquel pesait le défi de faire oublier «La calunnia» et autres moments insurpassables de Raimondi. Il faut remarquer le sens comique, pleinement bouffe cette fois-ci, dans la belle voix de Susana Cordón.


Comme d’habitude, le chœur d’Andrès Máspero réussi pleinement, même si son rôle n’est pas très important dans Le Barbier de Séville. Le maestro concertatore Tomás Hanus a été souple, agile, et a réussi largement dans les riches concertanti de cette partition qui abondant en ensembles. L’intelligence entre ensemble, maestro et solistes a créé ce «petit» miracle – petit? – tellement indispensable au Barbier.


Que va-t-il arriver au Teatro Real? Mortier a essayé d’imposer un successeur, et il a déclaré à la presse qu’il ne voulait pas continuer si son successeur n’était pas «suggéré» par lui. Mais son successeur n’est pas un conservateur, un réac. Il s’agit de Joan Matabosch, l’homme qui a hissé le Gran Teatre del Liceu de Barcelone dans le club des plus importantes scènes du monde. Tout comme Antonio Moral l’avait fait avec le Teatro Real, avant Mortier.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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