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Folle journée plus visuelle que musicale

Geneva
Grand Théâtre
09/09/2013 -  et 11, 13*, 15, 17, 19 septembre 2013
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492
Bruno Taddia/Tommi Hakala*/Aris Argiris (Le Comte Almaviva), Malin Byström (La Comtesse Almaviva), David Bižic (Figaro), Nataliya Kovalova (Susanna), Maria Kataeva (Cherubino), Christophoros Stamboglis (Bartolo), Marta Marquez (Marcellina), Raul Gimenez (Don Basilio), Elisa Cenni (Barberina), Piet Vansichen (Antonio), Fabrice Farina (Don Curzio), Victoria Martynenko, Johanna Rittiner-Sermier (Deux paysannes)

Chœur du Grand Théâtre de Genève. Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Stefan Soltesz (direction musicale)
Guy Joosten (mise en scène), Victoria Pfortmüller (assistante à la mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Karin Seydtle (costumes), Benny Ball (lumières)


(© GTG/Vincent Lepresle)


Tobias Richter s’est avancé sur la scène du Grand Théâtre de Genève, un large sourire aux lèvres. Visiblement, le directeur ne venait pas ce soir communiquer une mauvaise nouvelle. Micro à la main, il a fait part au public de son soulagement après des heures de recherches intensives et de tension : au lendemain soir de la première des Noces de Figaro, le spectacle d’ouverture de la saison 2013-2014, Bruno Taddia, qui interprétait le rôle du Comte, a fait une mauvaise chute dans les rues de Genève, avec pour résultat une fracture ouverte nécessitant une opération immédiate. Les autres représentations semblaient dès lors compromises, avant d’être sauvées par l’arrivée in extremis (l’après-midi de la deuxième) du baryton finlandais Tommi Hakala. Les deux dernières représentations auraient dû être assurées par un remplaçant de luxe en la personne de Ludovic Tézier. Malade, le chanteur français cédera finalement la place à Aris Argiris.


Pour ces Noces de Figaro, le Grand Théâtre de Genève a choisi de remonter la célèbre production du Vlaamse Opera d’Anvers conçue en 1995 par Guy Joosten. Le metteur en scène est venu en personne régler la reprise de son spectacle, une version très classique et respectueuse du chef-d’œuvre de Mozart. L’action se déroule dans une immense verrière, qui laisse apercevoir les allées et venues des personnages à l’extérieur. Des plantes et des pots sont posés un peu partout, allusion à la chute de Chérubin et à celle (inventée par lui) de Figaro. Dans cette grande pièce close, les personnages s’épient, se cherchent et se jaugent, d’où le clin d’œil prenant la forme de deux détectives façon Dupond-Dupont. Au IIIe acte, les perspectives s’allongent et se rétrécissent, signe du temps qui passe. Au dernier acte, la serre se brise pour laisser apparaître un arbre géant, préfigurant le basculement à venir. La direction d’acteurs est réglée au millimètre, chaque personnage est finement caractérisé et tout est parfaitement fluide. Un travail d’orfèvre et d’une grande lisibilité, qui met l’accent sur les relations entre les personnages davantage que sur les considérations sociopolitiques, avec de surcroît une bonne dose d’humour.


Dommage seulement que la partie musicale ne soit pas à la hauteur. Dès les premières notes de l’Ouverture, on se dit pourtant que la folle journée imaginée par Beaumarchais commence bien, l’Orchestre de la Suisse Romande se faisant éclatant, léger et aérien sous la baguette de Stefan Soltesz. Las, il faut ensuite vite déchanter, tant la musique paraît en retrait par rapport au tourbillon qui envahit le plateau, sans parler de plusieurs décalages.


Qui plus est, la distribution est très moyenne. Il convient cependant de signaler que trois des chanteurs prévus initialement se sont retirés successivement avant le début des représentations, obligeant la direction à engager des remplaçants en dernière minute. La Susanna de Nataliya Kovalova est manifestement une erreur de distribution : si l’interprète séduit par son indéniable présence scénique, son timbre dur et métallique, ses stridences ainsi que sa diction pâteuse gâchent tout plaisir à l’écouter. Très prudente dans son premier air, Malin Byström s’épanouit davantage dans le second (« Dove sono i bei momenti »), son timbre magnifique faisant d’elle une comtesse de grande classe, malgré quelques duretés dans la voix et un manque de sensualité. David Bižic campe un Figaro à la diction parfaite et à la belle voix saine et profonde, mais sa projection limitée est à l’image de son personnage plutôt terne, manifestement ce n’est pas lui qui tire les ficelles ici. Parmi les seconds rôles, on admire le Chérubin fin et espiègle, quoiqu’un peu scolaire, de Maria Kataeva, la Barberina émouvante d’Elisa Cenni ainsi que la Marcellina pétulante de Marta Marquez.



Claudio Poloni

 

 

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