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Ilya le Sage

Gijon
Teatro Jovellanos
08/22/2013 -  
Claude Debussy : Suite bergamasque: «Clair de lune» – Préludes (Livre II)
Franz Liszt : Consolation en ré bémol majeur, S. 172 n° 3 – Sonate en si mineur, S. 178

Ilya Itin (piano)




Le quatorzième festival international annuel de piano Jesús González Alonso de Gijón, dirigé par l’Asturien José Ramon Méndez, professeur à l’université de New York, consiste plus, comme les années précédentes, en une série de cours d’interprétation ouverte à de jeunes artistes internationaux qu’en des concerts ouverts au public, ce qui explique la couverture médiatique somme toute modeste qu’il obtient. Néanmoins, il y a quelques concerts ici ou là et, cette année, c’est l’occasion d’entendre un pianiste russe installé aux Etats-Unis, Ilya Itin (né en 1967).


Après quelques mots d’introduction du directeur du festival rappelant ses prochaines étapes et l’existence de son site pour en être pleinement informé, le pianiste russe débute son récital, intégralement joué de mémoire, sur un piano Steinway aux sons affreusement clinquants, par des pièces de Claude Debussy (1862-1918). Il y déploie un jeu froid, presque distant, voire professoral, mais toujours délicat et précis nonobstant quelques abus de pédale. Dans «Clair de lune», l’interprète retient un tempo assez lent tout en souffrant d’un manque de respiration mais les Préludes du livre II sont l’occasion pour lui de démontrer un réel sens des couleurs et une belle subtilité, à défaut de fantaisie. Si «La puerta del Vino» paraît s’ouvrir sur des steppes désolées et «"General Lavine" -eccentric-», censé être excentrique comme les «Feux d’artifice» finaux semblent bien sages, «Brouillards» et surtout «Les tierces alternées» sont exemplaires, tandis que les doigts de l’artiste ne font qu’effleurer, avec beaucoup de délicatesse, les touches dans «Feuilles mortes» ou «"Les fées sont d’exquises danseuses"».


Le pause permet de constater avec plaisir que le public, où on reconnaît Luis Vázquez del Fresno, entendu le 6 août à Oviedo, est largement composé de jeunes, compensant ainsi la présence habituelle des concerts de musique classique de ce côté de la côte cantabrique de l’Espagne l’été. Il est vrai que l’on dénombre cette année quelques cinquante-neuf jeunes pianistes, record depuis la création du festival. Ils avaient d’ailleurs défilé le jour même, lors d’un étonnant marathon de quatorze heures mené dans un modeste kiosque de la promenade de Begona, à quelques mètres du Théâtre Jovellanos de Gijón, malgré des conditions vraiment peu satisfaisantes (sonorisation, bruits d’enfants, cris de mouettes, manifestation de salariés de Liberbank...), à décourager les meilleures volontés. Lors de notre passage, un jeune Américain avait ainsi tenté d’interpréter, devant une assistance aussi modeste que distraite mais avec une fort belle technique, la Fantaisie bétique (1919) de Manuel de Falla (1876-1946), démontrant l’excellence du niveau des participants du festival.


En seconde partie, Ilya Itin interprète des œuvres de Franz Liszt (1811-1886). Après une lecture nullement vulgaire, mais presque froide, de la Troisième des Consolations (1850), il s’attaque à la redoutable Sonate en si mineur (1853). L’abus de pédale, le manque de mystère, de fantaisie et de respiration nuisent indéniablement à une interprétation techniquement dominée, quoique sans excès, quelques notes paraissant comme avalées, mais sans vision.


La petite forme semble mieux réussir à l’artiste puisqu’il offre en bis le Cinquième des Préludes de l’Opus 32 de Serge Rachmaninov (déjà entendu dans le même cadre du festival et les mêmes lieux l’an dernier sous les doigts d’Alessio Bax), avec une grande élégance, et Une tabatière à musique d’Anatole Liadov, boîte à musique d’un charme désarmant.


Le prochain concert du festival sera donné, malgré son acoustique très défavorable (voir ici), au Théâtre de l’Université Laboral de Gijón par Jue Wang le 25 août. On ne peut qu’y espérer une assistance aussi nombreuse que celle qui a réservé un accueil enthousiaste et revigorant à Ilya Itin. L’artiste comme le festival et ses organisateurs, dévoués et dynamiques, la mérite.


Le site du festival international de piano de Gijón
Le site d’Ilya Itin
Le site de José Ramon Méndez



Stéphane Guy

 

 

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