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Jeunesse et émotion

Prades
Eglise de Corneilla-de-Conflent
08/07/2013 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor à cordes n° 21 en ré majeur, K. 575
Georges Enesco : Octuor à cordes en ut majeur, opus 7

Irène Duval, Perceval Gilles (violon), Odon Girard (alto), Yovan Markovitch (violoncelle), Quatuor Girard: Hugues Girard, Agathe Girard (violon), Mayeul Girard (alto), Lucie Girard (violoncelle)


(© Festival Pablo Casals)


Sous le titre de «Rencontres», la soixante-et-unième édition du festival Pablo Casals propose, comme à sa bonne habitude, de se faire rencontrer les meilleures musiciens de chambre du moment, habitués comme nouveaux venus, gloires consacrées comme jeunes artistes en devenir. Toujours animée par Françoise Lethiec, épouse du directeur artistique de la manifestation catalane, Michel Lethiec, l’«Académie européenne de musique» continue, de son côté, de servir de tremplin aux talents de demain.


Si l’essentiel des concerts se déroule en la magnifique abbaye Saint-Michel de Cuxà, c’est dans la charmante église romane du village voisin de Corneilla-de-Conflent qu’avait lieu le concert du 7 août, dans l’après-midi. Il était intitulé «Générations Spedidam» (partenaire du festival Pablo Casals), du nom de la société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes qui participe au financement de plus de mille projets culturels chaque année.


La première partie du concert donne à entendre le Vingt-et-unième Quatuor de Mozart. Premier des trois Quatuors dits «Prussiens», il fut composé pour le roi Frédéric-Guillaume II: celui-ci étant violoncelliste amateur, Mozart réserva à l’instrument – ici le plus souvent utilisé dans sa tessiture aiguë – une place plus développée que de coutume. Deux ans plus tôt, en 1787, Haydn avait écrit pour le même souverain ses Quatuors de l’Opus 50, que Mozart connaissait certainement, et si les similitudes ne sont qu’occasionnelles, elles n’en sont pas moins flagrantes: comme Haydn, Mozart confie (par deux fois) au violoncelle l’exposé du thème en principe assuré par le premier violon. Face à une partition des plus difficiles, dans laquelle les quatre partenaires ne cessent de dialoguer et d’échanger leurs rôles, le Quatuor Girard, quatre frères et sœurs originaires d’Avignon, s’impose par la grâce et l’élégance qu’il parvient à insuffler au discours mozartien.


Disons-le d’emblée, l’Octuor d’Enesco, en seconde partie de programme, a été un vrai choc pour nous, tant l’émotion qui nous a gagné à l’écoute de cette œuvre-monde a été grandissante. Le violoncelliste chevronné Yovan Markovitch et trois jeunes musiciens (âgés de moins de 25 ans) particulièrement talentueux – Irène Duval et Perceval Gilles au violon, ainsi qu’Odon Girard à l’alto – viennent s’ajouter au Quatuor Girard. Composée en 1900, cette ample (et trop rare) partition – de trois quarts d’heure et d’un seul tenant – témoigne d’un modernisme très novateur (malgré sa coupe classique en quatre mouvements) et semble devoir beaucoup au Schönberg de La Nuit transfigurée (tout en annonçant le R. Strauss des Métamorphoses) ainsi qu’à la musique folklorique roumaine. Percutants dans l’étourdissante valse finale, les huit musiciens – avec une mention pour l’alto très engagé de Mayeul Girard – font également entendre un raffinement, une délicatesse et un lyrisme qui ont su conquérir, pour ne pas dire bouleverser, le public.


Un très beau moment de musique de chambre.


Le site du festival de Prades



Emmanuel Andrieu

 

 

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