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Le clavier pour tous

La Roque
Parc du château de Florans
07/28/2013 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concertos pour piano n° 15, K. 450, et n° 17, K. 453 – Symphonie n° 40, K. 550

Pierre-Laurent Aimard (piano)
Orchestre de chambre de Paris, Thomas Zehetmair (direction)




L’affiche de la trente-troisième édition du festival de La Roque d’Anthéron opte pour le rose fuchsia de la Manif pour tous – rien de délibéré ni de revendiqué, bien sûr, même si c’est ici une manifestation qui, depuis ses origines, milite en faveur du clavier pour tous. Du 20 juillet au 20 août, dans le parc du château de Florans mais aussi bien d’autres lieux du département et même du Vaucluse voisin, le clavier est célébré sous toutes ses formes. L’écurie Mirare du directeur artistique, René Martin, est fortement représentée, comme il se doit – Bar-Shai, Berezovsky, les sœurs Bizjak, Désert, Diluka, Hirose, Kadouch, Korobeinikov, Laloum, Neuburger, Pennetier, Pérez, Queffélec, Strosser, Zhu – mais pas seulement – Aimard, Angelich, Collard, Dalberto, Duchâble, Freire, Hamelin, Hough, les sœurs Labèque, Lugansky, Paik, Pletnev, Sokolov, Tharaud, Volodos.


Pour ceux dont l’appétit ne serait pas encore rassasié, il reste notamment une intégrale Beethoven par Abdel Rahman El Bacha, des artistes français trop discrets (Alice Ader, Hervé Billaut, Florent Boffard, Philippe Giusiano, Christian Ivaldi, Claire-Marie Le Guay, Pierre-Alain Volondat), une foule de jeunes pianistes, du clavecin (Bertrand Cuiller, Andreas Staier), de l’orgue, du jazz (Stefano Bollani, Thomas Ehnco, Yaron Herman, Jacky Terrasson) et des musiques électroniques (Francesco Tristano). En dehors du strict champ du clavier, la qualité ne le cède en rien: Barenboim (avec son Orchestre du divan occidental-oriental), (Renaud) Capuçon, Corboz, Kremer, le Trio Wanderer, les Quatuors Prazák et Modigliani, les chœurs les éléments et Vox clamantis en témoignent – même les orchestres se situent cette année à un rang plus élevé que de coutume (Lyon, Monte-Carlo).


Le clavier pour tous? Non seulement il y en a donc pour tous les goûts, mais les «ensembles en résidence» (deux trios avec piano, deux duos violoncelle et piano et un duo de piano) qui ont bénéficié des classes de maître de Désert, Ivaldi, Strosser et du Trio Wanderer donnent dix-sept concerts gratuits à La Roque d’Anthéron et dans les communes avoisinantes, de la Durance aux Alpilles.



P.-L. Aimard (© Marco Borggreve/Deutsche Grammophon)


Le parc conserve ses charmes appréciés – son cadre unique, sa conque assurant une acoustique dont certaines salles couvertes pourraient rêver – mais aussi ses aléas naturels: le temps est menaçant – les ponchos imperméables sont distribués à titre préventif mais il faudra finalement se contenter d’éclairs au loin à la sortie du concert et l’orage n’éclatera qu’à la fin de la nuit – et les cigales ne sont pas encore endormies lorsque Pierre-Laurent Aimard entre en scène pour interpréter deux des six concertos de l’exceptionnelle floraison mozartienne de 1784, le Quinzième et le Dix-septième.


Modérément chaleureux, très articulé, droit à défaut d’être sec ou raide, le jeu du pianiste français, affecté de menues scories sans doute imputables à la forte chaleur, ne peut être soupçonné de complaisance. Plus que la grâce de Mozart, on entendra donc l’humour de Haydn, notamment dans quelques échappées improvisées sur les points d’orgue (alors que les cadences conclusives proprement dites sont celles habituellement utilisées), mais l’Andante du Dix-septième n’en atteint pas moins une profondeur métaphysique.


S’il tient volontiers le rôle de chef dans ce même répertoire, que ce soit avec l’Orchestre de chambre d’Europe ou la Philharmonie de chambre allemande de Brême, Aimard est accompagné cette fois-ci de l’Orchestre de chambre (ex-Ensemble orchestral) de Paris sous la baguette de son chef principal et conseiller artistique depuis la saison passée, Thomas Zehetmair. La formation de la capitale a tourné la page de la direction anguleuse de John Nelson et a gagné en bonhomie sans pour autant offrir beaucoup de rondeur.


C’est ce que confirme, après l’entracte, la Quarantième Symphonie (1788), dans sa version avec clarinettes: nul ne pourra soupçonner le Salzbourgeois de ne pas connaître son Mozart, mais la rencontre entre le chef et l’orchestre ne semble pas encore pleinement aboutie. Les musiciens font preuve d’une volonté collective bienvenue à défaut d’une homogénéité individuelle, mais les équilibres entre pupitres laissent encore à désirer. Quant à Zehetmair, hormis un Andante allant mais placide, il ralentit systématiquement le tempo, dans les trois autres mouvements, pour l’énoncé du second thème (ou, dans le Menuet, pour le Trio): si son intention est probablement de mieux faire ressortir les contrastes, au demeurant déjà assez marqués en termes d’atmosphère, de tonalité et de rythme pour qu’il soit nécessaire de les accentuer davantage, il est dommage qu’il brise ainsi à chaque fois l’élan qu’il avait opportunément su insuffler.


Le site du festival de piano de La Roque d’Anthéron
Le site de Pierre-Laurent Aimard
Le site de l’Orchestre de chambre de Paris



Simon Corley

 

 

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