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Le Chostakovitch libéré de Vasily Petrenko

Paris
Salle Pleyel
06/14/2013 -  
Piotr Ilytch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35
Dmitri Chostakovitch : Symphonie n° 4, opus 43

Julia Fischer (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Vasily Petrenko (direction)


V. Petrenko (© Mark McNulty)


L’a-t-on assez entendu, ce Concerto pour violon de Tchaïkovski ? Julia Fischer et Vassily Petrenko ont réussi à corriger cette impression, parfois fondée, en le jouant autrement. Pas de surenchère dans le lyrisme romantique, comme si celui de la partition se suffisait à lui-même : une interprétation scrupuleusement nuancée, de la hauteur de vue et de jeu, un violon pensé et racé, impeccablement maîtrisé, un orchestre chambriste et acéré. Bref, tout le contraire d’une certaine tradition, pour nous rappeler plutôt la fascination de Tchaïkovski pour la grande forme. Cela n’enlève rien au mystère de la Canzonetta, dont les phrases sont remarquablement conduites par la violoniste, ni à la jubilation du Finale, dont les deux partenaires se refusent à débrailler le côté « populaire ». Pas vraiment de rupture, ainsi, avec les deux bis : le quatrième mouvement de la Sonate en sol mineur de Hindemith, d’une aisance souveraine dans la difficulté, la Sarabande en mineur de Bach, pleine de sobriété dans l’éloquence.


Trop difficile, la Quatrième Symphonie de Chostakovitch ? Trop sulfureuse pour plaire au maître du Kremlin et à ses affidés, surtout après la condamnation officielle de Lady Macbeth de Mzensk ? L’immense fresque, en tout cas, vous prend chaque fois à la gorge. Question de génération ? Ce n’est pas la dimension épique, parfois cauchemardesque, qu’exalte Vasily Petrenko, comme si la partition, aujourd’hui, pouvait presque devenir musique pure. La filiation mahlérienne, par exemple, qu’un Kondrachine soulignait à travers de douloureuses tensions, n’apparaît plus aussi forte, notamment dans le Moderato con moto central ou la Valse, jamais complaisante, de l’Allegro final. Frappe d’abord la fabuleuse maîtrise de cette machine que rien ne semble pouvoir arrêter, comme dans la fugue de l’Allegro poco moderato initial par exemple ; la décantation des lignes, de plus, allège la masse. Rien n’échappe à la vigilance du jeune chef russe, qui galvanise un Philhar’ des grands jours – remarquables solos, très nombreux dans cette Quatrième. Ainsi la partition retrouve-t-elle aussi toute son unité, pas toujours évidente avec d’autres, sans rien perdre de sa puissance. Le Pétersbourgeois Petrenko assume un héritage, mais librement – libérant, du coup, presque quatre-vingts ans après la composition dans l’URSS de Staline, plus de cinquante ans après la création dans celle de Khrouchtchev, Chostakovitch lui-même. En témoignent d’ailleurs, chez Naxos, les disques déjà parus de l’intégrale des Symphonies avec son Orchestre de Liverpool.



Didier van Moere

 

 

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