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Tamino et Pamina à la neige

Bordeaux
Grand-Théâtre
05/29/2013 -  et 30, 31 mai, 2, 4, 5*, 6, 7, 9, 10 juin 2013
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620

Sébastien Droy/Julien Behr* (Tamino), Brenda Rae/Melody Moore* (Pamina), Hrachuhi Bassenz/Olga Pudova* (La Reine de la nuit), Thomas Dolié/Florian Sempey* (Papageno), Wenwei Zhang (Sarastro), Laure Crumière (Papagena), Cyril Auvity (Monostatos), Eve Christophe-Fontana (Première Dame), Caroline Fèvre (Deuxième Dame), Gaëlle Mallada (Troisième Dame), Morgane Collomb (Premier Enfant), Laura Jarrell (Deuxième Enfant), Bridget Bevan (Troisième Enfant), Guillaume Antoine (L’Orateur)
Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, Martin Alexander (direction du chœur), Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Jurjen Hempel (direction musicale)
Laura Scozzi (mise en scène), Natacha Le Guen de Kerneizon (décors), Jean-Jacques Delmotte (costumes), Marie-Hélène Pinon (lumières), Stéphane Broc (vidéos), Olivier Sferlazza (chorégraphies)


(© Frédéric Desmesure)


Le moins que l’on puisse dire, c’est que la chorégraphe Laura Scozzi possède une imagination débordante, avec un univers décalé qui lui est propre, et que cela nous plaît. Depuis près d’un quart de siècle, on a vu des Flûte enchantée de toutes les couleurs, tant la marge de figuration, fatale quand on la porte à la scène, est grande dans une œuvre offrant une telle complexité de niveaux. Mais l’Italienne fait fi ici des références maçonniques et autres messages philosophiques pour ne s’attacher qu’au conte de fées (hors une réflexion sur les rapports de force hommes/femmes), avec son cortège d’humour, de clins d’œil et de légèreté. Scozzi transpose ainsi l’action dans une station de sports d’hiver des années 1970, choix qui peut paraître incongru, mais qui ne trahit pourtant jamais la musique de Mozart (et guère plus le livret de Schikaneder). On se souviendra ainsi avec beaucoup d’amusement de nombreuses scènes, comme celle qui voit les trois Génies apparaître sur le plateau au moyen d’un tire-fesses, avant de faire évader Pamina de la demeure de Sarastro par hélicoptère. Dans le même esprit bon enfant, la scène finale montre Sarastro et la Reine de la nuit s’envolant vers l’Egypte – quand on vous dit que le livret est respecté... – tandis que Tamino et Pamina organisent eux un barbecue géant sur une verte prairie... une fois la neige fondue!


Ce sentiment de vie émanant de la production est renforcé par la jeunesse de l’équipe. Bien que plutôt homogène, la distribution est cependant dominée par la soprano russe Olga Pudova qui, dans le rôle de la Reine de la nuit, fait preuve d’un incroyable aplomb, en alliant agilité dans la vocalise et réelle puissance dramatique. Tout aussi captivante la prestation du jeune Julien Behr, déjà (particulièrement) apprécié cette saison dans Così fan tutte à Nancy et dans La Veuve joyeuse à Avignon. Le ténor lyonnais chante un Tamino de grande classe, en prêtant au héros la magnifique musicalité, l’élégant phrasé et le superbe timbre qui sont les siens. On tombe d’un cran (et plutôt de deux) avec la Pamina de la soprano américaine Melody Moore, qui n’a ni la luminosité dans l’aigu, ni la beauté du phrasé nécessaires pour cet emploi: elle reste étrangère la soirée durant à la pureté vocale du personnage.


Enthousiasmant Figaro à Saint-Etienne en février dernier, Florian Sempey confirme qu’il est le baryton français à suivre: il incarne un Papageno débordant de sympathie, évoluant avec la même facilité dans le chant que dans les dialogues parlés. Le chanteur bordelais trouve en Laure Crumière une délicieuse Papagena, tandis que le ténor français Cyril Auvity, il y a quelques saisons Tamino à l’Opéra de Montpellier, convainc tout autant dans l’emploi de caractère qu’est Monostatos. La basse chinoise Wenwei Zhang (Sarastro) déploie un organe puissant, mais un rien pâteux. Curieux choix que de distribuer les Génies à trois jeunes chanteuses: nos oreilles sont aujourd’hui habituées à la sonorité de voix de garçons, surtout dans la scène du suicide de Pamina. Impeccables et pleines d’allant, en revanche, les trois Dames (Eve Christophe-Fontana, Caroline Fèvre, Gaëlle Mallada). Un mention, enfin, pour l’Orateur de Guillaume Antoine.


Le chef néerlandais Jurjen Hempel dirige avec fermeté, vigueur et sens de l’équilibre un Orchestre national Bordeaux Aquitaine bien disposé à son égard. Tout au plus pourrait-on lui reprocher de manquer parfois de solennité dans la scène des épreuves.



Emmanuel Andrieu

 

 

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