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Une rareté exhumée

Lausanne
Théâtre de Vevey
05/22/2013 -  et 12 (Biel), 17 (Soleure), 21 (Biel), 27 (Soleure), 30 (Biel) avril, 2 (Burgdorf), 12 (Biel), 23 (Soleure), 24, 28 (Biel), mai, 5, 7 (Soleure), 12, 14 (Biel) juin 2013
Niccolò Piccinni : La Cecchina
Rosa Elvira Sierra (La Marchesa Lucinda), Gregory Finch (Il Cavaliere Armidoro), William Lombardi (Il Marchese della Conchiglia), Raquel Camarinha (Cecchina), Daniela Brau (Sandrina), Monja Katharina Meissner (Paoluccia), Dzianis Yantsevich (Tagliaferro), Bojidar Vassilev (Mengotto)
Orchestre Symphonique Bienne, Harald Siegel (direction musicale)
Alexander von Pfeil (mise en scène), Piero Vinciguerra (décors et costumes)


(© Edouard Rieben)


Niccolò Piccinni est entré dans l’histoire de la musique, bien malgré lui, en raison de la querelle qui a divisé, à Paris, les Piccinnistes et les Gluckistes entre 1775 et 1780. Cette polémique esthétique a vu s’opposer les défenseurs de l'opéra français (Gluckistes) et les partisans de la musique italienne (Piccinnistes). Adversaires de l'esthétique gluckiste, les tenants de la musique italienne firent venir dans la capitale française le compositeur italien Piccinni, qu'ils estimaient à même de rivaliser avec Gluck. Malgré la lutte acharnée entre les défenseurs de chaque camp, les deux compositeurs, mis en rivalité par leurs partisans, s'admiraient profondément. Piccinni, de nature discrète et peu combative, fut d'ailleurs étranger à toute intrigue, ne songeant qu'à l'exercice de son art.


L’opéra La Cecchina a été composé en 1759, au début de la carrière de Piccinni, en Italie. D’après certaines sources, seuls dix-huit jours auraient été nécessaires au musicien pour mener à bien son travail. Le livret a été écrit par Carlo Goldoni, qui s’est basé sur sa propre comédie La Pamela ossia la virtù premiata, elle-même inspirée du roman épistolaire de Samuel Richardson Pamela or Virtue Rewarded. L’œuvre, créée à Rome, a connu un immense succès, avec des représentations un peu partout en Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, avant de tomber dans l’oubli. L’opéra narre un amour impossible entre un marquis et sa belle jardinière. Grâce à la révélation de la véritable origine de l’héroïne, la mésalliance est évitée et le mariage possible.


Il faut savoir gré au Théâtre de Bienne/Soleure d’avoir exhumé cette rareté, qui puise son inspiration dans la « commedia dell’arte ». L’institution suisse alémanique fonctionne selon le même principe que la plupart des théâtres municipaux allemands, proposant en alternance des opéras et des pièces de théâtre. Chaque saison, quelques productions lyriques sont accueillies, pour un soir, au Théâtre de Vevey, situé à une quinzaine de kilomètres de Lausanne. La mise en scène pleine d’humour, virevoltante et enlevée d’Alexander von Pfeil s’articule autour de l’obsession amoureuse et de l’infranchissable frontières des classes. L’intrigue est transposée au début du XXe siècle, à une époque donc où la hiérarchie entre maîtres et serviteurs, certes encore strictement en vigueur, commence pourtant à se lézarder. Le décor est formé d’une grande paroi blanche avec des portes et des fenêtres, un dispositif ingénieux qui permet aux personnages de se cacher, d’écouter sans être vus, d’intriguer ou de se retrouver dans l’une des grandes pièces de la maisonnée. L’équipe de jeunes chanteurs réunie sur le plateau a eu fort à faire pour venir à bout des difficultés de la partition, et seuls deux interprètes ont véritablement tiré leur épingle du jeu, Raquel Camarinha, Cecchina espiègle et enjouée, ainsi que Bojidar Vassilev, son prétendant grand seigneur, qui devra céder sa place au marquis. Dans la fosse, Harald Siegel a mené la comédie avec précision et différenciation, mais aussi avec vigueur et entrain, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Une exhumation parfaitement réussie !



Claudio Poloni

 

 

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