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Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/24/2013 -  et 26, 28 (Wien), 30 (Venezia) mai 2013
Richard Wagner : Der fliegende Holländer: Ouverture – Eine Faust-Ouvertüre – Rienzi: «Allmächt’ger Vater» et Ouverture – Lohengrin: Prélude de l’acte I et «In fernem Land» – Tannhäuser: «Inbrunst im Herzen» et Ouverture
Hans Werner Henze : Fraternité

Johan Botha (ténor)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction)


J. Botha


A trois jours près, ce concert célébrait la date exacte du bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, né donc un 22 mai, à Leipzig. La venue de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde, dans le cadre d’une brève tournée européenne (le même programme ayant en outre déjà été donné au Semperoper de Dresde le 21 mai avec Jonas Kaufmann), marquait là un véritable retour aux sources tant les liens entre Wagner et la «Venise du nord» sont étroits et intenses. C’est en effet à Dresde que le jeune Richard déménagea avec sa mère, dès 1814, après la mort brutale de son père. C’est à Dresde qu’il passa une longue partie de sa jeunesse, devenant à l’âge de neuf ans l’élève de la Kreuzschule. C’est à Dresde également qu’il vit Carl Maria von Weber diriger l’Orchestre de la Hofkapelle et il succède d’ailleurs au compositeur à la tête de l’orchestre en 1843. Surtout, c’est à Dresde qu’il vit la création de ses premiers opéras les plus emblématiques: Rienzi (octobre 1842), dont les six heures de musique enflammèrent le public et valurent à Wagner son premier triomphe («Le jour se lève», aurait-il déclaré à cette occasion), Le Vaisseau fantôme (janvier 1843) et, surtout, Tannhäuser (octobre 1845).


Rompu à ce répertoire qu’il possède véritablement dans ses gènes (Wagner lui-même n’avait-il pas conféré à l’orchestre le surnom de «harpe miraculeuse»?), l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde était ce soir dirigé par un autre grand familier du répertoire wagnérien en la personne de Christian Thielemann. Si ce chef, grand tenant de la tradition germanique, peut parfois être critiqué pour ses options ou l’appréhension de certaines œuvres, force est de constater que Richard Strauss, Anton Bruckner et Richard Wagner brillent presque toujours sous sa baguette. Thielemann, qui a dirigé l’Orchestre de la Staatskapelle pour la première fois lors d’un Gedenkkonzert en 2003, commémorant comme chaque année au mois de février la destruction de Dresde à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dont il est devenu le chef titulaire à la suite de Fabio Luisi, était donc ce soir en terrain connu, presque en terrain conquis.


Et c’est pourtant tout en douceur que débuta le concert par une superbe ouverture du Vaisseau fantôme. Usant pour une fois d’une gestique étonnamment sobre, Christian Thielemann aborde cette célébrissime page wagnérienne avec conviction, même si l’on peut parfois regretter un excès de sagesse, notamment après le solo du cor anglais. Pour autant, et même si ce sont habituellement les cuivres qui font la renommée de Dresde (cet orchestre qui brille «comme l’éclat du vieil or» pour reprendre la célèbre expression de Herbert von Karajan), ce sont là surtout les cordes que l’on admire, sous la houlette de la toute jeune Konzermeisterin Yuki Manuela Janke (née en 1986): quelle entrée des contrebasses!


Le fameux Prélude du premier acte de Lohengrin fit véritablement office de démonstration, même si le scintillement des premiers violons aurait pu être encore supérieur. La suite purement orchestrale du programme sera de la même veine: des sections de cordes fabuleuses, des cuivres triomphants (mais qui ne jouèrent jamais trop fort comme on pouvait éventuellement le craindre), des bois un brin en deçà (notamment la clarinette solo qui, entre autres, fut quelque peu vacillante dans l’Ouverture de Tannhäuser). La trop rarement jouée Faust-Ouverture (œuvre de jeunesse datant de 1830 mais plusieurs fois révisée par la suite) fut également un très beau moment, Thielemann faisant parfaitement sentir la parenté entre cette pièce et les ouvertures que pouvait également composer à la même époque Mendelssohn ou Schumann.


Que dire également de l’Ouverture de Rienzi où les sonorités dramatiques précèdent de peu les accents de fanfare que rehaussent les interventions de la caisse claire, des cymbales, du triangle et de la grosse caisse? Seule l’Ouverture de Tannhäuser fut quelque peu décevante, en raison notamment d’un tempo un brin trop allant, Thielemann retrouvant pour l’occasion certains de ses travers (exagération des traits, ralentis emphatiques pour mieux repartir, ...). Pour autant, quel spectateur n’a pas ressenti de frissons lors de l’entrée des cors?


Outre ces grandes pages orchestrales, les autres incursions wagnériennes étaient consacrées à des extraits chantés, dévolus à Johan Botha. Vieille connaissance de Thielemann, qui le dirigea dans le rôle de Siegmund lors du festival de Bayreuth en 2010 – il doit d’ailleurs reprendre ce rôle l’été prochain sous la baguette de Kirill Petrenko –, le ténor d’origine sud-africaine fut excellent. Sa voix chaude, ses talents de comédien, le lyrisme inhérent à son timbre firent merveille dans l’air «Allmächt’ger Vater» de Rienzi. Mais c’est surtout dans le poignant «In fernem Land» que Botha montra toute l’étendue de ses talents, dans ce passage si crucial de la troisième scène du troisième acte de Lohengrin, lorsque le chevalier inconnu révèle sa véritable identité au Roi et à l’assemblée réunis.


Avant les deux extraits de Tannhäuser, Christian Thielemann et l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde donnèrent une œuvre de Hans Werner Henze (1926-2012), Fraternité (1999), pièce d’une dizaine de minutes commandée par Kurt Masur et l’Orchestre philharmonique de New York. Se caractérisant par des échanges assez convenus entre les différents pupitres (cordes/cuivres, cordes/bois), cet «air pour orchestre» révèle surtout un certain immobilisme, tout en étant plutôt agréable à écouter. Une fois terminé le dernier accord de l’Ouverture de Tannhäuser, le public bénéficia d’un bis, joué dans un seul élan: le Prélude du troisième acte de Lohengrin, qui permit au pupitre de cors de conclure en beauté ce concert commémoratif.


Signalons enfin que Christian Thielemann et son orchestre seront de retour au Théâtre des Champs-Elysées le 12 mars 2014 pour un prometteur concert Liszt/Beethoven/Strauss.


Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde
Le site de Johan Botha



Sébastien Gauthier

 

 

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