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Du sens et du sang

Antwerp
Vlaamse Opera
03/26/2013 -  et 29, 31* mars, 3, 5 (Antwerpen), 12, 14 (Luxembourg), 20, 23, 26, 28 avril 2013 (Gent)
Richard Wagner : Parsifal
Zoran Todorovich (Parsifal), Susan Maclean (Kundry, Stimme aus der Höhe), Georg Zeppenfeld (Gurnemanz), Werner Van Mechelen (Amfortas), Robert Bork (Klingsor), Jaco Huijpen (Titurel), Mirella Hagen, Tineke Van Ingelgem, Marija Jokovic, An De Ridder, Anneke Luyten, Joëlle Charlier (Blumenmädchen), Vesselin Ivanov (Erster Gralsritter), Gevorg Grigoryan (Zweiter Gralsritter), Mirella Hagen (Erster Knappe), Marija Jokovic (Zweiter Knappe), Michael J. Scott (Dritter Knappe), Stephan Adriaens (Vierter Knappe)
Koor van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Symfonisch orkest van de Vlaamse Opera, Eliahu Inbal*/Daniel Inbal (direction)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Henrik Ahr (décor), Barbara Drosihn (costumes), Stefan Bolliger (éclairages)


(© Annemie Augustijns)


De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Au fil des saisons, le Vlaamse Opera s’impose parmi les maisons les plus innovantes : modernes, déconcertantes, parfois déplaisantes, comme cette Flûte enchantée revisitée par David Hermann, les productions, si elles ne convainquent pas toujours, ne laissent jamais indifférent. Les plus réfractaires pourraient reprocher à son intendant, Aviel Cahn, de se complaire dans le Regietheater, mais qu’importe pour autant que le spectacle ait du sens. Tatjana Gürbaca met en scène Parsifal (1882) dans un lieu clos entouré d’un mur circulaire blanc sur lequel ruissellent sur tout le long de minces filets de sang aux premier et deuxième actes. Moins sophistiquée et plus uniforme que celle de la Monnaie il y a deux ans, la scénographie s’avère visuellement remarquable.


Les costumes, blancs et pastel, suppriment toute référence chevaleresque et sacrée. Se présentant comme une éleveuse de bovins (bottes en caoutchouc et chemise ouverte), Kundry revient vêtue d’une robe sommaire. Dans sa chaise roulante, Gurnemanz se montre quant à lui plus élégant : veste et pantalon en velours. Les Filles-Fleurs, qui comptent parmi elles des femmes d’un certain âge, voire d’un âge certain, apparaissent en petite tenue mais elles ne restent guère longtemps ainsi puisqu’elles revêtent par la suite des robes de poupée aux couleurs écœurantes. Tatjana Gürbaca mélange en effet les générations. Au premier acte, des hommes et des femmes mesurent des enfants, dont l’un symbolise le cygne que Parsifal blesse mortellement, puis épongent leurs bras, leurs jambes et leurs pieds, comme si la visite médicale se prolongeait par une sorte de rituel. Soutenus par des personnes plus jeunes et vigoureuses, des seniors, dont Gurnemanz accompagné de Parsifal, forment ensuite une ronde, une des quelques belles images de ce spectacle singulier, parfois excessif mais en fin de compte cohérent.



(© Annemie Augustijns)


Le plateau compte quelques solides gosiers. Distribuer Zoran Todorovich en Parsifal s’avère toutefois peu judicieux puisque, paradoxalement, le ténor paraît plus âgé que Gurnemanz. Cette prise de rôle tardive, bien que vocalement assurée, convainc modérément à cause d’un timbre rêche et métallique qui reste affaire de goût et d’une tendance à confondre Parsifal et Mime. Susan Maclean, qui incarne avec incandescence une Kundry plus créature que femme, possède d’importants moyens vocaux utilisée à bon escient mais elle emporte l’adhésion avant tout grâce à son fort tempérament dramatique. Maculé de sang, tout entier dans sa souffrance, au risque de reléguer le chant à l’arrière-plan, l’Amfortas de Werner Van Mechelen provoque une juste ovation lors des saluts. La palme de la plus belle interprétation revient sans conteste à Georg Zeppenfeld qui signe un Gurnemanz de grande beauté. Disposant d’un timbre magnifique, la basse délivre un chant peaufiné et en relief qui, en outre, se déploie onctueusement sans qu’il doive forcer la ligne et atteindre ses limites. Il convient de mentionner le Klingsor bien sonnant de Robert Bork ainsi que Mirella Hagen, Tineke Van Ingelgem, Marija Jokovic, An De Ridder, Anneke Luyten et Joëlle Charlier en Filles-Fleurs pleines de malice et de fruité.


Eliahu Inbal, qui obtient de l’orchestre un niveau estimable (cordes denses et ductiles, bois précis et expressifs, cuivres nobles et éloquents), opte pour des tempi plutôt amples mais la pâte sonore, clairement structurée, peut se resserrer et s’affermir quand cela s’avère nécessaire. Les forte paraissent parfois comprimés mais cela peut s’expliquer par l’acoustique de cette salle de dimensions moyennes. Les chœurs livrent quant à eux une prestation convenable.



Sébastien Foucart

 

 

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