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L’ONL fait honneur à Ravel

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
01/24/2013 -  et 26* (Lyon), 29 (Paris) janvier 2013
Maurice Ravel : L’Heure espagnole – L’Enfant et les sortilèges
Isabellle Druet (Concepcion), Luca Lombardo (Torquemada), Marc Barrard (Ramiro), Nicolas Courjal (Don Inigo Gomez, Un Fauteuil, Un Arbre), Frédéric Antoun (Gonzalve), Hélène Hébrard (L’Enfant), Delphine Galou (Maman, La Tasse chinoise, La Libellule), Julie Pasturaud (La Bergère, La Chatte, L’Ecureuil, Un Pâtre), Annick Massis (Le Feu, La Princesse, Le Rossignol), Ingrid Perruche (La Chauve-Souris, La Chouette, Une Pastourelle), Marc Barrard (L’Horloge comtoise, Le Chat), Jean-Paul Fouchécourt (La Théière, L’Arithmétique, La Rainette)
Chœur Britten, Nicole Corti (chef de chœur), Maîtrise de l’Opéra national de Lyon, Karine Locatelli (chef de chœur), Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)


(© Bruno Amsellem)



La juxtaposition, au sein d’une même soirée (quand bien même en version de concert) des deux œuvres lyriques composées par Maurice Ravel n’apparaît pas comme allant de soi. L’Heure espagnole, comédie musicale en un acte sur un texte de Franc-Nohain, et L’Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique à l’onirisme «merveilleux» due à la plume de Colette, ne s’apparentent pas exactement au même genre et à la même veine... Pour défendre les deux ouvrages, l’Auditorium de Lyon a su réunir des artistes qui sont le fleuron du chant français. Tous ont en commun les trois principales qualités qu’il requiert: le «style français», la projection vocale et la clarté dans la diction.


Dans L’Heure espagnole, l’ambiance se veut réaliste, même si elle s’avère parfois quelque peu saugrenue. La belle Concepcion aspire à du concret; provocante et sensuelle, c’est bien elle qui mène la danse, même si l’histoire semble parfois lui échapper. Mais, roublarde, elle finit toujours par parvenir à ses fins. Les hommes ne sont guère ici que des pantins, manipulés par la rusée (et un «tantinet» nymphomane) horlogère. Musicalement, la partition de Ravel se révèle d’un prodigieux raffinement, aux motifs infinis (et parfois insolites), et étrangère à toute «espagnolade».


Isabelle Druet, bouillonnante Concepcion, prête au personnage son tempérament de feu, sa sensualité innée, son beau mezzo chaud et un abattage vocal qui fait particulièrement mouche dans son grand air «Oh, la pitoyable aventure». Elle mène à la baguette les trois compères qui lui servent d’amants, tous excellents dans leur rôles respectifs. L’attachant ténor Frédéric Antoun restitue au personnage de Gonzalve sa niaiserie, tout en lui apportant l’élégance naturelle de son chant, son art des pianissimi et son timbre séduisant en diable qui, dans son air «C’est le jardin du bonheur», offre une des principales satisfactions de la soirée. Le non moins sympathique Marc Barrard (Ramiro) campe un muletier plein de naïveté au début, plus entreprenant par la suite. La voix, admirablement nuancée, se pare de toutes sortes de couleurs, et la simplicité qu’il confère à son air «Voilà ce que j’appelle une femme charmante» est très touchante. Nicolas Courjal, dans le rôle de Don Inigo Gomez, se montre, lui, aussi hilarant qu’opiniâtre. La basse continue de subjuguer par son impressionnante projection, ses graves profonds et son articulation exemplaire. Enfin, Luca Lombardo (Torquemada) offre sa belle musicalité et son impeccable diction dans la partie du mari triplement cocu. Il donne beaucoup de poids à chacune de ses répliques, comme dans «Vous en aurez pour votre argent», où sourd la future vengeance de l’homme trompé.


Avec L’Enfant et les sortilèges, on bascule dans la fantasmagorie, le rêve éveillé... Dans le rôle de l’Enfant, la jeune soprano Hélène Hébrard, dotée d’un physique idéal, se révèle fort bien chantante et éminemment crédible. Elle délivre un poétique «Toi, le cœur de rose» avant un très émouvant appel final, comme adressé au public, le poignant «Maman!». Le timbre velouté et enveloppant de Delphine Galou convient parfaitement au personnage de Maman tandis que Jean-Paul Fouchécourt est aussi impayable dans le rôle de la Théière que dans celui de l’Arithmétique, tout en gratifiant l’auditoire de sa légendaire déclamation aristocratique. Les somptueux graves de Nicolas Courjal sont de nouveau un pur régal dans les rôles respectifs du Fauteuil puis de l’Arbre, Annick Massis étant, quant à elle, un véritable luxe, avec son timbre lumineux et diamantin, en Princesse puis en Rossignol. Des nombreux comprimari – on ne peut les citer tous –, nous retiendrons la jeune Julie Pasturaud (La Bergère, La Chatte…) qui semble promise à un bel avenir. Enfin, une mention toute spéciale pour une Maîtrise de l’Opéra de Lyon, impeccable de précision, magnifiquement préparée par Karine Locatelli.


Directeur musical de l’Orchestre national de Lyon, le chef américain Leonard Slatkin livre une direction irrésistible d’entrain et de vitalité, prodigieuse jusque dans les plus infimes détails, et très attentive aux chanteurs. Il faut dire qu’il est parfaitement secondé par des pupitres d’une irréprochable justesse et des solistes (flûte, clarinette) éblouissants. Notons, pour conclure, que les micros de Naxos étaient présents dans la salle, l’ONL poursuivant ainsi l’enregistrement de son intégrale Ravel.



Emmanuel Andrieu

 

 

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