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Piquante Lady messine

Metz
Opéra-Théâtre
12/22/2012 -  et 23, 26, 27, 31 décembre 2012
Frederick Loewe : My Fair Lady

Julie Fuchs (Eliza Doolittle), Jean-Louis Pichon (Henry Higgins), Georges Beller (Colonel Pickering), Matthieu Lécroart (Alfred Doolitle), Raphaël Brémard (Freddy), Catherine Alcover (Mrs Higgins), Marie-José Dolorian (Mrs Pearce), Sylvie Bichebois (Mrs Eynsford-Hill, Mrs Hopkins), Eric Mathurin (Jamie, Lord Boxington, Un cockney), Julien Belle (Harry, Un cockney, Un homme d’Oxton), Thomas Roediger (Un cockney), Patrice Moll (Karpathy), Alain Barth (George), Françoise Folschweiller-Loy (La Reine de Transylvanie), Yannick Adam (Un badaud)
Ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Laurence Bolsigner (direction du ballet), Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Jean-Pierre Aniorte (direction du chœur), Orchestre national de Lorraine, David T. Heusel (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène et scénographie), Dominique Burté (costumes), Elodie Vella et Jean-Charles Donnay (chorégraphie et danse), Patrice Villaume (lumières)


J. Fuchs


Suivant l’usage établi consistant à donner un ouvrage léger pour refermer l’année calendaire, l’Opéra-Théâtre de Metz a jeté son dévolu sur My Fair Lady, dans une coproduction avec l’Opéra-Théâtre d’Avignon où il sera programmé pour le prochain réveillon de la Saint-Sylvestre. Inspiré par la pièce de George Bernard Shaw, Pygmalion, l’opus de Frederick Loewe joue sur le pittoresque linguistique de l’original – l’accent cockney des bas-fonds londoniens. Pour autant, à l’instar de ce dernier, ce tableau sommaire des relations sociales ne prétend à aucune sociologie, et c’est cette frivolité intellectuelle, maniant les archétypes sans âge du savant misogyne, de la gouaille populaire et de la ruse féminine, qui fait toute la sapidité de cet inusable classique.


Plutôt qu’une restitution à la lettre, Paul-Emile Fourny et ses acolytes ont, à juste titre, préféré une adaptation en français, comblant ainsi un artificiel fossé entre le plateau et le public étranger au genre de la comédie musicale. Celui-ci ne fonctionne que si la complicité avec l’auditoire se fait sans médiation, et donc sans surtitre. La mise en scène et les solistes l’ont bien compris, s’autorisant quelques clins d’œil à la géographie locale, même si la greffe lorraine se heurte parfois à la fidélité visuelle au décorum de l’Angleterre victorienne.


Cependant, le spectacle ne se juge pas à l’aune de la cohérence intellectuelle. Sa dramaturgie repose sur les épaules des protagonistes, confiés à des acteurs consommés. Le large et familial public s’y retrouve au gré de ses prédilections. Le grand public reconnaît en Georges Beller un colonel Pickering docile et à la théâtralité télégénique. Les amateurs d’art dramatique et lyrique se réjouissent de la performance de l’ancien directeur de l’Opéra de Saint-Etienne. Jean-Louis Pichon évite tout excès de cabotinage: tout en se mouvant dans les limites de son caractère, il compose un Henry Higgins touchant, et affirme une admirable maîtrise du parler-chanter idiomatique de ce genre d’ouvrage. Les mélomanes, eux, se délectent de la composition de Julie Fuchs. La révélation lyrique des dernières Victoires de la musique exhibe une irrésistible féminité vocale, éclatante et moelleuse à la fois. La césure dans l’évolution du personnage d’Eliza Doolittle manque sans doute de réalisme – le livret n’est pas innocent – mais on ne peut que saluer un sens de la caractérisation éminemment pictural. Virtuose sur les planches autant que dans son ravissant gosier, elle se confirme comme une des jeunes valeurs de la scène lyrique.


L’on ne manquera pas d’apprécier le père, Alfred Doolittle, que Matthieu Lécroart campe aussi rustaud qu’attendu. Raphaël Brémard fait une sympathique apparition en Freddy, avec une voix au timbre impeccablement formaté. Catherine Alcover réserve une spirituelle Mrs Higgins tandis que l’on s’amuse de la germanité caricaturale de la Mrs Pearce jouée par Marie-José Dolorian. La galerie de personnages secondaires complète le tableau. On se saurait évidemment faire l’impasse sur les chorégraphies plus Broadway que nature mises au point par Elodie Vella et Jean-Charles Donnay et réalisées par les membres du ballet de l’Opéra-Théâtre de Metz. On saluera les chœurs préparés par Jean-Pierre Aniorte et la direction énergique de David T. Heusel à la tête de l’Orchestre national de Lorraine.


Peu importe la lettre, pourvu que l’on ait l’esprit; cela suffit à l’ivresse et à la réussite de cette production sans prétention.



Gilles Charlassier

 

 

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