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Don Giovanni chez lui

Prague
Théâtre des Etats
11/02/2012 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527
Jiri Hajek (Don Giovanni), Jan Stava (Leporello), Jana Srejma Kacirkova (Donna Anna), Martin Srejma (Don Ottavio), Roman Vocel (Le Commandeur), Alzbeta Polackova (Donna Elvira), Lukas Sladek (Masetto), Lenka Macikova (Zerlina)
Chœurs et Orchestre du Théâtre National de Prague, David Svec (direction musical)
SKUTR (Martin Kukucka & Lukas Trpisovsky) (mise en scène), Jakub Kopecky (décors), Linda Boraros (costumes), David Svec (direction)




Situé au cœur de la vieille ville de Prague le Théâtre des Etats peut s’enorgueillir d’une apparence peu modifiée par rapport à l’époque où Mozart s’y est lui-même produit, en particulier pour les créations de Don Giovanni et de La clemenza di Tito. Les façades se sont garnies d’escaliers et de galeries extérieures qui ne sont pas d’origine, la scène a vraisemblablement été modernisée mais la salle est restée pour l’essentiel intacte, avec ses boiseries gris-bleu sombre et or qui conservent au lieu un cachet d’authenticité inimitable.


Vivre dans ces murs une représentation mozartienne constitue évidemment un moment privilégié, et le Théâtre des Etats conserve en permanence à son répertoire les cinq « grands » opéras de Mozart, ce qui rend ce type d’occasion tout à fait accessible. Avec malheureusement pour corollaire la confortable routine de ces exécutions, assurées par un orchestre et une troupe qui ne semblent pas préoccupés d’accomplir quotidiennement des exploits. Créée à la fin du printemps 2012, cette mise en scène de Don Giovanni est récente mais n’échappe pas à un sentiment général d’improvisation dont il faut vite prendre son parti. L’affiche cite encore Thomas Netopil, directeur musical en titre qui a dû assurer quelques-unes des représentations initiales mais qui ne s’intéresse plus beaucoup au devenir de cette production, désormais confiée à des seconds couteaux. De toute façon, l’orchestre en petit effectif connaît son Mozart par cœur et ce soir-là la baguette peu interventionniste de David Svec se borne à donner les indications courantes voire à gérer de multiples incidents de parcours. Finalement peu importe que tel ou tel chanteur rate son entrée et rattrape une mesure plus loin, car le mot d’ordre reste à l’improvisation bien huilée, avec d’indéniables qualités mozartiennes à glaner ici ou là. Et, bien sûr, on joue ici la version originale, dite "de Prague". Cela va sans dire !


Distribution locale, où le très bon (une jolie Zerline de format international et une Anna qui ne manque pas ni d’ampleur ni de souplesse) voisine avec le médiocre (un Leporello approximatif et un Don Ottavio qui a vraisemblablement connu des soirées meilleures). Quant à la mise en scène, confiée à une équipe de jeunes trublions créatifs, elle a fait scandale lors de la première il y a quelques mois mais paraît relativement sage par rapport à ce que sont devenus nos standards européens du moment. On y relève quelques belles idées : un décor dépouillé tout blanc à transformations, malheureusement déjà en mauvais état de conservation, un jeu d’accessoires limité, des costumes originaux et quelques perruques extravagantes plutôt pertinentes. Quant aux provocations d’usage (dont l’importance délibérée donnée à la petite culotte rouge que Zerline s’empresse d’extraire de dessous sa robe dès qu’elle aperçoit Don Giovanni pour la première fois), elles paraissent sinon innocentes du moins non dépourvues de sens. On note aussi les aspects inquiétants de la scène finale, d’un surréalisme qui fleure bon son ambiance praguoise nocturne kafkaïenne. Bref, on ne perd pas sa soirée, même si l’on ne se situe pas ici au niveau de qualité attendu d’une métropole musicale.



Laurent Barthel

 

 

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