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Kát’a par Kupfer: une belle clôture

Brno
Théâtre Mahenovo
11/25/2012 -  
Leos Janácek: Kát’a Kabanová
Johani van Oostrum (Kát’a), Miranda van Kralingen (Kabanicha), Michael Baba (Tichon), Bernhard Berchtold (Boris), Stefanie Schaefer (Varvara), Elmar Gilbertsson (Vania), Henk van Heijnsbergen (Dikoj), Marjolein Bonnema (Glasha)
Orchestre de l’Opéra Janácek du Théâtre National de Brno, Stefan Veselka (direction musicale)
Harry Kupfer (mise en scène), Hans Schavernoch (décors), Yan Tax (costumes)


J. von Oostrum & B. Berchtold (© M. de Boer)


Kát’a Kabanová, dans la version de Harry Kupfer créée à l’Opera Zuid de Maastricht a été le spectacle de clôture du Festival Janácek de Brno. L’attente de ce spectacle fut à la hauteur de l’enjeu. Kupfer possède un esprit théâtral propre aux grands metteurs en scène, ceux qui n’ont pas besoin de faire dans l’« original », ou de mettre le texte sens dessus dessous ; ce texte-là est déjà assez profond, d’ailleurs, et toute proposition farceuse confinant au cirque serait mal venue. On peut dire que la coïncidence d’un spectacle mis en scène par Carsen et un autre de Kupfer a été une véritable « bénédiction » pour cette édition du Festival Janácek. Si Carsen, avec Makropoulos était à la recherche d’un sens non pas caché, mais inédit, pour rénover l’icône, Kupfer, lui, utilise les ressources habituelles pour sa pose sa Kát’a. Soulignons le décor en cyclorama, parfois diaphane, parfois oppressant, où se meut le conflit, parce que le décor est la vraie « maison » du drame, mais également une projection des fantasmes de la horde. Ce décor est parfois dépouillé et lumineux, suggérant les berges de la rivière, la lisière du bois, en dehors de l’atmosphère suffocante; tout à coup surchargé, avec la descente des cintres d’éléments oppressifs ou encore la présence menaçante de la famille avec le maigre mobilier de la maison, là, au centre de la campagne, de la rivière, de l’orage.


La direction d‘acteurs est rigoureuse et complète une distribution vocale excellente. Il y a, encore, la préparation au paroxysme dramatique au moyen de ressources interprétatives qui favorisent la vocalité, sans interventions d’autrui. C'est du théâtre chanté pur, avec tout ce dont a besoin un opéra dans son déroulement parcours d’une heure et demi. Tout est là, concis, intense, sans affectation.

De cela découle d’excellentes constructions des personnages et de leur interaction. Par exemple, la belle solution pour définir les rapports entre Kát’a et Varvara, plus subtils, moins violents et agités que ceux de Kát’a avec son pauvre mari, ou son pauvre amant, ou son épouvantable belle-mère. La domination des vieux (Kabanicha, Dikoj) est rendue encore plus louche par une suggestion lubrique, tout le contraire de la vive sensualité de Kát’a, écrasée d’ailleurs par le poids de la faute assumée. De petits détails rehaussent une mise en scène soignée et magistrale, soulignant la vérité du texte de Janácek dans une représentation crue.


La très jeune soprano sud-africaine Johanni Van Oostrum, très loin dans ce de Richard Strauss ou de Mozart (Maréchale, Comtesse, plutôt que soubrette), est une Kát’a d’une rare vérité vocale et dramatique, une voix dont le lyrisme s’épanouit en sinuosités pour atteindre le moment suprême du grand monologue traversé par le duo de l’adieu et la déception avec Boris. La réplique de la Néerlandaise Miranda van Kralingen en Kabanicha est nuancée par la figure matriarcale et pas seulement despotique ; la voix est plus belle que jolie, plongée dans une espèce d’hystérie dramatique des mœurs. Bernhard Berchtold est un très bon Boris, convaincant, accablé très tardivement, mais de façon inexorable, par sa faiblesse, la voix est belle, lyrique, vaillante, il n’est pas le jeune perdant dès le début comme s’est souvent le cas dans d’autres productions de cet opéra. De même pour Michael Baba : son Tichon Kabanov évolue mais sa rébellion reste dessinée dans la dernière scène. La mezzo-soprano allemande Stefanie Schaefer à une voix séduisante (Rosina, Cherubino, Hänsel) et sa Varvara est pleine de douceur et d’énergie.


Si la production venait de Maastricht, l’orchestre est celui de l’Opéra Janácek, une phalange en pleine forme avec le jeune maestro Stefan Veselka, norvégien de parents tchèques, pianiste et également directeur musical. Il assure, avec ses musiciens, la continuité et le sens complet de cette Kát’a, beauté fatale et émouvante. Une belle réussite d’équipe.


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Santiago Martín Bermúdez

 

 

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