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Touchant, pittoresque et humain

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/17/2012 -  et 20, 22, 25*, 27, 30 novembre, 2 décembre 2012
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci

José Cura (Turiddu, Canio, Pagliaccio), Marie Kalinine (Santuzza), Elia Fabbian (Alfio), Alexise Yerna (Lola), Mady Urbain (Mamma Lucia), Christian Waldner (Mascagni), Sofia Soloviy (Nedda, Colombina), Marco Danieli (Tonio, Taddeo), Philippe Rouillon (Leoncavallo), Enrico Casari (Beppe, Arlecchino), Gabriele Nani (Silvio), Alexei Gorbatchev (Primo contadino), Carmelo De Giosa (Secondo contadino)
Chœurs et Maîtrise de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
José Cura (mise en scène, décors), Fernand Ruiz (costumes), Olivier Wéry (lumières)


(© Jacky Croisier)


José Cura transpose Cavalleria rusticana (1890) et Paillasse (1892) dans un décor unique, une reconstitution de la rue Caminito dans le quartier La Boca de Buenos Aires qui abrite une importante communauté italienne. Cette scénographie chaleureuse et réussie s’autorise quelques libertés avec la réalité en incorporant une église, une place et la copie d’une fresque collective exposée dans le Parque Lezama de la capitale argentine. Les personnages de l’opéra de Mascagni réapparaissent dans celui de Leoncavallo : le serveur de l’établissement de Mamma Lucia, par exemple, n’est autre que Silvio qui meurt sous le coup de Canio – c’est elle qui prononce l’ultime phrase de Paillasse, «La commedia è finita!», à la place de Canio – tandis que surviennent de nouveau, mais comme figurants, Santuzza, enceinte, Lola et quantité d’autres personnages. Autre bonne idée : un comédien (Christian Waldner) et un chanteur (formidable Philippe Rouillon) personnifient respectivement Mascagni et Leoncavallo, auquel il revient, d’ailleurs, d’interpréter le Prologue à la place de Tonio. Tous deux observent à distance le drame qui se noue comme s’ils recherchaient matière à réflexion pour un prochain opéra – n’est-ce pas là justement l’essence du vérisme ? Un joueur de bandonéon prolonge l’atmosphère nocturne et nostalgique dans lequel baigne le quartier durant l’entracte. Ce spectacle touchant, pittoresque et humain repose sur un jeu d’acteur traditionnel mais adroit, sensible et toujours en situation.


José Cura ne ménage pas ses efforts puisqu’il endosse les rôles de Turiddu et Canio en plus de régler la mise en scène et de concevoir le décor. Le ténor argentin dispense un chant latin, viril mais plus expressif qu’élégant. Le public manifeste son enthousiasme à la suite de l’air de Canio «Recitar ! Mentre preso dal delirio» au point qu’une poignée de spectateurs réclament un bis que le chanteur n’accorde heureusement pas – n’exagérons rien. Entre la Santuzza de Marie Kalinine et la Nedda de Sofia Soloviy, le cœur balance en faveur de la première: voix plus séduisante, chant plus peaufiné, incarnation plus émouvante. Au sein d’une distribution de bon niveau, et dans laquelle personne ne se croit obliger de chanter plus fort que son voisin, émergent le Tonio de Marco Danieli, l’Alfio d’Elia Fabbian, le Beppe d’Enrico Casari ou encore le Silvio de Gabriele Nani. La dignité et la droiture de la Mamma Lucia de Mady Urbain ne s’oubliera pas de sitôt. Le chœur se montre égal à lui-même et ne présente aucune faille particulière. Sans sombrer dans le suave, le larmoyant et le tonitruant, Paolo Arrivabeni nuance le propos, conserve la tension et exalte le lyrisme de ces deux partitions en obtenant de l’orchestre une remarquable cohésion et des interventions solistes abouties. Une production grand public et digne de la réputation de l’Opéra royal de Wallonie.



Sébastien Foucart

 

 

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