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Potentiel imaginaire

Paris
Salle Pleyel
11/08/2012 -  
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 24 en ut mineur, K. 491
Karol Beffa : La Vie antérieure (création)
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps

Andreas Haefliger (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


A. Haefliger (© Marco Borggreve)


Au lendemain du violon de Christian Tetzlaff (voir ici), voici le piano d’Andreas Haefliger, également pour un concerto de Mozart. Mollesse et sonorité ouatée qui contaminent jusqu’aux pupitres de l’Orchestre de Paris, le célèbre Vingt-quatrième en ressort alourdi, ce dont nous n’avons plus l’habitude – mais un tel plomb a-t-il jamais été la norme? les Clara Haskil et Lili Kraus ne pourraient que prouver le contraire.


Tout l’intérêt de la soirée convergeait plutôt vers la création du second concerto pour piano de Karol Beffa, conjointement commandé par «Musique nouvelle en liberté» et l’Orchestre de Paris. Si à l’instar de Dutilleux (Tout un monde lointain pour violoncelle et orchestre) le titre en est emprunté à Baudelaire, et nonobstant les parentés suggérées dans le programme, on songe davantage à Ravel dans le chatoiement orchestral du premier mouvement – les trois parties se succèdent sans interruption. L’ivresse rythmique un rien motorique de la deuxième section s’enracine dans les inventions bartokiennes qui ont nourri tout un pan des recherches de Ligeti, que Beffa a longuement étudié: en se mettant dans les pas du maître – entre autres l’écriture pianistique – il en révèle la généalogie, d’ailleurs ouvertement revendiquée. En concluant sur un tempo lent et extatique, s’évanouissant dans des scintillements aigus, la partition tourne le dos aux rodomontades virtuoses appelées par le genre concerto au profit d’une poïétique qui emprunte entre autres à Berlioz et Mahler.


D’aucuns jugeront cette musique consonante et accessible par trop descriptive. Mais si la dimension programmatique est désormais prégnante dans la création musicale depuis deux siècles – laquelle ne pourrait-être utilisée comme accompagnement cinématographique, si tant est par ailleurs que l’exercice serait aussi facile que l’on voudrait le faire accroire – toutes les œuvres n’ont pas le même potentiel imaginaire. Cette Vie antérieure en possède indéniablement un qu’elle peut générer de manière autonome. Musique pour un film sans nul doute, mais bande sonore certainement pas. Le public, convaincu par ailleurs par une exécution soignée, ne s’y est pas trompé.


Le site d’Andreas Haefliger


Le concert en intégralité



Gilles Charlassier

 

 

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