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Une véritable rareté

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
11/08/2012 -  
Jean-Sébastien Bach : Cantate «O Ewigkeit, du Donnerwort», BWV 60: Choral «Es ist genug»
Alban Berg : Concerto pour violon «Dem Andenken eines Engels»
Alfred Bruneau : Requiem

Thomas Zehetmair (violon), Mireille Delunsch (soprano), Nora Gubisch (alto), Edgaras Montvidas (ténor), Jérôme Varnier (basse)
Vlaams radio koor, Chœurs et chœur d’enfants de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Ludovic Morlot (direction)


L. Morlot (© Gene Elling)


Depuis quelque temps, la Monnaie interprète un requiem aux alentours de la Toussaint. Le programme de ce rendez-vous annuel peut dérouter à l’image de celui de l’année passée, durant lequel furent exécutés Thrène à la mémoire d’Hiroshima de Penderecki, Light Sorrow de Kancheli et la Septième Symphonie de Chostakovitch. L’hommage aux morts peut en effet revêtir la forme d’une œuvre purement instrumentale, en l’occurrence un concerto pour violon dans le cas de Berg. Dans celui qu’il a composé en 1935 à la mémoire de Manon Gropius, fille d’Alma Mahler et Walter Gropius arrachée prématurément à la vie à l’âge de dix-huit ans, le compositeur cite le choral «Es ist genug» extrait de la Cantate «O Ewigkeit, du Donnerwort» (1723) de Bach.


Des choristes chantent cette courte page en coulisse alors que la salle Henry Le Bœuf, scène comprise, baigne dans une lumière tamisée, permettant d’installer un climat de recueillement propice au Concerto qui débute sans que le public s’autorise à applaudir préalablement. Thomas Zehetmair ne rencontre aucune difficulté particulière à tenir tête à un orchestre imposant mais si l’investissement du violoniste autrichien ne laisse planer aucun doute, comme le prouve une émotion palpable sur son visage lors des saluts, le résultat laisse une impression mitigée (traits approximatifs, sonorité granuleuse). Dirigé par Ludovic Morlot, qui en occupe le poste de directeur musical depuis le mois de janvier, l’Orchestre symphonique de la Monnaie paraît par moments indécis. Si les contrastes expressifs de l’œuvre s’imposent naturellement, l’insouciance et la grâce d’un côté, l’angoisse et la douleur de l’autre s’expriment imparfaitement. Quelques exemples: la saisissante rupture qu’impose le début du second mouvement n’éclate pas avec tout l’impact dramatique requis, la note tenue longuement par le violoniste à la toute fin manque de pureté céleste. Avec une telle musique, les yeux ne devraient pas rester secs. Thomas Zehetmair prend congé du public sans accorder un bis qui aurait en effet paru inconvenant.


Décidément, le Palazzetto Bru Zane prend sa mission à cœur. Le logo désormais bien connu du Centre de musique romantique française figure sur le programme de salle, et pour cause. Menant de front une activité de critique et de compositeur, Alfred Bruneau (1857-1934) a achevé son Requiem en 1886. Créé dix ans plus tard à Londres puis rapidement repris à Paris, l’ouvrage a sombré dans l’oubli. Cette œuvre de relative jeunesse découpée classiquement en neuf parties sollicite des moyens importants mais traditionnels: un orchestre de belle taille, enrichi de harpes et d’un orgue, un quatuor de solistes et un chœur conséquent constitué notamment d’enfants qui apportent une touche de fraîcheur bienvenue. Honnêtement inspiré mais de portée assez moyenne, en ce sens qu’il intéresse plus qu’il n’émeut, l’ouvrage se caractérise par un dessin harmonique et mélodique particulièrement net tandis que l’orchestration s’avère dans l’ensemble peu audacieuse bien que délicate par moments – de la musique française bien comme il faut.


Un disque à paraître prochainement chez Cyprès permettra de réentendre cet ouvrage dans de bonnes conditions puisque, hormis un orchestre soigné et concerné, les Chœurs de la Monnaie, renforcés par le Vlaams radio koor, s’y montrent inspirés tandis que Mireille Delunsch, Nora Gubisch, Edgaras Montvidas et Jérôme Varnier forment un quatuor équilibré et de haute tenue vocale. La Monnaie s’attaquera-t-il l’année prochaine au War Requiem de Britten dont le petit monde de la musique célèbrera sans aucun doute le centenaire de la naissance?


Quant au nouveau directeur musical, il se produira pour la première fois dans la fosse de la Monnaie du 14 au 25 avril dans la reprise du Pelléas et Mélisande de 2008 puis dans une nouvelle production de Così fan tutte à l’affiche du 23 mai au 23 juin.



Sébastien Foucart

 

 

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