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Premier degré

Toulon
Opéra
10/12/2012 -  et 14, 16*, 18 octobre 2012
George Bizet : Carmen
Varduhi Abrahamyan (Carmen), Calin Bratescu (Don José), Tatiana Lisnic (Micaëla), Alexander Vinogradov (Escamillo), Diana Higbee (Frasquita), Aurore Ugolin (Mercédès), Jean-Marie Delpas (Zuniga), Filip Bandzak (Moralès), Ivan Geissler (Le Dancaïre), Rémy Corazza (Remendado)
Chœur de l’Opéra de Toulon, Christophe Bernollin (chef des chœurs), Ballet de l’Opéra de Toulon, Erick Margouet (direction du ballet), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction musicale)
Jean-Philippe Delavault (mise en scène), Gerardo Trotti (décors), Llorena Corbella (costumes), Marc-Antoine Vellutini (lumières)


(© Opéra de Toulon/Réalisation Bexter)


Hasard de calendrier (et manque de concertation), les deux maisons voisines de Marseille et de Toulon ouvrent leur saison avec le titre le plus joué au monde: Carmen. Si la première importe une production de Toulouse (signée Nicolas Joel), placée sous le signe de la tragédie (voir ici), la seconde importe une production de Monte-Carlo (signée Jean-Philippe Delavault), qui privilégie, elle, la reproduction conventionnelle d’une Espagne de pacotille et multicolore, comme on pensait ne plus en voir.


Nous passerons donc très vite sur la proposition scénique, qui ne propose d’ailleurs pas grand-chose, hormis la succession de poncifs éculés: costumes étincelants pour les toreros, coiffes traditionnelles et éventails idoines pour les femmes, décors de carton-pâte représentant la place proprette d’un village andalou au I, ou des ruines antiques pour le II, le tout baigné dans des lumières soient blafardes, soient acidulées. Une direction d’acteurs au moins? Pas mieux! Les chanteurs sont laissés à leurs inégales ressources. Quant au traitement des masses chorales, il se résout le plus souvent à faire s’aligner les choristes par registre face à l’auditoire. Bref, rien de bien neuf sous le soleil d’Andalousie.


Dans le rôle de la sulfureuse cigarière, Varduhi Abrahamyan s’avère d’une beauté vocale surprenante, dotée d’une personnalité attirante, et d’une excellente prononciation du français. La mezzo arménienne offre également une voix sonore, à la superbe projection, aux graves appuyés, au médium charnu et au phrasé remarquable. Par ailleurs formidable comédienne, la chanteuse brille par son assurance et son aplomb scéniques. Une grande Carmen assurément!
Don José ne trouve pas en Calin Bratescu un ténor à la hauteur. S’il est crédible physiquement, le ténor roumain possède une voix plutôt grossière, à l’émission souvent instable ou brutalisée, et à la diction confuse. Pourtant, quand il le veut, il est capable de demi-teintes, comme le démontre son air du III, le célèbre «La fleur que tu m’avais jetée», qu’il conclue dans un magnifique diminuendo.


En Micaëla, la soprano moldave Tatiana Lisnic laissera un superbe souvenir, même si l’on peut préférer une voix plus large que la sienne dans cet emploi. En tout cas, la lumière de son timbre, la hauteur de son émission, son exemplaire phrasé et sa parfaite diction font d’elle l’autre révélation de la soirée. Si la basse russe Alexander Vinogradov fait valoir, dans le rôle d’Escamillo, une dégaine et une silhouette séduisantes, sa «grosse» voix typiquement slave ne fait pas le meilleur effet, le timbre s’avérant par ailleurs engorgé, l’intonation bien imprécise et le français exécrable.


Les personnages secondaires se tirent mieux d’affaire: Jean-Marie Delpas en Zuniga a le verbe haut, Filip Bandzak et le vétéran Rémy Corazza forment un impeccable duo vocal en Dancaïre et Remendado, alors que Diana Higbee et Aurore Ugolin réussissent la prouesse de créer, avec des moyens purement musicaux, des personnages contrastés et parfaitement cohérents. Les chœurs ont fait honneur à leur chef Christophe Bernollin, avec une mention spéciale pour le chœur d’enfants, à l’articulation et à l’intonation parfaites, mais que le programme de salle ne mentionne malheureusement pas!


Giuliano Carella aime Carmen; cela s’entend à chaque mesure. Après une Ouverture enlevée, le chef italien fait montre d’une battue plus retenue qui permet de faire luire de tous ses feux une orchestration qu’il est rare d’entendre détaillée avec autant de soin: le basson babillard accompagnant les deux contrebandiers à la fin du II ou la subtile plainte du cor anglais dans l’air de Micaëla ne sont que deux exemples où le maestro s’ingénie à faire entendre Bizet avec des oreilles neuves.



Emmanuel Andrieu

 

 

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