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Libertin Py

Paris
Palais Garnier
10/10/2012 -  et 12*, 16, 19, 22, 25, 28, 30 octobre
Igor Stravinsky : The Rake’s Progress
Scott Wilde (Trulove), Ekaterina Surina (Anne Trulove), Charles Castronovo (Tom Rakewell), Gidon Saks (Nick Shadow), Ursula Hesse von den Steinen (Mother Goose), Jane Henschel (Baba the Turk), Kim Begley (Sellem), Ugo Rabec (Keeper of the madhouse), Virginia Leva, Chae Wook lim (Voices from the crowd)
Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris, direction Jeffrey Tate
Olivier Py (mise en scène)


(© Opéra national de Paris/J.M. Lisse)



Quatre ans après, le Libertin revient à Garnier. On y reconnaît la patte d’Olivier Py, secondé par le fidèle Pierre André Witz pour décors et costumes, ses tics, diront les mauvaises langues. Néons aveuglants, échafaudages, machineries à découvert, foisonnement baroque, mise à nu des appétits de la chair jusqu’au sadomasochisme, mélange de bouffonneries et d’inguérissables souffrances : la virtuosité du metteur en scène se donne libre cours à travers cette parabole souvent en noir et blanc, où le héros – ou l’antihéros – se trouve perpétuellement, comme le spectateur, pris de vertige entre la fiction et la réalité, où l’initiation avortée sombre dans le refuge de la folie – le lit de l’asile est le même que celui du bordel. Ce n’est pas là la production la plus marquante du directeur du Festival d’Avignon, mais on sait qu’il remplaçait Luc Bondy qui avait déclaré forfait. Et l’ensemble fonctionne parfaitement, surtout lorsque l’histoire avance: si la scène du bordel de Mother Goose, par exemple, n’échappe pas à la facilité de la redite, celles du cimetière ou de l’asile, à la fois fortes et sobres, restent dans la mémoire. Loin du pastiche distancié, Py force l’œuvre, en dissèque les cruautés douloureuses.


En 2008, son travail trouvait un écho dans la direction d’Edward Gardner. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : Jeffrey Tate préfère le pastel à la pointe sèche, la douceur des contours aux arêtes vives, quitte à lisser la musique et à alanguir le rythme du spectacle. Les couleurs sont jolies, des détails sont savoureux, mais le théâtre pâtit, on s’ennuie vite et ferme. Ce néoclassicisme trop sage situe le chef à l’exact opposé de Stravinsky lui-même et de ses intentions. Heureusement, on chante bien. Le Nick de Gidon Saks, orchestrateur diabolique, au timbre mordant, de l’ascension et de la chute de sa victime, écrase un peu tout le monde de sa présence. Charles Castronovo incarne un Tom très stylé, avec une voix à la fois tendre et mâle, d’une fraîcheur naïve au début, d’une folie poignante au dernier acte. Bien assorti à l’Anne d’Ekaterina Surina, parfois un peu légère au début, surtout dans le médium, mais qui Progressivement s’affirme, jusqu’à une berceuse très pure. Impayable Jane Henschel, dont les restes de voix s’accommodent très bien des éclats de Baba, facétieux Sellem de Kim Begley.



Didier van Moere

 

 

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