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Un elixir servi sur un nouveau plateau

Lausanne
Opéra
10/05/2012 -  et 7, 10*, 12, 14 octobre 2012
Gaetano Donizetti: L’elisir d’amore
Olga Peretyatko (Adina), Stefan Pop (Nemorino), George Petean (Belcore), Lorenzo Regazzo (Dulcamara), Eva Fiechter (Giannetta)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Jesús López Cobos (direction musicale)
Adriano Sinivia (mise en scène), Antonio Palermo (assistant à la mise en scène), Cristian Taraborrelli (décors), Enzo Iorio (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Fabio Massimo Iaquone, Luca Attilii, Daniele Farinazzo (vidéos)


(© Marc Vanappelghem)


Après cinq longues saisons hors les murs, l’Opéra de Lausanne a enfin rouvert ses portes, avec une nouvelle production de L’Elixir d’amour. La rénovation du théâtre a été dictée par la vétusté des installations techniques et des locaux administratifs. La superficie de la scène et de la machinerie a été doublée et la fosse agrandie. La scène est désormais détrappable, avec de nombreux dégagements à cour et à jardin, et sa profondeur a été augmentée. En outre, une salle de répétition a été installée au même niveau que la scène, alors qu’auparavant les répétitions avaient lieu sur le plateau lui-même. Cet agrandissement permet à l’Opéra d’envisager des coproductions avec les théâtres les plus modernes sans avoir à redessiner les décors. La salle, quant à elle, qui avait été redécorée en 1992 par Pier Luigi Pizzi, n’a pas été touchée.


Pour cet Elixir d’amour de réouverture, le metteur en scène Adriano Sinivia a exploité à fond les nouvelles possibilités techniques offertes désormais par l’Opéra. Pour lui, l’ouvrage, «comme le veut le livret, se passe à la campagne, parmi les champs de blé. Mais au plus profond de ceux-ci, tout en bas, au ras du sol, vit toute une civilisation d’êtres minuscules, avec ses rituels, ses us et ses coutumes, récoltant et recyclant tout ce qu’elle peut trouver chez les Hommes ou ce qui a été abandonné par eux.» Adina et Nemorino chez les Mimiboys en quelque sorte! Si le propos peut paraître quelque peu tiré par les cheveux, il sert néanmoins de prétexte à des décors géants représentant la roue d’un tracteur, des épis de blé ou encore une boîte de conserve, ce qui permet au public de se rendre parfaitement compte de la profondeur et de la hauteur de la scène. La vidéo est aussi beaucoup utilisée, mais le projecteur fait beaucoup de bruit, des améliorations s’imposent. Qu’on adhère ou non au concept du metteur en scène, il n’en reste pas moins que le spectacle est frais, pétillant et enlevé, avec une caractérisation en profondeur de chaque personnage et une direction d’acteurs particulièrement soignée.


Dans la fosse, Jesús López Cobos retrouve l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Le chef est très attentif aux chanteurs et concentré sur l’équilibre entre les musiciens et les solistes. Sa lecture du chef d’œuvre de Donizetti est précise et nuancée, mais peut-être un peu trop sage, sans le brin de fantaisie attendu. Le plateau vocal est dominé par l’Adina d’Olga Peretyatko. Très bonne actrice, la soprano russe déborde d’énergie et démontre son agilité dans les vocalises, avec des aigus parfaitement assurés. Le ténor Stefan Pop, âgé de 25 ans seulement, a le physique pataud qui convient pour Nemorino. Si la voix n’est pas des plus séduisantes en soi, avec des aigus serrés et des voyelles très ouvertes, le chanteur réussit néanmoins à composer un personnage touchant, jouant sur sa maladresse et sa fragilité. On admire aussi le Belcore de George Petean, très drôle dans son personnage de sergent vaniteux et sot, et le Dulcamara de Lorenzo Regazzo, au chant sonore et impeccablement stylé. On ne pouvait rêver d’une plus belle réouverture pour l’Opéra de Lausanne.


Cette réouverture coïncide avec la parution d’un ouvrage rédigé par Jean-Pierre Pastori et superbement illustré, consacré à l’histoire du bâtiment, de sa construction en 1871 à nos jours. Eric Vigié, actuel directeur de l’Opéra, signe la préface, alors que Renée Auphan et Dominique Meier, anciens directeurs, évoquent leurs années lausannoises.




L’Opéra de Lausanne, une aventure théâtrale (Jean-Pierre Pastori, éditions Favre, 316 pages)



Claudio Poloni

 

 

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