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Vérisme français

Paris
Salle Pleyel
09/30/2012 -  
Jules Massenet : La Navarraise
David Alagna : Le Dernier Jour d’un condamné

Ainhoa Arteta (soprano), Karine Deshayes (mezzo), Roberto Alagna (ténor), Thomas Dear (basse), Nicolas Cavallier (baryton-basse), Marc Larcher (ténor), Rudi Fernandez-Cardenas (baryton)
Chœur Les Cris de Paris, Geoffrey Jourdain (chef du chœur), Orchestre national de France, Frédéric Chaslin (direction)


K. Deshayes (© Vincent Jacques)


Après Saint-Etienne, qui a proposé une version scénique de l’œuvre de Massenet au printemps dernier, Pleyel reprend cette Navarraise, bien évidement en version de concert, avec une affiche alléchante: Karine Deshayes dans le rôle d’Anita et Roberto Alagna dans celui d’Araquil. Peu jouée, nous devons la redécouverte de cette superbe partition, créée à Londres en 1894 par Emma Calvé, à Marylin Horne, qui l’enregistra au milieu des années 1970 pour CBS. L’histoire est typique du vérisme florissant en cette fin de XIXe siècle: en Biscaye, pendant l’une des guerres carlistes, la farouche Anita doit trouver deux mille duros pour convaincre le père d’Araquil de lui accorder la main de son fils. Pour ce faire, elle décide de braver le danger et d’aller assassiner le chef des armées ennemies, dans l’espoir de toucher une forte récompense. Son plan réussit, mais le stupide Araquil, la croyant infidèle, la repousse, avant de mourir sous le feu. Anita en perd la raison.


Grâce à son fort tempérament et à son chaud timbre de mezzo, la chanteuse française Karine Deshayes campe une Anita aussi volontaire que Carmen, personnage auquel Massenet a certainement pensé. On admire chez la chanteuse l’insolence des aigus ainsi que les magnifiques couleurs dont elle pare sa voix, notamment dans le très bel air «Mariez donc son cœur avec mon cœur!». On regrette en revanche une diction qui demeure perfectible. Face à elle, notre Roberto Alagna national tient la partie d’Araquil, rôle de ténor assez ingrat, dans la lignée de ces machos insensibles à l’univers féminin dont l’opéra, à cette époque, regorge. Il nous gratifie de son habituel timbre solaire, de sa prononciation à nulle autre pareille, et d’aigus qui ont retrouvé leur sûreté et leur éclat, après avoir posé quelque problème au ténor lors des Chorégies d’Orange en juillet dernier (dans le rôle de Calaf). Particulièrement réussi s’avère ainsi le plus bel air de l’ouvrage, «O bien aimée, pourquoi n’es-tu pas là?».


Quant au reste de l’équipe: Nicolas Cavallier est un luxe dans le rôle de Remigio, Thomas Dear s’avère un Garrido solide, Marc Larcher convainc dans la partie de Ramon, tandis que Rudi Fernandez-Cardenas (Bustamente) est, pour sa part, insuffisant en termes de volume et de projection. Frédéric Chaslin, à la direction vériste assez appropriée au climat de la partition, est placé à la tête d’un Orchestre national de France qui répond parfaitement à toutes ses impulsions, mais ayant tendance à couvrir les chanteurs.


Un regret cependant: pour une œuvre qui ne dépasse pas les cinquante minutes, pourquoi diable avoir supprimé le joli intermezzo qui ponctue l’œuvre...?


La seconde partie donnait à entendre l’opéra Le Dernier Jour d’un condamné, composé par David Alagna (frère de Roberto). Malgré toute notre bonne volonté initiale – et alors même que nous nous étions ennuyé ferme lors de la création de l’ouvrage au Théâtre des Champs-Elysées en 2007 –, nous avons finalement quitté la salle en cours de représentation, certains collègues ayant même quitté Pleyel après l’entracte, quand on en a vu d’autres s’assoupir assez rapidement. Malgré toute l’énergie dépensée par Alagna, qui défend bec et ongles l’ouvrage de son frère, tandis la soprano basque Ainhoa Arteta nous inflige un sabir incompréhensible, rien ne vient à aucun moment accrocher l’oreille, la partition se situant entre du (sous-)Puccini et de la (gentille) musique de film.


Le site de Karine Deshayes
Le site de Roberto Alagna
Le site de Frédéric Chaslin



Emmanuel Andrieu

 

 

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